Orphaned Land : la croisade pour la paix…
Après avoir assisté à leur prestation au PPM 2013, je n’ai pas pu résister à l’envie de revoir Orphaned Land, en tête d’affiche cette fois. Comme le groupe est actuellement en tournée dans toute l’Europe pour la promotion de son nouvel opus, c’était une occasion à ne pas manquer. Leur métal folk hybride aux sonorités orientales allait-il parvenir à tenir le public en haleine pendant un concert complet ? À mon arrivée au Splendid à Lille, la salle est encore relativement clairsemée alors que le groupe Klone monte sur scène en avant-programme. Ce quintet originaire de Poitiers s’était fait connaître à l’origine par une musique très death metal.
Ce côté s’est cependant atténué au fil du temps et le groupe s’oriente à présent vers un métal alternatif atmosphérique, dans lequel on retrouve l’influence de groupes comme Meshuggah. Mais quand on écoute Klone, l’élément le plus accrocheur est pour moi l’excellente voix de Yann Ligner. Les musiciens tirent eux aussi fort bien leur épingle du jeu et distillent une musique d’une grande richesse instrumentale. Aussi efficace en concert que sur leur dernier opus « The Dreamer’s Hideaway » sorti en 2012. Un groupe à suivre donc.
Alors que les roadies ont presque terminé de préparer la scène pour la tête d’affiche de la soirée, la tension monte d’un cran. Les premiers rangs sont occupés par des fans enthousiastes et impatients de retrouver leur groupe fétiche. Dès l’entrée en scène d’Orphaned Land, le ton est donné avec « Through Fire And Water » et « All Is One », extraits tous deux du nouvel opus « All is One » (2013) qui sera largement mis à l’honneur au cours de cette soirée. Soucieux de faire plaisir à tous ses fans, même les plus anciens, le groupe interprétera aussi des extraits de son album de 2010 (« The Never Ending Way Of Orwarrior ») et de ses albums antérieurs.
Aussitôt que retentissent les premières notes, on est pris par ce savant mélange de métal et de rythmes venus tout droit du Proche-Orient, qui donnent à la musique du groupe israélien cette couleur si particulière. Le dépaysement est total.
Entre les morceaux, une relation de connivence s’installe entre le groupe et son public. Le chanteur Kobi Farhi aura même droit à une déclaration d’amour d’une fan manifestement sous le charme. En l’observant sur scène, je me dis que son physique et ses postures lui donnent comme un air de Jésus, version métal. Il faut dire aussi qu’il n’hésite pas à prêcher la bonne parole et à transmettre – groupe engagé oblige – un message de paix et de fraternité basé sur l’idée que Juifs et Musulmans appartiennent à la même famille et qu’il ne faut pas juger l’autre sur la base de ses convictions religieuses. La pochette du cd participe d’ailleurs de cette vision œcuménique puisqu’elle marie la symbolique des trois religions monothéistes.
Le message pacifique est omniprésent, tant dans les paroles des titres de l’album ( « Who cares if you’re a Muslim or a Jew, The awakened ones are nothing but a few, And the one to make the difference now is you ») que dans la musique (on trouve sur le cd un chant en arabe de la chanteuse palestinienne Mira Awad).
Du côté musique, le métal d’Orphaned Land se caractérise sur scène par une batterie très présente (Matan Shmuely), une basse (Uri Zelha) qui décoiffe et une guitare (Chen Balbus) aux riffs heavy comme on les aime, auxquels viennent se mélanger des thèmes orientaux parfois ancestraux (Yossi Sassi différentes guitares, bouzouki, etc.). Ces mélodies chatoyantes aux rythmes virevoltants sont entrecoupées de moments d’émotion, notamment avec le titre Children qui parle des enfants pris dans la tourmente de la guerre.
Deux choses me frappent par rapport au PPM : il y a nettement moins d’effets de growls qu’avant et le groupe est venu sans danseuse orientale. Chacun appréciera ce qui lui manque le plus… Sur scène, le groupe bouge bien (la plupart des morceaux s’y prêtent parfaitement) et tout est bien en place. L’entente entre les musiciens est évidente. Un signe ne trompe pas: quand le groupe sort de scène avant les rappels, je me fais la réflexion que je n’ai pas une fois regardé ma montre. Trois derniers morceaux pour finir la soirée en beauté et oui, le groupe parvient à tenir son public en haleine pendant tout un concert! Même quand, comme moi, on n’est pas forcément très versé dans les musiques du monde.
Pour les fans purs et durs, voici la liste des morceaux joués à Lille :
- Through Fire And Water (All Is One – 2013)
- All Is One (All Is One – 2013)
- Barakah (The Never Ending Way Of Orwarrior – 2010)
- The Kiss of Babylon (The Sins) (Ararat – 2005)
- The Simple Man (All Is One – 2013)
- Brother (All Is One – 2013)
- Birth of the Three (The Unification) (Mabool – 2004)
- Olat Ha’tamid (The Never Ending Way Of Orwarrior – 2010)
- Let The Truce Be Known (All Is One – 2013)
- Sapari (The Never Ending Way Of Orwarrior – 2010)
- Children (All Is One – 2013)
- Ocean Land (The Revelation) (Mabool – 2004)
- El Meod Na’ala (El Norra Alila – 1996)
- Ya Benaye (All Is One – 2013)
- In Thy Never Ending Way (The Never Ending Way Of Orwarrior – 2010)
Rappels : - The Beloved’s Cry (Mabool – 2004)
- Norra el Norra (Entering the Ark) (Mabool – 2004)
- Ornaments of Gold (Sahara – 1994)
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Photos © 2013 Hugues Timmermans