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Queensrÿche à Deinze : superstar sans public

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Jeudi 31 octobre. C’est le soir d’Halloween et les monstres sont avides de friandises. C’est donc la bave aux lèvres et parés de nos atours les plus effrayants que nous nous présentons aux portes du Brielpoort de Deinze ! Fidèle à mes habitudes, j’ai revêtu le terrifiant costume du scribouillard chauve et ventripotent qui fait peur aux enfants sages et repousse les jolies filles. Ignorant vertement mes conseils éclairés, Bernie a laissé au placard le joli déguisement d’infirmière cochonne qui lui va pourtant à ravir pour endosser un costume de félon abject et sans âme. Imaginez que pour parfaire son déguisement, le keupon photographe à loué ses services à un webzine concurrent ! Par respect pour l’environnement, nous décidons de faire fi de ce léger différend professionnel et décidons de covoiturer. Rassurez-vous, il y a encore, chez Music In Belgium, quelques chasseurs d’images intègres et consciencieux. C’est le cas de notre ami Hugues, qui a répondu présent à l’appel de la rédaction et qui a même poussé la conscience professionnelle jusqu’à arriver à l’heure. Ce n’est évidemment pas notre cas !


Il est presque vingt heures lorsque nous passons le portail d’un Brielpoort au parterre plus que clairsemé. L’affiche, pourtant alléchante, n’a pas attiré la foule des grands soirs. Nous arrivons trop tard pour apprécier la prestation de Methusalem. Vaillant et généreux comme nous le connaissons, l’ami Hugues accepte de prendre la plume pour nous en faire un bref compte-rendu :

’Les Néerlandais de Methusalem parviennent à mettre l’ambiance avec des morceaux assez conventionnels mais très bien interprétés. Les musiciens, sans être brillantissimes, font ce que l’on attend d’eux et le chanteur apporte son véritable souffle au groupe. Les mélodies sont accrocheuses et le set passe à une vitesse éclair, signe que je ne me suis pas ennuyé’. (H. Timmermans).


Dès notre arrivée, nous prenons place face à la scène où Alpha Tiger s’affère à décevoir celles et ceux qui, comme nous, avaient apprécié toutes les qualités de son premier album (
Beneath The Surface
). La jeune formation power métal allemande, qui assure la première partie des concerts européens de Queensrÿche, a ajouté son nom à la dernière minute sur l’affiche du jour. Sans réelle saveur, sa prestation manque d’un élément essentiel à tout concert métal qui se respecte : une solide paire de testicules !

Heureusement pour nous, les thrashers d’After All ont amené avec eux assez de testostérone pour réveiller la salle et lui donner envie de se dérouiller les cervicales.


La prestation des Brugeois est courte, mais franchement décapante. Que l’on apprécie ou pas le chant (très) haut perché de Sammy Peleman, force est de constater que le vocaliste connait son affaire. Le show est puissant, carré et nous fait vite oublier le temps perdu en compagnie d’Alpha Tiger. Suite aux restrictions horaires imposées par Queensrÿche, After All ne dispose même pas d’une demi-heure pour nous présenter son abondante discographie (huit albums quand même). Il choisit pourtant de clore son set par une reprise musclée, mais pas surprenante, du classique “Painkiller” de Judas Priest.

Nous n’avons jamais caché tout le bien que nous pensions du métal progressif de Max Pie et c’est donc avec un certain plaisir que nous retrouvons les Montois sur les planches du Brielpoort de Deinze.


Le groupe profite de l’occasion pour présenter son nouveau bassiste, Lucas Boudina. Jeune, motivé et souriant, ce dernier est bien plus visuel que son prédécesseur. Cet apport de sang neuf profite beaucoup à la dynamique du groupe. Malheureusement, notre plaisir de voir le groupe en pleine forme est un peu gâché par la qualité médiocre du mixage sonore. De l’endroit où nous nous trouvons, la guitare de Damien di Fresco est carrément inaudible (NDR : un déplacement furtif à l’autre bout de la salle arrangera à peine les choses). Les samples de claviers et choeurs sont bien trop présents, ce qui nous empêche souvent de profiter de l’organe vocal de Tony Carlino. Sur scène, la formation wallonne ne semble pourtant pas souffrir de ces désagréments. Les musiciens se donnent à fond et l’accueil du public (NDR : pourtant majoritairement néerlandophone) est franchement enthousiaste.

Il y a quelques mois, la prestation de Queensrÿche au PPM Fest nous a laissés sur notre faim. S’il était presque parfait sur le plan musical, le groupe ne nous était pas apparu soudé à l’extrême. En nous rendant à Deinze aujourd’hui, nous espérions secrètement que Queensrÿche allait dissiper ce malentendu et nous prouver, une fois pour toutes, qu’il était de retour. Bonne nouvelle : nous n’avons été que partiellement déçus.


Comme au PPM Fest, Queensrÿche s’est autorisé un caprice de diva et a exigé que l’organisation modifie les horaires de passage de tous les groupes présents afin de pouvoir aller se coucher un peu plus tôt. Pourtant, le nom des Américains n’attire manifestement plus autant les foules que par le passé. Et, bien que le parterre se soit un peu étoffé depuis notre arrivée, nous ne pouvons que constater l’horrible vérité : le public n’occupe même pas le tiers du Brielpoort.

En fans de la première heure, nous serions volontiers passés à côté de ce petit caprice si le groupe nous en avait donné pour notre argent. Malheureusement, bien que le show du jour soit en tous points supérieur à celui du PPM, nous quittons la salle avec l’impression que le somme de 40€ exigée à l’entrée était un peu trop élevée par rapport au service rendu.

La prestation générale nous laisse toutefois une impression positive. Les guitaristes Michael Wilton (l’ancien) et Parker Lundgren (le nouveau) semblent avoir trouvé un terrain d’entente et apparaissent bien plus complices qu’au PPM. Ils échangent regards et sourires ; et vont même, parfois, jusqu’à headbanger de concert. Avec sa voix superbe, Todd La Torre n’éprouve aucune difficulté à nous faire oublier Geoff Tate. À l’exception d’Eddie Jackson (basse), qui semble fermement décidé à nous faire comprendre qu’il n’est pas payé pour sourire, les membres du groupe sont radieux et donnent l’impression de prendre plaisir à jouer ensemble. La setlist est musclée et fait la part belle aux hits du premier album “The Warning” (NDR : 6 titres joués) ainsi qu’au génial “Operation Mindcrime” (NDR : 4 titres). Le nouvel opus éponyme, quant à lui, est représenté à trois reprises (“Where Dreams Go To Die”, “A World Without” et “Fallout”). La prestation est donc plutôt bonne et le public présent, nous compris, l’apprécie à sa juste valeur.

Le concert terminé, nous liquidons à la hâte nos derniers tickets de boissons avant de gagner le parking. La nuit d’Halloween touche à sa fin et les petits monstres sont partis se coucher. Seules quelques silhouettes vaguement féminines errent encore dans les rues de Deinze. Légèrement imbibé, Bernie leur lance un pathétique ’une gâterie ou un sort !’. L’appel désespéré reste sans réponse. Triste fin pour une soirée sympathique !

Ma déception personnelle ne viendra que le lendemain, lorsque rentré au bercail, je consulterai mes notes pour constater que, bien qu’en tête d’affiche, Queensrÿche s’est contenté de nous offrir le minimum légal : à part les nouveaux titres qui n’avaient pas été joués à Mons, la setlist est quasiment identique à celle du PPM (les sept premiers titres sont carrément les mêmes, joués dans le même ordre). Nous comprenons mieux, dans ces conditions, pourquoi le public ne s’est pas vraiment déplacé en masse.

Les autres photos de

Queensrÿche
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Max Pie
|
After All
|
Alpha Tiger
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Methusalem

Photos © 2013 Hugues Timmermans

2 thoughts on “Queensrÿche à Deinze : superstar sans public

  • Ne serais-ce pas plutôt la réputation de la salle Brielpoort qui a retenu une participation plus massive du public ? Pour ma part, je m’en souviens comme d’une salle omnisport dans laquelle on organisait des concerts… avec la qualité sonore qui va avec. Peut-être la situation a changé?

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