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Franz Ferdinand : right time, right place, right band

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Presque dix ans jour pour jour après avoir littéralement retourné la Rotonde du Botanique (c’était le 4 mars 2004), les Ecossais de Franz Ferdinand ont démontré qu’ils n’avaient rien perdu de leur fougue devant un nombre infiniment plus important de spectateurs puisque c’est à Forest National qu’ils se sont produits ce vendredi 7 mars en support de leur quatrième album, “Right Thoughts, Right Words, Right Action”. Pour entretenir les bonnes relations, le chef Alex Kapranos avait invité Citizens! en vue de leur faire assurer l’avant programme. C’est en effet lui qui avait produit “Here We Are”, le premier album du groupe en 2012 après être tombé sous le charme d’une démo des Londoniens. Ceux-ci sont emmenés par le chanteur Tom Burke dont le timbre de voix (sur scène en tout cas) se rapproche étonnamment de celui de Hot Chip. Musicalement, même si les synthés sont abondamment mis en avant, on est loin des explorations sonores du groupe d’Alexis Taylor.

Relativement inconnus par ici, ils commencent à jouir d’une petite réputation grâce notamment à l’utilisation d’un de leurs titres (“Reptile”) illustrant une publicité pour une entreprise agro-alimentaire. Il s’agira d’un des moments-clés de leur mini prestation, au même titre que les entraînants “(I’m In Love With Your) Girlfriend” et “True Romance”. Mais même s’ils y mettent tout leur cœur (trois guitares sont parfois en action), la salle paraît bien trop grande pour eux et l’attention retombe malheureusement assez vite. Un deuxième album devrait sortir à l’automne et si une tournée cadrant davantage avec leur profil est organisée dans la foulée, on sera les premiers à y assister.

Soyons réalistes, le troisième album de Franz Ferdinand (“Tonight: Franz Ferdinand” en 2009) n’a pas rencontré le succès escompté. Suivra une période de doute quasi fatale au quatuor de Glasgow qui reviendra timidement sur le devant de la scène au Dour Festival en 2012 pour une prestation sous une pluie intense où quelques nouveaux titres seront présentés. Il faudra attendre une année supplémentaire avant de se rendre compte que le break en question leur a finalement été profitable.

Ainsi, leur set au Pukkelop en août dernier respirait la grande forme et la sortie de leur nouvel album, “Right Thoughts, Right Words, Right Action” quelques jours plus tard allait définitivement ôter les derniers doutes. Ils sont revenus à la formule qui les avait fait exploser à l’époque, une pop indie directe, accessible et arty, destinée à “faire danser les filles” (ce sont leurs dires).

Lorsque la salle a été plongée dans l’obscurité, deux énormes tableaux d’affichage inspirés du hall d’attente d’un aéroport sont apparus à l’arrière de la scène, au milieu desquels étaient projetées des figures géométriques en mouvement. Les musiciens ont ensuite amorcé la soirée avec “Bullet” dans une ambiance des grands soirs que “The Dark Of The Matinée” fera instantanément grimper de plusieurs crans juste après.

Les musiciens, sapés à l’identique, portent une tenue aux motifs arlequins sobres qui leur donnent un charme désuet, à l’instar de la nouvelle coiffure mi-longue de Nick McCarthy, qu’Elvis n’aurait pas reniée dans les années 70. Le bassiste Bob Hardy, quant à lui, porte désormais la barbe, ce qui le rend moins bébé joufflu qu’à l’accoutumée. Seuls Alex Kapranos et le batteur Paul Thomson restent pareils à eux-mêmes mais tous sont déterminés à rattraper le temps perdu et à prendre du plaisir sur scène.

Un plaisir qui sera communicatif et à peu de choses près, permanent. Si l’on excepte un “Fresh Strawberries” moins percutant, les nouvelles compositions se fondent à merveille dans la set-list, qu’il s’agisse d’un “Evil Eye” réarrangé dancefloor, d’un “Love Illumination” entêtant ou d’un “Stand On The Horizon” à la vibe disco. Ce dernier titre fera d’ailleurs partie intégrante d’une sorte de medley incluant “Can’t Stop Feeling” et “No You Girls” sur la rythmique langoureuse du “I Feel Love” de Donna Summer.

Revenons un instant sur les projections qui méritent vraiment une attention particulière. Chaque titre a en effet droit à son environnement visuel diffusé sur des languettes verticales flexibles pour un résultat particulièrement réussi (le groupe remerciera d’ailleurs chaleureusement les concepteurs du light-show). Par contre, lorsque les spectateurs lèvent les bras et entament des vagues (notamment pendant “Brief Encounters”), on se pose des questions. On avait déjà assisté à pareille expérience lors du concert d’Arctic Monkeys dans la même salle en novembre dernier. Il faut croire que c’est le lot à payer pour les artistes qui deviennent mainstream…

Enfin, soit. Que cela ne nous fasse pas perdre de vue que si le groupe se trouve là où il est aujourd’hui, c’est d’abord et avant tout grâce à sa faculté de composer des hits crédibles qui vont émailler la soirée : “Lucid Dreams” dans une version exempte de ses habituels délires sonores, “Walk Away” plus mélodieux que jamais, un “Michael” d’une puissance rare et un toujours aussi incroyable “Take Me Out”, qui fera trembler Forest National sur ses fondations.

Preuve d’une confiance et d’une complicité retrouvées, ils termineront le set principal avec “Ulysses” bourré d’effets vocaux précédé de l’explosif “This Fire” qui servira de show à Alex et Nick. Ceux-ci se retrouveront perchés sur des blocs en forme d’escaliers de part et d’autre de la scène, guitare au poing, pendant que le public chantait à tue-tête.

La soirée ne pouvait pas s’arrêter de la sorte et les rappels seront généreux, à défaut d’être constants. Si “Right Action” (que l’on aurait bien vu en intro du concert) tiendra toutes ses promesses, “Evil And A Heathen” dans une version saccadée et “Outsiders” beaucoup trop axé percussions feront légèrement retomber la sauce, malgré des riffs incendiaires. Heureusement, le très bon (et de circonstance) “Goodbye Lovers And Friends” va faire en sorte de terminer la soirée en conquérants. En cette année de célébration de la Grande Guerre, le Franz Ferdinand le plus célèbre n’est peut-être plus celui mentionné dans les livres d’Histoire…

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