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Une déferlante blues à la Rotonde avec Fred And The Healers

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Ce 20 septembre à la Rotonde du Botanique, c’était le retour aux affaires de Fred And The Healers, après une interruption de plus de 10 ans. Ce n’est pas un come-back, mais un vrai retour aux sources. L’un de nos meilleurs guitaristes de blues est de retour avec du nouveau matériel et un nouveau line-up. Fred a pris quelques années, s’est quelque peu assagi et a un peu grossi, mais quand notre gentil panda prend sa guitare, garez-vous, le blues est présent et la technique aussi. C’est l’un de nos meilleurs représentants de la scène blues et il est bourré de talent. La salle de la Rotonde est super sold out et cela fait plaisir de voir des fans de la première et de la deuxième heure et surtout quelques curieux et amoureux de bonne musique comme Daniel qui apprécie la musique. Manneke Michel est présent avec ses lunettes sur le bout de son nez et son humour ravageur.

Il est 20 heures 15, le public est au taquet, le petit frère Bertrand vient présenter le groupe qui va jouer ce soir. Fred arrive tout sourire, son instrument préféré en mains, vous aurez deviné, une guitare. Il va remercier le public et les amis présents, je vais vous dire que ce dernier avec son groupe va nous tenir en haleine pendant plus de deux heures avec une prestation soignée, de haut vol et intense en émotions. Le groupe est composé de Fred à la guitare et au chant, de Cédric Cornez à la basse et d’un vieux loup talentueux à la batterie en la personne de Nicolas Sand. Le décor est sobre, la richesse musicale et la qualité seront avec nous. On peut vous dire que dans la famille Lani, Papy a su inculquer très tôt à ses deux rejetons, le virus blues. Dès le berceau la tute nationale était remplacée par la guitare et les berceuses par une musique blues. Pas de problème, car les deux rejetons Lani en ont pris de la graine et sont plutôt doués, merci Papy. Papy Lani n’est pas le vieillard respectable avec une longue barbe se déplaçant en déambulateur (une tribune, quoi) mais une personne restée plutôt jeune et alerte portant la marque de fabrique Lani : une calvitie naissante et une paire de lunettes calée sur le nez qui derrière une basse vous en apprendrait chaque jour et il va nous le démontrer avec brio en deuxième partie de concert.

Le manche de la guitare bien calé, Fred va nous envoyer dans les oreilles un instrumental blues bien huileux “Grand Re-Opening”. Il enchaîne avec un petit nouveau “Doyle The Hunter” qui vous met du baume au coeur, c’est un morceau dont l’énergie vous rappelle certains titres d’anthologie, mais c’est du Fred nouveau très basique et rock à souhait. Fred, sans une petite pause, nous attaque avec un morceau extrait de l’album “Electerrified” sorti en 2001 : “Stayin’ Out”, la sauce est balancée en plein visage et ça fait du bien. Suit encore une petite perle “How You Do this” extrait de l’album “First” de 1997. Eh Fred, arrête avec ta guitare, tu vas t’envoler. C’est du lourd, mais le public de la Rotonde est debout (bien obligé, il n’y a plus un centimètre de libre). Moi, je suis assis au balcon avec quelques têtes grisonnantes mais rien à dire, les chaises avancent toutes seules, je ne savais pas que le blues à la sauce Lani pouvait produire cela. On respire deux secondes, Fred remercie et entame “Dreams”. Enfin un peu de douceur, Fred, tu sais m’indiquer le chemin du dancefloor, j’ai une soudaine envie de danser langoureusement, je ne vais pas demander cela à mon voisin de gauche, je vais en ramasser une dans le visage. Merci Yves, pas de claque, mais Fred là, tu m’en a calé une réelle dans la face, heureusement, celle-là n’est que musicale.

C’est fini la douceur, on repart dans le lourd bien ficelé avec une petite nouvelle “Scratch My Back”. Fred est là pour nous ensorceler avec son nouveau bébé qui sortira début 2014, on en bave déjà. Lui qui n’est pas un manchot de la guitare va continuer avec “The River Bed”. La guitare fait corps avec notre sympathique Panda, les notes sont balancées à tout va et accroche les tympans délicats et amoureux de la musique du Bayou. Bon en parlant de gentil panda, j’espère que tu ne m’en voudras pas Fred. Pairi Daiza en cherche un gentil, j’espère qu’ils ne vont pas t’enlever. Même trempe avec “Like A Leaf”, on ferme les yeux et on voyage dans la Louisiane profonde. Pour “Love Is A Lie”, les fourmis ne sont plus dans les jambes, elles sont parties. Retour en douceur avec “All Your Love”, un petit nouveau langoureux de derrière les fagots. Fred, tu es un génie. “New Blues”, tu es le nouveau blues qui peut s’exporter facilement. Fred, tu as du talent, mais tu es modeste.

Avec “Burning”, oui, on le sait, tu vas mettre le feu et cela fait déjà un bon moment qu’il est mis. Je vais appeler les pompiers. La sauce est prise depuis longtemps, avec “Remedy” c’est confirmé et ensuite avec “A Man For A Day”. Dans le civil Fred, si tu es un grand chef, tu reçois 5 étoiles. Pour le blues, non là je dis c’est chapeau, tu as dépassé les maîtres. On termine avec un cover de Junior Wells qui était présent sur l’album “First”, sorti en 1997, “Messin’ With The Kid”.

Après une heure dix, Fred, tu viens de nous mettre le cul à terre, ce n’est pas un come-back réussi, mais un nouvel envol vers les firmaments du blues. Qu’est-ce qui nous attend après un rappel de cinq minutes. Non pas deux chansons prévues sur la setlist en décalé, mais un second concert intense en émotions et teinté de rock’n’roll. Retour du maître et ses musiciens pour encore un petit nouveau “Failure”. On retourne dans un coin de rêve en Louisiane dans le Bayou, mais ici les alligators sont derrière vous. Pour “Parkin Rider”, Fred nous annonce un petit jeune qui est un grand complice qui nous dépasse tous de quelques têtes, c’est le petit der non erreur le petit frère Bertrand qui va nous ensorceler avec sa voix country. Là, on voyage au Texas et au Far West.

Pour “Rock This House”, on voit arriver un grand chauve barbu qui va se caler derrière les fûts, c’est notre ami Gerry Fievé qui a officié avec Fred et Bert dans Superslinger, précédent groupe à Fred Lani. Un second compère arrive en la personne de Papey Aka Papy Lani sans tribune, ni fioritures, mais armé d’une basse. Cela va groover sec sur scène, un moment particulier où on apprécie cette musique. “Drunken Boogie”, encore une nouvelle. Fred, tu nous fais un double cd, c’est pas possible. Il y a une grave maladie qui se propage dans la Rotonde, la morpionite. J’explique : cet insecte vous attaque le fond des chaussettes et le bas du dos, pas moyen de se gratter. Il vous reste une solution, sauter pour se débarrasser de la bête, mais c’est impossible. Avec “Best Thing”, cela sent la fin, mais le délice fut parfait. Fred avec tes musicos et tes invités, tu nous as calé un concert d’une rare intensité, l’humour et la chaleur étaient présents. Pendant deux heures, tu nous as charmés avec ton blues si particulier, ton son de guitare parfait. Ce n’est pas un retour ni un come-back, mais un nouvel envol.

Il nous revient pour un rappel, mais oui et avec “Watcha Wanna Doe”, extrait de l’excellent “Electerrified” sorti en 2001, assez généreux. Une toute dernière pour la route, “That’s Alright Mama”, un morceau d’anthologie.

Merci Fred, tu as été génial. Il sera en tournée dans notre plat-pays au Centre Culturel de Lessines et au Belvédère à Namur. Cassez votre tirelire s’il le faut, mais allez voir Fred And The Healers en concert, vous ne le regretterez pas. Nous avons dans notre pays, une mine d’artistes connus, reconnus et talentueux tels que Fred, Roland Van Campenhout, Steven De Bruyn, mais attention à la génération montante comme Reena Riot. Le blues a plein d’avenir prometteur et encore de très beaux jours devant lui. N’oublions surtout pas de signaler que Bertrand Lani sera en première partie de notre reine du blues, la toujours très charmante Beverly Jo Scott au Centre Culturel de Lessines, carrefour du blues et de la très bonne musique. Vous ne resterez pas insensible à l’accent très particulier de B.J. qui vous fait fondre comme un glaçon au soleil du Bayou.

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