Civil War : il y a une vie après Sabaton
“The Killer Angels”, le premier opus de Civil War a bercé agréablement notre été métallique. Daniel Mÿhr, le claviériste de ce gang constitué en grande partie par d’ancien membres de Sabaton, a pris quelques dizaines de minutes sur son temps précieux pour répondre nos questions. Music in Belgium : Pourrais-tu décrire la musique de Civil War à celles et ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion d’écouter “The Killer Angels” ?
Daniel Myhr : C’est du métal, avec quelques variations. Nous y avons incorporé beaucoup d’influences et c’est un peu délicat à décrire. Disons qu’il y des choses qui viennent de là, et d’autres qui viennent d’ailleurs, avec, bien sur, des influences provenant de notre ancien groupe.
MiB : Si je fais abstraction de la voix, il me semble que le style musical de Civil War ne soit pas franchement différent de celui de Sabaton? Est-ce un choix délibéré? Peut-être penses tu que je suis dans l’erreur et que les deux groupes n’ont pas vraiment de points communs. Dans ce cas, pourrais-tu m’expliquer pourquoi je me trompe?
Daniel Myhr : Pour ma part, je dirais que, sans abandonner nos racines, nous avons un son tout à fait différent. Je pense qu’il serait impossible de nous éloigner de tout cela sans changer radicalement de style. Bien sur, le style de Sabaton rayonne sur certaines de nos compositions et l’on peut parfois entendre nettement d’où nous venons. Mais nous ne sommes définitivement pas Sabaton 2, ni Astral Doors 2.
MiB : “The Killer Angels” a récemment été certifié ‘disque d’or’ en Suède avec plus de 20.000 copies écoulées ? Quel est ton sentiment à ce sujet? Penses-tu que ce succès commercial découle de la grande qualité de votre album ou bien que vous avez bénéficié du support des gens qui vous appréciaient lorsque vous jouiez avec Sabaton?
Daniel Myhr : Cela fait toujours plaisir de recevoir un disque d’or et, bien sur, le fait que nous ayons joué avec Sabaton nous a beaucoup aidés. Patrick (NDR : Nils Patrik Johansson, chant) a énormément de fans qui ont aussi acheté l’album. Nous avons aussi un bon nombre de fans dévoués qui aiment vraiment la musique que nous jouons actuellement. Notre succès est une combinaison de tout cela.
MiB : Penses-tu qu’un jour nous pourrons voir Civil War et Sabaton sur la même affiche?
Daniel Myhr :
Cela arrivera probablement un jour, mais dans quelles circonstances? Je n’en ai pas la moindre idée !
MiB : Assez parlé de Sabaton (pour le moment). Parlons un peu de votre vocaliste, Nils Patrik Johansson. Il a enregistré six albums en compagnie d’Astral Doors. Le groupe est-il toujours actif? Si oui, quel est le groupe qu’il considère comme prioritaire ?
Daniel Myhr : Astral Doors est toujours en activité, mais, pour l’instant, c’est Civil War qui retient toute son attention. Astral Doors est, comme on dit, ‘entre deux albums’. Mais lorsqu’ils seront de nouveau sur les rails, Patrik aura deux groupes à gérer en même temps et nous devrons adapter notre planning en fonction de cela.
MiB : Le titre “The Killer Angels” a été inspiré par un livre traitant de la guerre civile américaine, et plus particulièrement de la bataille de Gettysburg. Pourrais-tu m’expliquer pourquoi un groupe suédois préfère s’intéresser à l’histoire américaine plutôt qu’à ses glorieux ancêtres Vikings ? Est-ce un moyen de vous différencier des autres groupes, d’attirer l’attention du public américain, ou vous intéressez vous vraiment à ce sujet ?
Daniel Myhr : En fait, seul le titre “Gettysburg” traite de la guerre civile américaine. Bien sur, notre intérêt pour l’histoire date de l’époque où nous jouions avec Sabaton. Mais Patrik s’y intéresse beaucoup lui aussi. Il a toujours écrit des lyrics traitant de ce sujet dans ses anciens groupes, et plus particulièrement dans Astral Doors. Si tu y regardes d’un peu plus près, tu verras que tous nos lyrics ne parlent pas d’histoire. Nous sommes plus ouverts que Sabaton en ce qui concerne les sujets que nous traitons. Nous pourrions même écrire à propos des clenches de portes si nous trouvions assez de choses à dire à leur sujet (rires).
MiB : L’artwork de l’album, avec ses gravures illustrant la guerre civile est absolument superbe. S’agit-il de dessins d’époque ?
Daniel Myhr : Je n’en ai pas la moindre idée. L’artwork a été réalisé par Łukasz Jaszak et seul lui pourrait te dire où il a récupéré ce matériel. Mais je suis tout à fait d’accord avec toi. C’est une pochette géniale. Nous n’avions aucune idée de ce à quoi elle allait ressembler lorsque nous l’avons contacté. Il a plutôt l’habitude de travailler pour des groupes Death/Grindcore, et en général, ses illustrations sont très différentes.
MiB : Pourquoi avez-vous choisi de reprendre le titre “Children Of The Grave” de Black Sabbath. Ne penses-tu pas qu’avec le style vocal de Patrik, une reprise d’un titre datant de la période Ronnie James Dio aurait été plus appropriée?
Daniel Myhr : Nous avons publié notre album à la même époque que Black Sabbath a publié “13”. Cette reprise d’un titre datant de la période Ozzy Osbourne était une idée du magazine ‘Sweden Rock Magazine’ avec lequel nous avons travaillé pour la promotion de “The Killer Angels”.
MiB : Il y a énormément de chœurs et de backing vocaux dans votre musique? Lorsque vous jouiez en ‘live’ avec Sabaton, vous vous chargiez vous-mêmes de ces vocaux additionnels. Est-ce toujours le cas? Qui est en charge des arrangements vocaux dans le groupe? Chantez-vous ces parties vous-mêmes sur l’album ou avez-vous fait appel à des choristes extérieurs?
Daniel Myhr : Oui, c’est toujours nous qui chantons. Nous avons aussi une chorale féminine qui nous aide. Ce sont plus ou moins les mêmes personnes qui chantaient sur les albums de Sabaton. Les arrangements ont été effectués par Patrik et moi-même, mais, bien sur, il y a aussi quelques idées qui proviennent des vocalistes.
MiB : Cet été, vous étiez supposés jouer au Rommelrock Festival, ici en Belgique. Ce festival a été annulé, sans véritable raison, par le bourgmestre de la ville de Maasmechelen qui a invoqué de soi-disant questions de sécurité publique. Quel est ton avis sur ce sujet? As-tu déjà été confronté à de telles situations? À ton avis, pourquoi le métal traine t’il encore une si mauvaise réputation?
Daniel Myhr : Nous n’avons jamais du subir une telle annulation. Ce n’est pas une chose très habituelle. Il arrive parfois qu’un festival soit annulé pour cause de banqueroute, mais ce n’était pas le cas ici. Je pense que certaines personnes n’ont absolument aucune idée de ce qu’est le style de vie Métal. Nous sommes probablement les personnes les plus pacifiques qui foulent le sol de cette planète. Peut-être qu’ils avaient regardé un peu trop de documentaires traitant de la vague Black Métal norvégienne des années 90 et qu’ils en avaient tiré leurs conclusions?
MiB :Sabaton a toujours eu énormément de succès en Belgique. Le dernier concert de la tournée ‘World War Tour’ a eu lieu, ici, à Anvers en décembre 2011. C’était aussi l’un des derniers concerts du line-up auquel vous participiez? Gardez-vous un souvenir particulier de ce gig? Était-ce un bon concert, en dépit des circonstances?
Daniel Myhr : C’était en effet le tout dernier concert donné par ce line-up. C’était un show génial. La Belgique a toujours été géniale pour nous. Je ne me souviens pas vraiment d’une chose particulière, a part que tout le groupe a surfé sur la foule. A ce moment, nous ne savions pas encore que nous allions quitter le groupe moins de trois mois plus tard et donc, cela n’a eu aucun impact sur notre performance. Nous nous sommes vraiment éclatés !
MiB : Quels sont vos plans? La prochaine tournée s’arrêtera-t-elle en Belgique? Avez-vous déjà une idée de ce à quoi ressemblera le prochain album?
Daniel Myhr : La prochaine tournée s’arrêtera obligatoirement en Belgique ! Nous serons le 15 février au Biebob de Vosselaar. Nous sommes impatients de reprendre la route. En attendant, nous travaillons sur le nouvel album. Jusqu’ici, nous ne savons pas encore comment il va sonner, mais je peux te dire que ce sera un mélange intéressant.
MiB : Une dernière question? Est-ce que tu n’en as pas assez que les gens te posent des questions relatives à ton passé avec Sabaton?
Daniel Myhr : C’est assez naturel que les gens posent des questions à ce sujet et cela ne m’ennuie aucunement. Parfois, les gens oublient que nous sommes un groupe différent maintenant, mais cela ne me chagrine pas vraiment.