The View are not on fire anymore
Un peu plus d’un an après avoir été contraints d’annuler leur prestation en toute dernière minute, les Ecossais de The View étaient de retour à la Rotonde du Botanique ce dimanche 20 octobre. Cette fois, la voix de Kyle Falconer n’a pas joué de tours au groupe qui a ainsi eu tout le loisir de promotionner “Seven Year Setlist”, un best of sorti il y a peu. Pour assurer la première partie, ils avaient emmené dans leur bus de tournée The Velveteen Saints, des compatriotes pour qui l’énergie n’est pas un vain mot. Demandez au batteur ce qu’il en pense, lui qui va se démener comme un beau diable en assurant une rythmique hypnotique tout au long du set. Malgré un look de gamin de 15 ans, on se rend compte qu’il mène son monde à la baguette. Devant lui, ses trois compères vont se partager les vocaux, avec en ligne de mire un leader dont la tête d’anglais typique trahit ses origines.
Musicalement, on se retrouve plongé dans un rock ‘n’ roll brut, genre de rock garage à tendance punky. On pense tour à tour aux Libertines (les deux voix caractéristiques et complémentaires des deux chanteurs guitaristes), aux Clash et aux Ramones (le batteur porte d’ailleurs un t-shirt à leur effigie) mais avec toujours cette attention accordée à la mélodie et aux chœurs. A ce propos, le bassiste peut se targuer d’avoir une voix nettement plus équilibrée que les autres, mais elle ne sera que très rarement mise en avant. Au final, la petite demi-heure que va durer leur set ne laissera que peu de place à la respiration, même si, au final, tout était dit après une vingtaine de minutes.
Si les gaillards de The View ont loupé leur rendez-vous avec le Botanique l’an dernier, ils avaient déjà joué à la Rotonde. C’était en avril 2009 et la salle était comble. Ce soir, on est loin du compte et on a l’impression que l’intérêt du public est mitigé, malgré que la moitié de celui-ci soit constitué de britanniques. Etrange pour un groupe dont le premier album (“Hats Off To The Buskers”) s’est retrouvé N°1 des charts anglais en 2007 et dont les singles (“Same Jeans” en tête) ont abondamment tourné en radio. Il faut dire que le second album mis à part (“Which Bitch?”), les deux suivants ont vu le groupe emprunter un itinéraire pop rock sans grande inspiration.
Et c’est bien là le paradoxe de The View. Stars outre-Manche et quidams sur le continent. Enfin, lorsque l’on parle de stars, il convient de relativiser car ils traînent malgré tout une réputation de seconds couteaux. Et ce n’est pas la nouvelle coiffure de Kyle Falconer qui va nous démontrer le contraire. Il a désormais les cheveux courts et ressemble davantage à un père de famille rangé plutôt qu’au chanteur d’un groupe indépendant. Heureusement que les autres musiciens rattrapent la donne, à commencer par le batteur Steven Morrison (long cheveux, torse nu et tatouages). Le bassiste Kieren Webster et le second guitariste Pete Reilly ont quant à eux conservé le physique de l’emploi. Derrière eux, un claviériste de tournée va rester dans l’ombre dans tous les sens du terme.
Tout ceci serait passé sous silence si le leader était animé ne fut-ce que d’un minimum de conviction. Cela avait pourtant plus ou moins bien commencé avec le très rock seventies “Coming Down” pendant lequel il va presque s’arracher les cordes vocales. Mais dès le deuxième titre, “AB (We Need Treatment)”, on a senti comme une résignation. Un peu comme s’il prenait soudain conscience du peu de spectateurs présents dans la salle ce soir. Le traditionnellement pourtant efficace “Wasted Little DJs” viendra ensuite confirmer ce mauvais pressentiment.
Entre deux lampées de bière brune, il va tenter de communiquer avec le public mais son accent absolument incompréhensible va avoir pour effet d’installer encore plus de distance. Il ne restait donc plus que la musique et les hits du groupe pour se consoler mais cela ne fonctionnera qu’à de rares moments, notamment lors d’une énergique interprétation du seul inédit de la soirée (l’étrangement titré “Kill Kyle”). Sauvons également du naufrage un entraînant “Bunker (Solid Ground)” et les deux compositions que Kieren Webster se chargera de gérer aux vocaux de manière plus que convaincante (“Skag Trendy” et “Realisation”)
En revanche, on ne s’attardera pas sur des titres bien trop pop à l’instar de “How Long” et “Underneath The Lights” ou ceux qui ont perdu leur saveur (“Sour Little Sweetie” et même “Same Jeans”). On tape du pied, mais c’est plus par habitude que par réel engouement. Encore que, en toute fin de set, les toujours excellents “Superstar Tradesman” et “Shock Horror” font faire le boulot comme au bon vieux temps. Mais il était déjà trop tard. Après 55 minutes, tout était dit… Si la sortie d’un best of s’apparente généralement à la fin d’un chapitre, dans le cas de The View, on aurait plutôt tendance à parler de chant du cygne. Triste…