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Biffy Clyro à l’AB en pleine puissance

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L’année 2013 de Biffy Clyro sera clairement à marquer d’une pierre blanche. Jugez plutôt, un N°1 anglais avec leur album “Opposites”, le NME Award du meilleur groupe britannique, la tête d’affiche des prestigieux festivals Reading et Leeds ainsi que, plus proche de nous, deux passages remarqués à l’Ancienne Belgique. Ainsi, après le Box en février, c’est dans une salle pleine à craquer que les Écossais sont venus montrer de quel bois ils se chauffent ce lundi 16 décembre. Mais ils ne sont pas venus seuls et il était vivement conseillé de se pointer tôt afin de ne pas louper la première partie, qui a même débuté avec cinq minutes d’avance sur l’horaire à… 19h25. Walking Papers, c’est ce que l’on pourrait appeler un “supergroupe” made in Seattle. Si le plus célèbre de ses membres se nomme Duff McKagan et a tenu la basse au sein de Guns N’ Roses durant leur période de gloire, il convient de ne pas passer sous silence ses camarades de virée.

À commencer par le très stylé chanteur guitariste Jeff Angel qui est, à l’instar du claviériste Benjamin Anderson, issu de The Missionary Position, alors que les baguettes sont tenues par un certain Barrett Martin, un ex-Screaming Trees (parmi d’innombrables projets). Bref, des musicos dont le niveau se trouve très largement au-dessus de la moyenne. Il ne faudra d’ailleurs pas plus d’un titre pour s’en rendre compte.

L’espace réduit sur le devant de la scène qu’ils sont contraints de se partager ne va pas les perturber outre mesure. On a même plutôt l’impression que le fait de se retrouver dans un mouchoir de poche leur donne l’envie de se surpasser davantage. Au menu, des compositions alliant voix rock FM US, guitares grungy, rythmique infernale (le batteur est époustouflant) et mélodies subtiles qui font mouche. Du gros son lissé qui en a convaincu plus d’un.

À force de travail, de remises en question et de persévérance, Biffy Clyro est devenu un groupe majeur de la scène anglaise. Simon Neil et ses acolytes ont en effet dû patienter une dizaine d’années avant de rencontrer le succès en 2007 avec leur quatrième album, “Puzzles”. On les avait d’ailleurs vus dans cette même salle en support de Bloc Party cette année-là. Depuis, ils ont poursuivi leur bonhomme de chemin en capitalisant leurs acquis. Véritable groupe live, c’est sur les planches qu’ils se dévoilent réellement. Et ce soir ne va pas déroger à la règle.

Curieusement, c’est le “We Are Family” de Sister Sledge qui va accompagner leur montée sur scène mais les choses vont bien vite se recadrer au son de “Different People”, le titre d’intro qui est également celui d’“Opposites”, leur ambitieux dernier album. Ambitieux par son format (il est double) mais surtout par les directions peu conventionnelles qu’il emprunte (prenez par exemple les cornemuses sur “Stingin’ Belle”).

Avec “That Golden Rule” et “Who’s Got A Match?”, ils vont se rappeler aux bons souvenirs des fans hardcore qui ont envahi en masse la salle du boulevard Anspach. Ceux-ci vont passer leur soirée à s’égosiller et réserver un accueil bouillant à leurs idoles. Sur scène, à part le claviériste de tournée qui est déguisé en renne et les roadies en Pères Noël, tout le monde est torse-nu (on ne se souvient d’ailleurs pas les avoir vus un jour vêtus ne fut-ce qu’un t-shirt).

Si certains inconscients évaluent la réussite de leur soirée aux bourdonnements résiduels dans leurs oreilles, Simon Neil, lui, doit se baser sur la quantité de sueur qui dégouline le long de son torse et de sa barbe désormais bien fournie. Au moment d’entamer “Sounds Like Balloons”, il a déjà les cheveux trempés qui tombent devant ses yeux. Un problème que ne connait pas le batteur Ben Johnston qui n’a plus un poil sur le caillou. Son frère, le bassiste James Johnston, arbore quant à lui une abondante tignasse rousse.

La puissance de leurs titres se traduit par un volume poussé dans le rouge sans pour autant être agressif. La conséquence d’un son rugueux sur scène qui décuple les effets des versions studio. Ces dernières passent parfois pour de véritables comptines comparées à ce qui est proposé en live. On pense notamment à “God & Satan” et à “Glitter And Trauma”, boostées par des jeux de lumière parfaitement dosés.

Les extraits d’“Opposites” ont en tout cas bien mûri et s’intègrent désormais parfaitement à la généreuse set-list proposée à l’occasion de leur dernière date de l’année. Prenez par exemple l’excellemment bien construit “Spanish Radio”, la fougue de “Modern Magic Formula” et l’efficacité du single “Black Chandelier”. En revanche, la vision plus mainstream de “Biblical” et d’“Accident Without Emergency” va nous laisser songeurs.

Cette perception sporadique va toutefois s’évaporer lors des parties intenses où la communion entre le groupe et son public sera à son paroxysme. Les monstrueux pogos sur “Bubbles”, l’excitation ressentie dès les premiers accords de “Living Is A Problem Because Everything Dies” ou le sentiment d’unité lors de “Many Of Horror” (malgré les bras en l’air de la majorité du public). Quant à la partie acoustique pendant laquelle Simon Neil va cesser de gesticuler en se concentrant sur “The Rain” et “Folding Stars”, elle sera particulièrement réussie.

Un “Woo Woo” destructeur et un “The Captain” très matelots à l’abordage clôtureront le set principal avant que le trio ne réapparaisse rapidement pour fignoler le travail. Si on passera sur le trop langoureux (dans leur style) “Opposite”, on s’attardera en revanche sur la version assez particulière du précité “Stingin’ Belle” (à l’orchestration simplifiée, tendant vers la chanson de Noël) et sur “Mountains”, leur hit single qui fera exploser la salle une dernière fois. Tout ceci avant que les roadies ne se débarrassent de tout ce qui leur passait sous la main (set-list, baguettes, onglets,…) que les fans vont littéralement s’arracher. Une manière comme une autre de conclure une année de concerts bien remplie.

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