Ane Brun et Tonbruket : le Grand Nord descend en douceur au Cirque Royal
Encore une très bonne soirée nordique au Cirque Royal par ce dimanche pluvieux et venteux avec la Norvégienne Ane Brun. En première partie, le groupe suédois Tonbruket qui va d’ailleurs jouer après avec Ane, avec en plus une choriste et un deuxième batteur. Le second balcon est condamné et la fosse est en mode assis, le public est bien présent pour ce concert de haut vol. La première partie de ce concert est le groupe suédois de jazz-rock Tonbruket, composé de Dan Berglund à la contrebasse, de Johan Lindström (guitare, pedal steel et piano), de Martin Hederos (piano et synthétiseur) et d’Andreas Werliin à la batterie. Le fondateur de Tonbruket, Dan Berglund, 48 ans, était le contrebassiste du trio suédois E.S.T., Esbjörn Svensson Trio, du nom du talentueux pianiste du même nom. Constitué par Svensson, Berglund et le batteur Magnus Öström, le groupe a connu un succès croissant à travers l’Europe entre 1993 et 2008, proposant une musique envoûtante, ouverte aux influences jazz, rock, classique et électro. Le 14 juin 2008, le pianiste a perdu la vie à 44 ans dans un accident de plongée sur une île de l’archipel de Stockholm. En 2010, les quatre musiciens ont sorti un premier album intitulé “Dan Berglund’s Tonbruket”, chez le label allemand ACT. Ils se sont chargés eux-mêmes des compositions, des arrangements et de la production. Le second opus “Dig It To The End” est sorti en 2011. Le dernier album sorti il y a peu est “Nubium Swintrip”. Pendant une demi-heure, le groupe va nous charmer avec son jazz rock progressif, on pourra voir que ce sont de sacrés musiciens. Ils vont nous préparer tout en douceur et non en force et puissance l’arrivée d’Ane Brun sur scène.
Ane Brun, de son vrai nom Ane Brunvoll, est née le 10 mars 1976. C’est une chanteuse auteur-compositeur norvégienne, originaire de Molde, qui vit maintenant en Suède. Elle a fondé son propre label DetErMine Records (ce qui en norvégien signifie : “Ce sont mes enregistrements”). Ane Brun vit à Stockholm depuis 2000. C’est là qu’elle débute ses enregistrements avec la chanteuse du groupe The Tiny, Ellekari Larsson. Son premier album “Spending Time With Morgan” reçut un bon accueil et fut distribué en Europe en 2003. Il fut sélectionné aux récompenses suédoises de la musique Manifest en 2003. Son deuxième album “A Temporary Dive” fut lancé en Europe en 2005. Après seulement trois semaines de distribution, il était déjà disque d’or en Norvège. En novembre 2005 sort “Duets”, composé de dix duos avec différents artistes. Trois autres albums suivront par la suite “Changing Of The Seasons” et “Sketches” en 2008, “It Stars With One” sort en 2011. Propre à ses origines scandinaves, c’est une musique tout en douceur et subtilité que nous offre Ane Brun. Plus de 10 ans que la Norvégienne est installée à Stockholm et qu’elle y puise son inspiration. Entre festivals, sorties d’albums, récompenses et de belles collaborations (Keren Ann, A-HA, Ellekari Larsson, Peter Gabriel), on peut dire qu’elle convainc toutes les personnes qui l’écoutent. Ane vit chaque morceau, son visage est tantôt grave, tantôt souriant. Elle danse, elle rayonne, elle parle à son public, cette artiste aime être sur scène et son public est aux anges. Ane aime les cordes et les cuivres. Ane possède une voix chaude et expressive, d’une grande sensibilité et son jeu de guitare est impressionnant de finesse et de précision.
“The Light From One” avec ses airs jazzy traîne une certaine mélancolie par une interprétation à fleur de peau et des arrangements atmosphériques. Il s’agit d’un extrait du dernier opus “It All Starts Will One” sorti en 2012. Le groupe de première partie est présent sur scène pour accompagner Ane qui s’est fait un look à la Emelie Sandé, un second batteur et une choriste accompagne en plus de Tonbruket. An nous ensorcèle avec sa voix particulière et très haute perchée accompagnée de sa guitare acoustique. On passe ensuite à “My Lover Will Go”, issu de l’album “A Tempory Dive” sorti en 2005. Ane est exceptionnelle avec sa gratte et ses riffs entraînants et avec cette voix inimitable, gonflée d’émotion et de générosité. La voix est un croisement entre Bjork, Sinead O’Connor et dans la douceur avec Agnès Obel. Pour la puissance et le mystère, elle me fait penser à Rebekka Karijord. On passe ensuite avec brio à “The Puzzle” qui est extrait du troisième opus de la belle dame, “Changing On The Seasons” sorti en 2008. Pour cette belle balade, Ane reprend sa guitare acoustique et nous en sort des sons mélodieux qu’elle accompagne seule de sa voix puissante. C’est pour moi le premier temps fort de ce concert. Ane occupe quasiment tout l’espace sonore de son timbre cristallin (qui rappelle parfois celui de Kate Bush) qui nous fait frissonner, la pedal steel accompagne très bien et les frissons s’installent dans le dos.
Pour “The Treehouse Song”, on a droit à de la douceur et un peu de mystère, c’est un accompagnement au voyage dans les fjords du Grand Nord. Le mystère continue avec “Song n°6”, mais cela s’anime un peu. Une seconde voix féminine (choriste) continue à vous inviter au voyage. Les percussions sont omniprésentes et cela amène une certaine puissance. Avec “Changing On The Seasons”, titre éponyme du même album, cette chanson est faite sur un velours d’arrangements où le piano et la guitare tiennent la corde, entourés de violons, violoncelle, cuivres, percussions et choeurs. Le public est conquis et se prend au jeu de la ritournelle. Sur “Lullaby For Grown-Ups”, avec l’accordéon, on s’enfonce dans une dans une bossa triste. La guitare acoustique d’Ane vous donne avec parcimonie une rythmique légèrement chaloupée.
“Temporary Dive” est un voyage intemporel dans les cieux nuageux du Grand Nord, la mélancolie est bien reflétée par la voix douce d’Ane Brun. Sur “To Let Myself Go”, la maîtresse des lieux fait un tabac avec sa voix et sa guitare acoustique. Ambiance très Bjork pour “This Voice”, la voix est magnifique. An signale au début que cette chanson plus ancienne a été remise à la sauce actuelle. On continue dans le mystère, les belles voix aériennes avec “Oh Love” et “Homming On Your Songs”. “Worship” est un morceau folk à l’ambiance pop / jazz ou se mêle douceur et musicalité. On sent la fin et “Do You Remember” sera la dernière chanson d’un concert qui nous a tenus en haleine. Ce morceau est très puissant de par les percussions et la voix puissante d’Ane, cela va faire un tabac et la salle va se lever pour danser et participer à la fiesta. La voix d’Ane est très belle, celle de sa choriste également. Il faut également signaler que les musiciens qui accompagnaient Ane étaient excellents. Un bref instant et Ane revient pour un époustouflant premier rappel avec une reprise “True Colours” de Cyndi Lauper. Le morceau est complètement réactualisé à la sauce Brune, c’est de toute beauté. “These Days” est là pour vous caresser les tympans délicats. “The Fall” est là également pour enfoncer le clou de ce qui précède. “Big In Japan” est une superbe reprise du groupe allemand Alphaville, c’est beau sans plus. “Don’t Leave” est une chanson douce.
En second rappel, on a droit à un “Undertown” qui est magistral et aérien. J’ai passé une soirée excellente, c’était un très beau concert plein d’émotion, les belles mélodies étaient omniprésentes et le mystère était présent du début à la fin. On en redemande avec volupté de cette magnifique musique.