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Mogwai tout en puissance à l’AB

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Mine de rien, cela fait déjà presque vingt ans que les Écossais de Mogwai ont posé les bases du post rock et malmènent les tympans des mélomanes avertis au gré de leurs humeurs. Sans faire de bruit (au figuré seulement…), ils sont parvenus à remplir deux soirs d’affilée l’Ancienne Belgique à l’occasion de la sortie de leur huitième album, “Rave Tapes”. C’est lors de la première date que l’équipe de Music in Belgium a été conviée. Généreux, Mogwai est également un groupe qui a excellent goût puisque Matthew Barnes, alias Forest Swords, avait été invité pour ouvrir la cérémonie le samedi 1er février. Vu l’horaire inhabituel (début des hostilités à 19h30), il ne fallait en tout cas pas traîner pour avoir le plaisir de voir le musicien à l’œuvre. Encore que, le terme semble mal choisi car le show s’est déroulé dans la pénombre. Seuls les reflets des projections de fonds marins ou de végétaux en images de synthèse vont apporter une lueur relative tout en illustrant parfaitement les ambiances élaborées par le bonhomme.

Il est accompagné d’un bassiste qui lui fait face et qui amène une touche presque sinistre à des compositions sombres dont la direction dub minimaliste et paradoxalement empreinte de noirceur, a de quoi surprendre. Le tout est sporadiquement bercé par des voix que l’on assimilerait volontiers à des incantations, appuyant la sensation d’un univers particulièrement mystique. Lorsqu’une guitare fait son apparition (après une bonne vingtaine de minutes), ce n’est que pour rendre l’ensemble encore un peu plus déroutant. Le sorcier sera de retour à l’AB Club le dimanche 6 avril prochain. Ne traînez pas, le concert du soir est déjà complet mais une séance anticipative est désormais prévue à 15h ce jour-là.

Jamais à court de projets, les bonhommes de Mogwai n’ont pas chômé depuis la sortie de leur dernier album (“Hardcore Will Never Die, But You Will”) en février 2011. Ils ont notamment publié un EP quelques mois plus tard (“Earth Division”), un album de remixes en 2012 (“A Wreched Virile Lore”) et la BO de la série télévisée “Les Revenants” l’an dernier. Le tout avec l’application qui les caractérisent et en ligne de mire la suite de leur discographie officielle, mise à jour depuis peu suite à la publication de “Rave Tapes”, un nouvel album qui a de quoi surprendre.

En effet, ce disque, plus tempéré que les précédents, propose même des incursions dans des contrées peu ou pas explorées dans leur chef. Plus calme également (encore que, tout est relatif…), à l’instar de “Heard About You Last Night”, la plage d’intro axée sur un piano en crescendo qui sera également celle du concert de ce soir, entamé à 20h40 précises.

À l’arrière de la scène est accrochée une énorme toile à l’effigie du nouvel album, composée de formes géométriques aux couleurs criardes. Trois structures métalliques bardées de spots surplombent les musiciens qui vont passer le début du concert à se laisser emporter par leurs compositions envoûtantes à plus d’un égard, à l’instar de “Friend Of The Night” qui fera ensuite place aux premières envolées sonores de la soirée au travers de “Travel Is Dangerous”, un des rares titres chantés à figurer sur la set-list.

À droite de la scène, le charismatique guitariste chauve Stuart Braithwaite (dont l’instrument arbore fièrement un autocollant de son pays d’origine) va presque systématiquement remercier le public entre les chansons. Un public particulièrement respectueux qui appréciera à sa juste valeur le prenant et cynique “I’m Jim Morrison, I’m Dead” ou qui se recueillera sur le classique “Take Me Somewhere Nice” agrémenté du violon de Luke Sutherland, le fidèle musicien de tournée. Sur un ampli à proximité de la batterie trône un hibou devant lequel les musiciens viendront se prosterner tout en provoquant des larsens.

Contrairement à My Bloody Valentine qui avaient joué à un niveau sonore anormalement bas en septembre dernier, ils vont pousser le volume dans le rouge mais le son sortira tellement cristallin des haut-parleurs que les tympans ne souffriront à aucun moment. Pourtant, un musclé “Master Card” (sans doute le nouveau titre le plus solide) et un “Rano Pano” toutes guitares en avant auraient sans doute commis des dommages irréparables entre les mains d’un autre groupe.

Avec “The Lord Is Out Of Control” et l’excellent “Remurdured” bourré de percussions apparaîtront de nouvelles influences, plus électroniques, sans pour autant succomber aux sirènes des boîtes à rythme. Il n’empêche que l’on ne peut s’empêcher de penser à Kraftwerk même si, sur scène, cette référence se remarque moins que sur le disque. Des jeux de lumière affolants vont alimenter cette vision alors qu’un étourdissant “Mexican Grand Prix” avec l’ami Sutherland au micro va stopper les débats à un moment où l’on ne s’y attendait pas vraiment.

Les rappels vont envoyer une nouvelle salve de décibels dans les oreilles d’une audience clairement en attente du coup de grâce. Si “Deesh” sera probablement le nouveau titre le moins convaincant du lot, “New Paths To Helicon Pt.1” (la Pt.2 ayant été jouée pendant le set principal) va engendrer une chaise musicale des instruments. Entamé de manière très douce, il se terminera avec trois guitares dont le volume frisera l’entendement. Mais cela ne sera rien à côté de “We’re No Here” dont le final stroboscopique précédera une dernière dose de larsens dans un environnement chaotique.

Au vu de la prestation de ce soir, les natifs de Glasgow ont peut-être l’air de s’être assagis (en apparence seulement) mais leur niveau de virtuosité s’en est retrouvé décuplé. Cela donne en conséquence des moments plus subtils qui contribuent à l’équilibre du set. En tout cas, si l’on se réfère à la razzia sur le stand merchandising, nombreux sont les fans qui leur vouent un véritable culte. Pas mal pour un groupe qui a façonné son monde bien à lui…

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