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White Lies en forme éblouissante à l’AB

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On ne saluera jamais assez l’initiative de groupes comme les Pixies, Grinderman ou Mogwai qui, au lieu de remplir une grande salle à l’acoustique hésitante, préfèrent jouer deux soirs d’affilée dans un endroit humainement plus convivial. Les Anglais de White Lies leur ont emboîté le pas en se produisant ces vendredi 29 et samedi 30 novembre à l’Ancienne Belgique. La première partie a été assurée les deux soirs par In The Valley Below, un quatuor californien qui les accompagnent sur les routes nord américaines et européennes depuis le début du mois d’octobre. Articulés autour de la personnalité mystérieuse de la grande et captivante Angela Gail et de son partenaire (au moins musical) Jeffrey Jacob, ces nouveaux venus méritent notre attention.

Aussi bien vestimentairement que visuellement, ils ne passent en tout cas pas inaperçus. Ainsi, la longue robe blanche et le chapeau à la Florence Welch enfilés par Angela ainsi que la chemise blanche et les bretelles noires de Jeffrey rivalisent avec les lumières flashy qui égaient le support du clavier ou le pied de micro en forme de chandelier qui se devise en deux à son extrémité. Sans parler de la chaîne agitée par la chanteuse tout au long de “Searching For The Devil”. Une théâtralité peut-être pas si innocente que cela.

Mais c’est surtout la combinaison de leurs deux voix qui attire l’attention. D’un côté, on pense au timbre particulier de Stevie Nicks alors que de l’autre, c’est celui plus enlevé de Tim Booth (le chanteur de James) qui saute à l’oreille, le tout bardé de parties de guitares enlevées propres au son des radios FM américaines (à ce propos, leur single “Peaches” n’est pas tout à fait représentatif et le début de leur set, plus musclé, leur convient mieux). Ceci dit, dans l’ensemble, leurs compositions n’ont pas tranché avec la philosophie d’une soirée qui s’annonçait moins sombre que lors des précédents passages de White Lies dans cette salle.

Ceux-ci ont en effet coloré l’habillage de leurs créations. En apparence du moins car les textes, eux, n’appellent toujours pas à la franche rigolade. Depuis leur invitation surprise aux dernières Lokerse Feesten où ils avaient remplacé Beady Eye au pied levé, leur troisième album (“Big TV”) est sorti, leur offrant au passage un nouveau top 5 anglais, malgré des critiques disparates. Ils ont pourtant recentré leur trajectoire en laissant derrière eux le côté pompeux de “Ritual” (qu’ils vont à peine aborder ce soir) tout en appuyant la recette de l’excellent “To Lose My Life” dont l’imparable plage titulaire sera jouée d’emblée, suivi du non moins réussi “There Goes Our Love Again”, assurant un début en fanfare.

En plus des musiciens, deux personnes sont particulièrement à féliciter ce soir. L’ingénieur du son, tout d’abord, dont les réglages léchés vont assurer un orgasme permanent à nos oreilles en ne négligeant aucun détail. Le concepteur des jeux de lumière ensuite qui va, quant à lui, optimaliser l’utilisation des immenses blocs lumineux disposés à l’arrière de la scène. Tout y passera : les lasers, les effets spéciaux en LED, la captation d’images live intégrées, et plus encore. On est bien loin de la ridicule lampe de spot qui éclairait timidement la Rotonde du Botanique un soir de mars 2009…

Surtout que la voix d’Harry McVeigh ne souffre désormais plus d’aucune hésitation. Vêtu d’un simple t-shirt blanc (encore un contraste par rapport à ses textes), il passera le plus clair de son temps à sourire. Sa barbe lui donne un air plus sérieux alors que celle (abondante) du bassiste Charles Cave fait presque peur. Son passeport doit vraisemblablement être passé au crible à l’aéroport. Seul le batteur Jack Lawrence-Brown garde sa bouille intemporelle. Lui, c’est son instrument qu’il renouvelle à chaque tournée. Précisons qu’ils se font accompagner par deux musiciens qui resteront dans l’ombre.

A l’instar de leur première plaque, “Big TV” a été enregistré dans les célèbres studios ICP de Bruxelles l’hiver dernier (tout est joliment détaillé par les membres du groupe dans les pages de l’édition de luxe de l’album, avec des démos et de nombreuses photos). On y trouve quelques perles comme “Mother Tongue” et “Be Your Man” qui seront les nouveaux titres les plus transcendants aujourd’hui. A cette occasion (ainsi que sur “First Time Caller”), la voix du chanteur ressemble à s’y méprendre à celle de Roland Orzabal, le leader de Tears For Fears, avant leur période intello. Un peu plus tard, “Getting Even” aura mûri par rapport aux Lokerse Feesten alors que “Goldmine” sera interprété pour la seconde fois seulement (après la veille à Hambourg).

Bien entendu, ce sont les classiques du premier album qui vont déchaîner la foule, bouillante comme jamais. Les puissants “Farewell To The Fairground” et “E.S.T.” seront chantés à l’unisson pendant que des centaines de bras se lèveront spontanément sur “Unfinished Business”. On a même vu des mouvements de foule durant le final “Death”, même si la plupart se contentaient de sauter sur place. Un peu avant, le tempo s’est quelque peu ralenti, l’espace d’une surprenante cover du “I Would Die 4 U” de Prince & The Revolution, presqu’aussi langoureuse que l’originale.

Le morceau le plus intense de la nouvelle plaque sera interprété lors des rappels. “Big TV”, en plus d’en être la plage titulaire, présente une structure peu conventionnelle et une richesse sonore davantage travaillée vers les sons synthétiques en live. En revanche, à leur place, on aurait laissé tomber les énormes ballons gonflables qui ont virevolté au-dessus de la foule pendant “Bigger Than Us”, le titre qui clôture leurs concerts depuis un petit temps maintenant. Surtout lorsque l’on voit les disputes que cela peut provoquer entre fans par après…

Mis à part ce détail, on a assisté à la prestation exemplaire d’un groupe qui a pris de la bouteille et franchi un palier. Pas sûr qu’on les reverra dans une salle de capacité moyenne à l’avenir…

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