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Le retour de Novastar à l’AB en deux vitesses

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Il faut vraiment s’appeler Novastar pour réussir à disparaître de la circulation pendant six ans et revenir sans crier gare sur le devant de la scène sans perdre une once de popularité dans l’aventure. Joost Zweegers se produisait à l’AB dans sa version semi-assise (et sold out) ce mardi 6 mai en support d’“Inside Outside”, un quatrième album que l’on n’attendait plus. Dans la salle, un public majoritairement néerlandophone et dans la force de l’âge, qui préférait les coupes de champagne aux verres de bière et qui allait être surpris (apeuré ?) par la première partie. Car les trois bonhommes de Ganashake n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Après une intro aux lointaines influences blues, la machine s’est mise en route en privilégiant les riffs de guitares nerveux aux mélodies radiophoniques.

Entre Triggerfinger auquel il manquerait le charisme et Black Box Revelation en moins brut, ils font surtout penser aux Kings Of Leon d’avant “Sex On Fire”, ce qui n’est pas négatif en soi. A ce propos, la voix du chanteur (dont la veste en cuir restera zippée jusqu’au cou pendant toute la prestation) est incroyablement proche de celle de Caleb Followill, d’autant qu’il force sans arrêt sur ses cordes vocales. Mais c’est surtout la fin du set qui vaudra le détour lorsque leurs compositions patiemment travaillées et intelligemment construites prendront tout leur sens. Encore fallait-il tenir jusque là…

Joost Zweegers alias Novastar aura donc mis six ans avant de donner une suite à “Almost Banger”, son album précédent. Il est vrai qu’il n’est pas réputé pour sa rapidité mais cette fois, on était à deux doigts de penser qu’il avait raccroché. Produit par le légendaire John Leckie (The Stone Roses, The Verve, Muse,…), “Inside Outside” a atteint la première place de l’Ultratop van Vlaanderen dès sa sortie, malgré des compositions plus difficiles d’accès que par le passé.

Introduit par une surprenante et envoûtante guitare exotique, “In Love With Another” marquera le début d’un set dont la première partie sera précisément intégralement consacrée à cette nouvelle plaque. Un pari risqué devant un public qui attendait visiblement autre chose. Celui-ci va d’ailleurs rester anormalement calme pendant la majeure partie du spectacle. Visuellement, le décor simple remplit son rôle à la perfection. Trois écrans carrés qui ressemblent à des grilles de barbecue géantes s’illuminent en concordance avec l’immense rideau derrière le groupe pour un résultat garanti.

Sur scène, le leader est quant à lui passablement nerveux. Il passera à côté d’un énigmatique “So Softly” alors que pendant “Faith In You”, on le voit déjà transpirer abondamment. Mais il manque quelque chose. Sans doute de la confiance ou des automatismes car son groupe est parfait, même si les regards complices avec les musiciens (un fichu bon guitariste, un bassiste qui ne tient pas en place et un batteur diablement expressif) se transforment régulièrement en gestes brusques et autoritaires. Car le boss, c’est lui…

Il faudra toutefois attendre près de vingt-cinq minutes pour commencer à vibrer lors du final de “Kabul”, un titre relativement anodin sur disque mais au potentiel réel en live. Et c’est à ce moment que le déclic se produira. Avec “Silvery Rain” tout d’abord qui fera enfin grimper la température d’un cran et “Closer To You” ensuite, sans doute le meilleur extrait du nouvel album (comprenez le plus évident).

Les spectateurs, en tout cas, commencent à vibrer et à retrouver le Novastar qu’ils étaient venu voir, celui qui leur avait laissé tellement de bons souvenirs (le concert d’octobre 2008 dans cette même salle était tout simplement grandiose). Cela s’est particulièrement ressenti lors de “Mars Needs Woman” qu’ils reprendront en chœur et de “When The Lights Go Down On The Broken Hearted”, entamé au piano avant d’exploser de manière jouissive.

Et que dire d’“Inside Outside” au final hispanique majestueux (encore un titre qui donne nettement mieux en concert). Le guitariste qui l’accompagne est tout simplement époustouflant et aura de nouveau l’occasion de se mettre en valeur sur “Because”, véritable hit single parsemé d’envolées dignes des guitar bands des seventies. Un dernier titre parfait en guise de conclusion du set principal.

Ils reviendront trois fois pour des rappels qui vont se concentrer exclusivement sur leur back catalogue. Ceux-ci vont toutefois débuter curieusement avec Joost Zweegers qui entamera l’intro de “Tunnelvision” à la guitare acoustique avant de laisser tomber instantanément le morceau et de filer au piano pour jouer “Lost & Blown Away” à la place, avec de nouveau des riffs captivants que les couples enlacés ne remarqueront sans doute pas. “Never Back Down”, juste après, les ramènera à la réalité, surtout que Joost va se lâcher complètement.

Sans surprise, “The Best Is Yet To Come” (en solo au piano dont les premières mesures seront jouées dans le noir complet) et “Wrong” en full band vont amener le public à l’extase. À leur place, on aurait arrêté là car le troisième rappel sera celui de trop. “Cara Mia” a beau être une magnifique composition, elle doit être jouée avec toute la délicatesse qui la caractérise afin de la laisser se développer patiemment. Question de timing, sans doute. S’il n’est pas simple de remonter sur scène après autant de temps, la deuxième partie du set démontre que d’ici quelques concerts, ils seront tout à fait au point. Rendez-vous aux Lokerse Feesten le 6 août pour vérifier cela.

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