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Sophia dévoile (un peu) son avenir musical

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Alors que
There Are No Goodbyes
, son dernier album en date, est sorti voici déjà presque cinq ans, Robin Proper-Sheppard alias Sophia se rappelle à nos bons souvenirs via un nouveau titre disponible sur le net et une mini tournée belge qui faisait escale à l’Orangerie du Botanique ce jeudi 20 mars. Mais avant de faire le point sur l’état affectif de l’artiste, place à la première partie signée New Found Land, qui est en réalité le projet d’Anna Roxenholt, une Suédoise installée depuis de nombreuses années à Berlin (son anglais est d’ailleurs parsemé de petite pointes d’accent teuton). De formation classique, elle a finalement opté pour une carrière dans le milieu du rock qui lui permet de toucher davantage de gens au travers de ses trois albums publiés depuis 2009.

Physiquement, elle a le faciès de Robyn en plus strict et une féminité toute relative (la faute aux cheveux courts ?). Si l’on se concentre sur la musique, deux influences qui font directement référence à ses origines s’entrechoquent. Ainsi les mélodies pop distillées par un synthétiseur (il n’y a pas de basse) viennent adoucir une rigidité bien présente dans la voix et l’attitude. Encore que, lorsqu’elle part dans un délire à la Vampire Weekend, cela fonctionne relativement bien. Mais dans l’ensemble, on serait curieux d’entendre ses compositions dépouillées, libres de tout artifice.

La tournée de Sophia (trois dates à Genk, Courtrai et Bruxelles) était au départ prévue pour la fin octobre, mais a été reportée à l’époque car Robin Proper-Sheppard était toujours en train de travailler sur de nouvelles compositions. Presque six mois plus tard et, mis à part “It’s Easy To Be Lonely” disponible via le Bandcamp du groupe, il en est visiblement toujours au même stade. Mais cette fois, il assume et promettait même l’un ou l’autre nouveau titre pour l’occasion.

C’est en tout cas tout sourire qu’il est apparu sur scène, guitare et set-list à la main, s’excusant de ne pas encore avoir un nouvel album à promotionner avant de se lancer dans “The Sea”, classique titre d’intro qui a la faculté de directement emporter les esprits dans l’univers mélancolique du bonhomme. Il sera suivi du non moins troublant “So Slow”, première composition de Robin après l’aventure The God Machine suite au décès du regretté bassiste Jimmy Fernandez il y a vingt ans, à qui il sera dédié.

Un début tout en douceur qui nous permettra d’observer les six musiciens sur scène parmi lesquels on retrouve un joueur de pedal steel guitar dont les parties seront parfaitement intégrées à l’ensemble et un violoniste aux interventions magiques (sur “Razorblades” notamment). Robin ne quittera pas sa guitare et jouera continuellement les yeux mi-clos, comme pour s’immiscer plus encore dans ses compositions majoritairement autobiographiques.

Comme à sa bonne habitude, il conversera longuement entre les morceaux, racontant ça et là des anecdotes plus ou moins dispensables mais souvent très drôles. Il parlera régulièrement de “la maman de sa fille”, laissant supposer que sa chanson préférée actuelle ne doit pas être celle de Pharrell Williams et qu’une rechute n’est pas à exclure (“Are You Happy Now”, “If Only”). Un comble en cette journée du bonheur.

Ceci dit, c’est tout de même lorsqu’il se lâche qu’il devient le plus convaincant, surtout que son groupe le suit à fond dans sa démarche. Il suffit de voir ce que des titres comme “Desert Song No.2”, “Oh My Love” et “Bastards” provoquent comme réaction dans le public pour s’en convaincre. Un public qui sera particulièrement respectueux lors des intermèdes ou pendant les compositions les plus douces (“Ship In The Sand” aux guitares très “Lullaby”, “I Can’t Believe The Things I Can’t Believe”).

Mais voilà qu’arrive “The River Song” et toujours pas une nouvelle chanson à se mettre sous les oreilles. On sait que, traditionnellement, il s’agit du dernier titre du set mais on fait abstraction de tout jugement le temps de s’en prendre plein la figure, surtout que la version proposée ce soir sera dantesque. Comme craint, le groupe quittera ensuite la scène au terme d’un déluge sonore assourdissant.

Robin reviendra seul sur scène avec son instrument pour un premier rappel résultant d’une requête presqu’unanime du public, “The Death Of A Salesman”, qu’il réussira à foirer en plein milieu en oubliant les paroles… Il se rattrapera avec ses musiciens lors de l’interprétation de “Birds” mais les faits sont implacables. Jusqu’ici, on aurait pu, à peu de choses près, assister au même concert en 2006…

Heureusement, il allait alors limiter l’exaspération de ceux qui voulaient découvrir quelque chose de neuf en se lançant dans deux nouvelles compositions, même si elles ne révolutionneront pas le style de Sophia. “The Drifter”, tout d’abord, un rien pleurnichard malgré des parties de claviers “joyeuses” alors qu’une troupe de musiciens (dont des membres de Horses) investira ensuite la gauche de la scène autour d’un seul micro pour une impeccable version du précité “It’s Easy To Be Lonely”. Ce titre addictif et parfaitement construit devrait théoriquement rapidement atteindre le statut de classique.

Les spectateurs présents pourront désormais l’écouter à profusion puisqu’un code pour le télécharger gratuitement sera distribué à la fin du concert, accompagné d’une version acoustique de “There Are No Goodbyes” et d’une autre, musclée, de “The River Song” enregistrée lors de son passage à l’AB en 2004. Une manière habile de boucler la boucle mais, au risque de tomber dans le circuit nostalgie, son prochain passage devra impérativement être accompagné de la sortie d’un nouveau disque…

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