Maxïmo Park dans une forme olympique au Bota
À l’instar de Bombay Bicycle Club la veille, Maxïmo Park entamait sa tournée européenne par l’Orangerie du Botanique ce lundi 10 février avant de filer vers le Melkweg d’Amsterdam. Mais contrairement aux premiers cités, les natifs de Newcastle ont eu un peu plus de mal à attirer un public dans une salle qu’ils avaient pourtant déjà remplie à l’époque. Cela ne les a pas empêchés de donner une prestation exemplaire… Le parallèle (peut-être devrions-nous désormais parler d’écart) entre les deux groupes ne s’arrêtait pas là puisqu’ils ont chacun sorti leur nouvel album une semaine plus tôt, avec des fortunes diverses à la clé. Ainsi, pendant que “So Long, See You Tomorrow” donnait à la formation de Jack Steadman un premier numéro un anglais, celle de Paul Smith devait se contenter d’une modeste septième position avec “Too Much Information”, pourtant de très bonne facture.
Le groupe choisi pour assurer la première partie n’était pas tout à fait inconnu puisque His Clancyness avait déjà joué en support de Deerhunter à l’Ancienne Belgique en mai dernier. Il s’agit du projet parallèle de Jonathan Clancy, habituellement actif au sein de A Classic Education, un band italien au son très british. Inutile de vous dire que le fait de se retrouver entouré d’autres acolytes ne modifie en rien ses influences, si ce n’est qu’il a tout le loisir de les assumer pleinement.
Un premier album sorti entre-temps, “Vicious”, sera largement visité ce soir. Sur scène, les quatre musiciens ont du mal à garder une ligne directrice et leur prestation va dès lors emprunter une tournure déroutante. Mélodies new wave bardées d’une guitare tranchante, Lloyd Cole version rockabilly ou atmosphères sombres au beat soutenu à la Beach Fossils, il y en aura pour tous les goûts et ils auraient peut-être mérité davantage d’attention au stand merchandising à la sortie du concert. Ils seront de retour à Liège (au Centre Poly-Culturel Résistances) le 23 février prochain. A bon entendeur…
La dernière fois que Maxïmo Park a joué au Botanique, c’était il y a moins de
dix-huit mois. Le fait de les voir déjà revenir avec un nouvel opus (le cinquième) et une tournée peut surprendre à une époque où la production discographique se limite souvent à un disque tous les deux ou trois ans. Mais à l’écoute de “Too Much Information” (envisagé au départ comme un EP de 5 titres), on se rend compte qu’ils débordent d’inspiration et qu’il aurait été stupide d’attendre une quelconque stratégie élaborée par un professionnel du milieu pour balancer ces compositions dans le domaine public.
La preuve d’emblée avec “Give, Get, Take”, qui va instantanément prendre les spectateurs à la gorge, suivi d’un “Our Velocity” à peine plus sage. Paul Smith, personnage haut en couleur qui partage l’homonymie avec un célèbre styliste britannique, s’inspire sans doute de celui-ci lorsqu’il s’agit du bon goût vestimentaire. Costume impeccablement coupé au motif délicat, chemise de grande classe boutonnée jusqu’au cou, chapeau vissé sur le crâne, peu de frontmen dans le milieu peuvent prétendre à autant d’élégance, même sans cravate.
Comme à sa bonne habitude, le leader va éclipser ses camarades de scène et donner de sa personne. Jamais à court d’idées lorsqu’il s’agit d’amuser la galerie, il va régaler les spectateurs avec ses poses, ses déhanchements suggestifs, ses regards malicieux, ses grimaces et surtout sa condition physique, même s’il évite désormais les grands écarts (la légende raconte qu’à l’époque, il faisait renforcer ses pantalons de costume à hauteur de l’entre-jambe pour éviter tout accident gênant). Son humour et son excellent contact avec le public contribueront par ailleurs à augmenter son capital sympathie.
Bref, avant d’entamer “The Coast Is Always Changing” et “The National Health”, il avait déjà laissé tomber le veston. Un début de set à du cent à l’heure qui va prendre une tournure momentanément plus calme avec le surprenant mais excellent “Brain Cells”, un des meilleurs extraits de “Too Much Information”, malgré des sons synthétiques un peu cheap et une guitare sinistre. A ce propos, et contrairement à des groupes comme Kaiser Chiefs ou les Subways avec qui ils partagent la promotion 2005 et qui se contentent souvent du minimum syndical, ils ne seront pas avares en nouvelles compositions.
A côté du langoureux “Leave This Island”, “The Ink Will Never Dry” prendra une direction plus musclée sur scène grâce à la guitare de Duncan Lloyd particulièrement mise en exergue. Le claviériste Lukas Wooler va lui aussi s’en donner à cœur joie vu l’environnement électronique ambiant de la plaque. Finalement, seul “Her Name Was Audre” aura une consonance plus classique alors que le curieux final “Midnight On The Hill” aurait pu être enregistré par des nouveaux romantiques au début des années 80.
Bien entendu, ils vont parallèlement s’attarder sur leur back catalogue et démontrer qu’ils ont accumulé au fil des ans un paquet de titres diablement efficaces parmi lesquels on pointera notamment une impeccable version d’“I Want You To Stay”, un “Limassol” stroboscopique et un puissant “Apply Some Pressure”. Mais un “Questing, Not Coasting” retravaillé fera également bonne figure aux côtés du plus rare “A Fortnight’s Time” ou d’un “Girls Who Play Guitars” qui va déchaîner la foule.
Si les rappels débuteront dans le calme au son de “Where We’re Going”, la suite réservera une surprise à un spectateur qui avait réclamé un titre pendant le set principal, que le groupe décidera de jouer malgré son absence sur la set-list. Et il faut bien avouer que le traitement qu’ils vont réserver à “By The Monument” devrait les inciter à refaire le coup chaque soir. C’est au terme de “Going Missing” que Paul Smith saluera le public auréolé d’une prestation exécutée avec un cœur grand comme ça. Pas sûr qu’au final Bombay Bicycle Club ait été plus convaincant le jour précédent…