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Le showcase géant de Customs à l’AB

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La sortie d’un troisième album s’apparente souvent à un tournant dans la carrière d’un groupe. Les Louvanistes de Customs n’échappent pas à la règle et n’hésitent d’ailleurs pas à parler de “make or break” en ce qui les concerne. Ils étaient à l’AB dans sa configuration Box ce vendredi 31 janvier afin de présenter le tout chaud “The Market”, officiellement sorti le matin même… L’introduction de la soirée avait été confiée à De Staat, des Hollandais que l’on avait déjà chroniqués en 2011 un étage plus haut, en première partie de Chapel Club. On parlait à l’époque de délires sonores expérimentaux et ceux-ci vont d’emblée se confirmer au moyen de bruits de klaxons et de vuvuzelas avant que des guitares cinglantes et une rythmique infernale ne dynamitent un début de set sans temps mort.

Si le claviériste frappadingue bidouille toujours autant ses appareils (dont un volant de voiture…), le chanteur a quant à lui pris une sacrée assurance. Véritable pile électrique, il va étaler ses gammes vocales variées tout en profitant du moment. Musicalement, les compositions déstructurées du groupe tiennent la route grâce à un excellent batteur qui a la capacité de recentrer ses camarades de virée. Car entre des riffs de guitare classic rock, de lointaines influences rap vintage et un esprit punk do it yourself marqué, il s’agit de trouver le bon tempo. Un LCD Soundsystem futuriste, en quelque sorte…

Pour l’anecdote, ceux qui prétendent ne pas connaître Customs les ont pourtant entendus à de nombreuses reprises puisqu’il s’agit du groupe embauché par un célèbre opérateur de téléphonie mobile pour figurer dans le spot mettant en scène un spectateur contraint de faire stopper un concert afin de poster en ligne la photo qu’il venait de prendre.

Plus sérieusement, si le pourtant réussi “Harlequins Of Love” n’a pas réellement confirmé le potentiel de l’impeccable “Enter The Characters”, les quatre musiciens n’ont toutefois pas baissé les bras. Désireux de continuellement évoluer, ils ont composé et enregistré “The Market”, une troisième plaque aux influences plus diverses et colorées que par le passé. Il s’agit également de la première sortie sur leur propre label, How Is Denmark Records. Et c’est justement avec “Love To The Lens”, la plage d’intro de ce disque qu’ils vont entamer le concert, après un intermède avant-gardiste légèrement hors-propos.

Curieusement, la première référence qui nous viendra à l’esprit sera celle de Franz Ferdinand et leur “Do You Want To”. Titre bien plus pop que l’ensemble de leur discographie, il confirme la recherche d’un son inspiré par la disco, le glam rock et le funk (ce sont leurs dires). “The Hand”, interprété dans la foulée, ira encore plus loin dans cette veine radiophonique, à la plus grande stupéfaction du public.

Les musiciens, tirés à quatre épingles, se produisent vêtus d’un costume impeccablement coupé. Mention particulière à celui à carreaux du maigrelet chanteur Kristof Uittebroek qui arbore désormais une abondante barbe. Autour de lui, le guitariste Jelle Janse transpire abondamment alors que l’imposant bassiste Joan Govaerts ressemble à s’y méprendre à un videur de boîte de nuit. Quant au nouveau batteur Yannick De Clerck, il réussira la performance de garder sa cravate nouée autour du cou jusqu’à la fin de la soirée.

Affirmer qu’ils sont stressés s’apparente à un euphémisme. La voix du chanteur, hésitante au début du set et moins caverneuse que d’habitude, va même presque devenir inaudible lors d’un léger souci technique pendant “The Matador”, le premier ancien titre d’une longue série, un peu comme s’ils voulaient se rassurer avant de s’affirmer sous leurs nouvelles couleurs. Ceci dit, “Violence” et “Justine” seront tout de même réarrangés dans des versions plus softs en laissant une plus grande liberté d’expression aux instruments. Jusque là, il faut bien avouer que l’on restait sur notre faim.

C’est alors que la roue commencera à tourner, grâce à “She Is My Mechanic”, sans doute le nouveau titre qui fera la meilleure impression ce soir, peut-être grâce aux atmosphères sombres qui l’émaillent. Une excellente version patiemment élaborée de “Where The Moon Spends His Days” mettra ensuite définitivement le groupe sur orbite, alors qu’un solo de saxophone (exécuté par un musicien de tournée) embellira drastiquement “Shut Up, Narcissus”.

Preuve de ce regain de confiance, ils vont terminer leur set avec trois nouveaux titres au milieu desquels “Toupee” fera presque figure d’intrus. “Are You With Me ?” renverra de nouveau du côté de Franz Ferdinand (est-ce la guitare, les arrangements ou les harmonies ?) alors que le bien nommé “Gimme Entertainment” va enfin permettre au chanteur de se lâcher complètement et à la guitare de Jelle Janse de s’affirmer. Le tout se terminera avec le groovy et dansant “Hole In The Market” à la basse ronflante, largement inspirée de la vague disco de la fin des seventies.

Les rappels seront entamés d’une façon minimaliste au son d’un ultime extrait de “The Market” (“Love, You Don’t Scare Me Anymore”), interprété en duo de guitares. “Harlequins” et le classique “Rex” nous rappelleront ensuite qu’à leurs débuts, leurs modèles se nommaient plutôt Editors ou Interpol. Ce n’est désormais plus tout à fait le cas, mais ils ont au moins le mérite d’explorer de nouveaux horizons. Alors, make or break ? Si l’on se cantonne à la deuxième partie du set, il n’y a aucune raison de voir chavirer le navire…

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