Yes envoûte l’AB pendant plus de 3 heures

Actif depuis plus de 45 ans sur la scène musicale mondiale, le groupe Yes était récemment de passage à l’AB pour un concert déjà mythique de plus de trois heures. Un très grand moment musical qui restera gravé dans la mémoire de tous les spectateurs présents ce jour-là ! Par les temps qui courent et pour compenser des ventes de disques en chute libre, nombre de groupes plus ou moins anciens se reforment et remontent sur scène histoire de faire fonctionner le tiroir-caisse. À côté de cela, il y a aussi des groupes qui n’ont jamais arrêté de tourner. C’est le cas de Yes, groupe fondé il y a déjà 45 ans. D’une créativité étonnante, Yes sortira aussi bientôt un nouvel album intitulé «Heaven & Earth», qui est en phase finale de production. En attendant cet heureux événement musical, les vieux de la vieille ont décidé de se faire plaisir en proposant à leurs fans ravis une tournée intitulée «The Three Album Tour» au cours de laquelle ils jouent intégralement trois albums qui ont marqué l’histoire du groupe: «The Yes Album», «Close To The Edge» et «Going for the One».

L’Ancienne Belgique est remplie d’une foule de fringants quinquas venus se délecter de cette affiche on ne peut plus alléchante pour tout fan de Yes qui se respecte. Vu la longueur annoncée du concert, pas de première partie. Muni de mon photopass, le sésame qui me permet de vous ramener quelques clichés des divers événements musicaux auxquels j’assiste pour Music In Belgium, je prends place dans ce que les habitués appellent le pit. Contrairement à l’usage, les photographes ne pourront prendre des photos que pendant le premier morceau (au lieu de trois habituellement). Consolation : ce morceau dure 20 minutes…

Quand s’éteignent les lumières de la salle et que les clameurs s’élèvent pour accueillir Chris Squire (basse), Steve Howe (guitare), Alan White (batterie), Geoff Downes (claviers) et Jon Davison (chant), j’ai un coup au cœur. Leur démarche claudiquante trahit leur âge et je me dis qu’un concert de 3 heures, cela ne va pas le faire pour ces augustes vieillards. Pourtant, dès l’instant où ils empoignent leurs instruments, comme par un coup de baguette magique, ils sont transcendés par la musique et le charme opère.

Après la suite de l’Oiseau de Feu de Stravinsky, la soirée commence par l’album «Close To The Edge» (5e album, sorti en 1972). Assez étonnamment, cet album a extrêmement bien vieilli. Les mélodies très prog des deux tétralogies «Close To The Edge» et «And You And I» restent étonnamment modernes malgré leur âge. Le morceau «Siberian Khatru» termine le premier tiers de ce concert-fleuve. La virtuosité de Steve Howe à la guitare et de Chris Squire à la basse m’impressionne toujours autant. Car en plus d’une technique irréprochable, ils ont un sens inné de la musicalité et des émotions que la musique peut véhiculer.

Au chant, la nouvelle recrue Jon Davison a une tenue hippie et une gestique parfaitement raccord avec l’époque à laquelle ces morceaux ont été composés. Tant par sa voix que par sa gestique, il évoque immanquablement Jon Anderson. Force est de reconnaître qu’il retire parfaitement son épingle du jeu.
On embraie avec les cinq titres de l’album «Going For The One» (8e opus du groupe, sorti en 1977) qui fut un grand succès du groupe, tant sur le plan commercial qu’auprès des critiques. Grâce sa proximité vocale avec Jon I (Anderson), Jon II (Davison) fait mieux qu’assurer un simple remplacement. Si sa voix me semble parfois manquer un peu de puissance, elle est en tout cas juste à chaque instant, même dans les notes hautes. Il s’aide aussi d’un tambourin et d’une petite table de percussion à côté de son micro. Le tout sur fond d’images et de couleurs psychédéliques projetées sur un écran à l’arrière de la scène. Bref, du Yes pur jus.

Après une pause qui me permet de vérifier le bon fonctionnement des pompes à bière du bar, on reprend pour la dernière ligne droite avec le «Yes Album» de 1971, premier album de Steve Howe au sein de la formation anglaise. Parmi les temps forts, je m’en voudrais d’oublier le célébrissime «Clap» qui permet au grand Steve de faire étalage de son incroyable virtuosité et le cultissime «Starship Trooper». Aux claviers, Geoff Downes se la joue un peu théâtral par moment. Comme il joue le plus souvent dos au public, c’est lui qu’on voit le moins (bien). Derrière ses fûts, Alan White assure toujours comme un pro. Il faut dire qu’il a des kilomètres au compteur et qu’il a joué avec une pléiade d’artistes. Le fait est que personne ne peut affirmer ne l’avoir jamais entendu jouer, puisque c’est lui qui tient les baguettes sur l’incontournable «Imagine» de John Lennon…

Il est inconcevable d’assister à un concert de Yes sans entendre «Roundabout», ce qui sera chose faite lors du rappel. Le public est en extase. Pari gagné pour les vétérans du rock prog qui, même s’ils commencent à être un peu moins fringants (physiquement parlant), restent des monstres sacrés dans leur discipline respective. De quoi passer encore quelques bons moments! Voilà qui augure donc bien pour la sortie de leur nouvel album début juillet.

Alors que la salle commence à se vider, ma soirée n’est pas encore entièrement terminée. Grâce à un ami (qui se reconnaîtra), j’ai en effet encore droit au traitement VIP. Après quelques minutes d’attente, nous nous retrouvons donc à une petite dizaine au bar à gauche de la scène de l’AB pour une rencontre avec le groupe. Tout est réglé comme sur du papier à musique: nous sommes coachés pour garantir que cette séance se déroule sans anicroche. Après avoir pu poser avec le groupe au grand complet, chacun a l’occasion d’échanger quelques mots et de faire signer deux objets par chaque membre du groupe avant de repartir avec affiche, dédicaces et t-shirt commémoratif. Malgré le côté un peu «commercial» de la chose, rencontrer des artistes d’un tel niveau reste un événement mémorable. Espérons qu’ils repasseront par la Belgique cette année pour la promo du nouvel album !

Setlist de Yes à l’Ancienne Belgique le 21 mai 2014 :
Intro: The Firebird Suite

Encore
15. Roundabout