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Hurts à l’AB, plus DM que SM

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Annoncé au printemps dernier dans la foulée de leur deuxième album (“Exile”), le concert de Hurts à l’Ancienne Belgique aura mis près de six mois avant de se retrouver complet. Il n’empêche que le duo mancunien a bénéficié d’un accueil particulièrement chaud ce mercredi 20 novembre, alors que les premières chutes de neige fondantes étaient annoncées dans les rues de Bruxelles. Bien que Pegasus n’ait pas une consonance helvétique, il s’agit bel et bien d’un groupe suisse et ceux-ci, avouons-le, ne sont pas légion sur le circuit. Ils ont assuré le support ce soir et leur pop colorée en a fait bouger plus d’un, grâce à des mélodies catchy qui ont tendance à s’incruster dans l’oreille. Le genre de groupe dont on ne retient pas le nom mais qui passe à la radio en boucle (écoutez donc “Skyline” pour vous en convaincre).

Emmenés par un chanteur au look qui rappelle celui de Sliimy (la coiffure hirsute et les grosses lunettes en tête), ils sont tous les quatre sapés comme des collégiens et portent le costume, même si les baskets et les chaussettes rouges du leader font tâche. Ceci dit, c’est sa voix haute et nasillarde (limite androgyne) qui capte l’attention, un peu comme celle de Jermaine Stewart dans les années 80. En tout cas, une chose est sûre, ils ont beaucoup écouté Fun et les productions de Calvin Harris, pour un résultat que vous imaginez formaté pour les hit-parades.

Avec le curieusement titré “Happiness”, les bonhommes de Hurts se sont affublés d’une image sombre et froide qui se réchauffe à peine à l’écoute d’“Exile”, une deuxième plaque qui a confirmé leur incroyable succès en Allemagne où ils sont de véritables stars. Au Pukkelpop cet été, leur show tenait plus de l’image SM (avec les gants en cuir, un faciès rigide et du matériel détruit) que du concert rock. On était donc curieux de découvrir les teneurs du package en salle.

Que les âmes sensibles se rassurent, la prestation de ce soir sera beaucoup plus soft. Theo Hutchcraft apparaîtra sur scène vêtu d’un parka sorti tout droit de la garde-robe de Liam Gallagher. Il ne le gardera sur lui que pendant “Mercy”, le titre d’intro lors duquel il va déjà se familiariser avec le pied de micro en l’embarquant volontiers avec lui.

En compagnie de son compère Adam Anderson (air strict, trench coat et bottes dignes d’un officier allemand), ils occupent une sorte d’estrade centrale qui leur donne une importance ou en tout cas une supériorité par rapport à leurs musiciens de tournée (un batteur, un excellent guitariste du côté gauche et un claviériste à droite). Derrière eux, un rideau noir en haut duquel trône le nom du groupe en lettres majuscules.

Il paraît qu’ils se déplacent avec cinq semi-remorques de matériel et jusqu’à ce moment-là, on se demandait s’il n’y en avait pas deux rien que pour transporter l’ego du chanteur. Mais au moment d’entamer le poppy “Miracle”, notre pièce tombera en même temps que le rideau qui laissera la place à une immense structure métallique (en apparence du moins) constituée de deux triangles inversés illuminés par des spots judicieusement disposés. Il n’en fallait pas plus pour initier des cris hystériques de la part des spectatrices présentes dans la salle, surtout que les excellents “Silver Lining” et “Wonderful Life” mis bout à bout vont leur permettre de s’égosiller.

Parfois, on se demande d’ailleurs si celles-ci étaient présentes pour la musique ou pour le physique de Theo Hutchcraft, quelque part entre Robbie Williams (les mimiques) et Dave Gahan (les traits et l’attitude). D’après mes deux voisines de gauche, je ne peux pas comprendre mais au vu de leurs réactions, elles ont dû faire de beaux rêves la nuit suivante… En tout cas, l’intéressé à l’air d’apprécier et, contre toute attente, il passera le plus clair du concert à sourire généreusement et à travailler le public. Adam Anderson, tantôt à la guitare (dans laquelle est incorporée une ampoule…) tantôt au piano de poche, occupe bien malgré lui une position en retrait.

A ce moment, “Somebody To Die For” va engendrer de pathétiques vagues de bras alors que le refrain de “Blind”, un peu trop facile à notre goût malgré une voix caverneuse impressionnante, nous rappellera leur direction légèrement plus mainstream qu’à l’époque. Un peu plus tard, “Sandman” nous donnera la même triste impression. Il s’agira heureusement de parties isolées.

On parlait plus haut de Dave Gahan et, au fur et à mesure de l’avancement du set, on se rend compte qu’ils ont été largement influencés par le Depeche Mode de la fin des années 80, au moment où ceux-ci ont osé s’approcher d’une guitare. Penchez-vous sur les sonorités de “Cupid” (on entend “Strangelove” en filigrane) et sur “Exile” qui ressemble à un pastiche de “Never Let Me Down Again”, avec des pointes de Muse disséminées ça et là, le tout boosté par des jeux de lumière affolants.

Ceci dit, certaines parties seront littéralement prenantes, majoritairement lorsque la voix du leader se trouve mise en exergue. Ainsi, un retravaillé “Unspoken” va bercer nos oreilles alors que la version acoustique de “Blood, Tears & Gold” montrera une autre facette de la composition, engendrant un singalong spontané de la part de spectateurs aux anges dont les téléphones portables illumineront la salle sur “Illuminated” (elle était un peu facile, celle-là…).

Bien entendu, une distribution en règle de roses blanches fait partie intégrante de la mise en scène d’un concert de Hurts, même s’il faudra attendre une bonne heure de concert et l’intro de “Sunday” avant d’en voir la couleur. Leur réputation mélodramatico-romantique est sauve et “Stay” balancé juste après aura dès lors une autre saveur. Quant à “The Road” et son intense final, on n’aurait pas imaginé meilleure conclusion pour le set principal.

Le groupe remontera sur scène pour deux extras entamés avec un “Better Than Love” très dancefloor suivi d’un envoûtant “Help” (sur lequel a joué Elton John au piano en studio) une fois les dernières roses lancées dans le public. Une fin de soirée délicate qui laissera une impression positive à un panel plus large que la seule gent féminine…

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