Tift Meritt et Josh Ritter : des cow-boys au Botanique
Cette soirée à l’Orangerie du Botanique est toute particulière, pas de chapeaux de cow-boy, mais la musique country et americana est bien présente pour une grande soirée intense en émotions et en sensations. J’adore le Botanique pour la qualité des artistes y faisant des concerts, le son est toujours excellent et les premières parties sont de très grandes qualités et reviennent souvent ou toujours en tête d’affiche. J’ai fait ce soir une très belle découverte avec Tift Meritt, qui est d’ailleurs une très belle et sympathique artiste qui va nous envoûter de sa belle voix et nous faire voyager dans les grandes plaines du Texas et de la Caroline du Nord. Le voyage en valait la peine, mais était de trop courte durée. Josh Ritter est un artiste très attachant. Son jeu de scène et sa manière d’envoûter les foules me font penser de plus en plus à un autre artiste que j’ai vu il y a quelque temps sur cette même scène, Passenger aka Mike Rosenberg.
Tift Merritt est née au Texas à Houston en 1975, mais c’est en Caroline du Nord qu’elle a vécu la plupart de sa vie et elle y habite toujours. C’est en écoutant des disques de Joni Mitchell et d’Emmylou Harris qu’elle décide de devenir musicienne et chanteuse de country. Elle s’est d’ailleurs très vite intégrée dans la florissante scène alt-country de Caroline du Nord. Une autre étoile montante de la scène locale, Ryan Adams, la présente à son manager qui la fait signer sur Lost Highway Records. “Bramble Rose”, son premier CD pour le label, l’a hissée au premier rang des nouvelles chanteuses country. Son nouvel album “Tambourine” a été nominé dans plusieurs catégories des récentes Americana Music Association awards. Tift est là pour nous présenter son dernier opus “Traveling Alone”. La belle dame blonde s’amène sur scène, elle a l’allure d’une des reines du genre tel Dolly Parton, sa voix est envoûtante. Avec sa manière très particulière de jouer de la guitare acoustique, Tift va immédiatement vous emmener dans les grandes plaines du Far West. Vous aller fermer les yeux et pendant 30 minutes la téléportation dans les espaces verdoyants va être immédiate et permanente. Tift a la classe de nous présenter chaque chanson dans un français sans accent, elle va même se mettre au piano pour nous interpréter quelques belles mélodies qui sentent bon l’Ouest des États-Unis. Elle va aussi terminer par une chanson sans électricité et a capella. Le public est, je pense, conquis par cette artiste complète et attachante. Tift reviens-nous vite en vedette, car j’ai adoré ta prestation et j’ai surtout été envoûté par ta voix qui incite au voyage lointain dans les grandes plaines de l’Ouest Américain. Tift nous a interprété “To Myself”, “Traveling Alone”, “Still Not Home”, “Spring”, “Small Talk Relations”, “Train Song” (cover de Tom Waits), “For Free” (cover de Joni Mitchell), “Good Hearted Man” et “Dark End”.
La seconde partie de la soirée, et la tête d’affiche, est un artiste généreux de sa personne et attachant : Josh Ritter. Le concert est annoncé acoustique, il n’y aura ni batterie, ni pedal steel. Josh Ritter est né le 21 octobre 1976 à Moscow (Idaho) aux États-Unis. C’est un auteur-compositeur-interprète et guitariste de musique folk et plus précisément d’americana. Adolescent, après avoir écouté le duo de Bob Dylan et Johnny Cash sur “Girl From The North Country”, il acheta sa première guitare. Plus tard, il décida d’abandonner ses études en médecine neurologique pour poursuivre une carrière de musicien. Josh a quelques E.P. à son actif, “Me & Jiggs EP” (2002), “Come & Find Me EP” (2002), “4 Songs Live EP” (2005), “Good Man EP” (2006), “Girl in The War EP” (2006), “Live At The Record Exchange EP” (2007) et trois albums : “To The Yet Unknowing World” (2011), “Bringing in The Darlings” (2012) et le petit dernier “The Beast In It’s Tracks” sorti cette année. En 2010, il crée son propre groupe intitulé The Royal City Band, avec qui il part en tournée à travers les États-Unis, le Canada et l’Europe.
On peut dire que c’est l’Orangerie des grands jours et j’aime cela, une salle comble, un public plus qu’attentif, un son d’excellente qualité. Josh arrive tout sourire, accompagné d’un guitariste barbu et chevelu : Austin Nevins (je pense) qui sera à la guitare électrique et un multi-instrumentiste, à la moustache façon Salvatore Dali, doué en la personne de Zack Hickman (voix, contrebasse, claviers, guitare et banjo). Josh ne quittera jamais sa guitare acoustique, ni son sourire. Avec sa superbe voix, il va nous transporter dans les immenses plaines du Far West pendant deux bonnes heures. Il n’y aura pas besoin de pedal steel pour cette musique country très americana, Austin va la remplacer par sa guitare électrique. Josh est un showman hors pair, il a su nous tenir en haleine pendant tout le temps de ce concert de haute voltige. L’interactivité entre les artistes et le public attentif sera permanente. Qu’il joue seul ou a capella, Josh est un artiste complet, son jeu de guitare, sa tranquillité, son sourire permanent me fait penser à Passenger. Aussi doué que Mike lorsqu’il se retrouve seul sur scène.
Les artistes vont nous caler dans les tympans délicats et avec classe, les morceaux suivants : “Best Is For The Best”, “Southern Pacific”, “Monster Ballad”, “Certain Light”, “Bonfire”, “Harrisburg”, “Chrystal Chadeliers” (Johnny Cash cover), “Wings”, “The Lover”, “She Is New”, “Baby’s That’s Be Changed”, “Darlin”, “Pallet”, “Wolves”, “Save A Place”, “Girl In The War”, “Adam”, “Joy To You Baby”, “Hopeful”, “Lillian” et “Kathleen”. Un petit moment de chaleur intense dans la salle et ils reviennent au complet avec, cerise sur le gâteau, une Tift au chant pour au rappel deux chansons en acoustique et à capella : “Can I Sleep In Your Armes” et “Wait For Love”. C’est un moment d’une rare intensité, et j’aime cela, comme le public. Les voix combinées de Tift et de Josh nous font fondre tel un glaçon au soleil de la country. Des concerts ainsi, on en redemande tous les jours.