Listen, it’s The KOOKS à l’AB
Ce n’est pas parce que l’on arrive tout doucement en fin de saison que l’Ancienne Belgique lésine sur les affiches. Ils ont même réussi un joli coup ce mercredi 11 juin en parvenant à inviter les Anglais de The Kooks pour leur permettre de présenter en primeur quelques extraits de leur futur quatrième album qui ne sortira qu’à la fin de l’été.
Le support avait été confié à un certain Johnny Lloyd qui n’est autre que l’ancien leader des défunts Tribes, un groupe Londonien qui a eu un semblant de succès avec son premier album (“Baby”) en 2012, avant de tomber dans l’oubli et que l’on avait notamment vus un étage plus haut à l’époque. Il est sur le point de sortir “Pilgrims”, un premier EP en solo produit par Blaine Harrison, le chanteur de Mystery Jets.
On ne peut toutefois pas tracer de parallèle évident entre les deux groupes. D’une part, le natif de Camden se produit ce soir en formule semi acoustique, simplement accompagné d’un second guitariste. D’autre part, le fait de jouer assis sur une chaise au bord de la scène enlève tout de même une grosse part d’énergie. Ceci dit, il a conservé cette voix douce et caverneuse à la fois qui rappelle celle de Johnny Borrell (Razorlight). On pourrait peut-être lui reprocher la durée relativement courte de son set mais un titre prenant comme “Dead Beat”, par exemple, impose le respect.
Après avoir terminé la tournée promotionnelle de “Junk Of The Heart”, les Kooks ont pris le temps de se replier sur eux mêmes pour faire le point, ne sortant de leur tanière qu’à de rares occasions. Ils ont ainsi officialisé le poste de batteur qui revient désormais à Alexis Nunez, en lieu et place de Paul Garred. C’est déjà lui qui tenait les baguettes lors de leur visite à Forest National un soir d’octobre 2011 mais il était alors en période d’essai.
Puisque leur quatrième album, “Listen”, arrivera seulement le jour de la rentrée scolaire, la prestation de ce soir était plutôt à considérer comme un galop d’entraînement. D’ailleurs, la capacité de la salle a volontairement été limitée à un gros millier de personnes. Et c’est avec “Down”, le premier single de cette plaque, que le groupe va prendre possession de la scène. Un titre saccadé et groovant bardé de riffs presque metal qui fait mine d’entrevoir une nouvelle direction pour le quatuor de Brighton.
Ce ne sera pas tout à fait le cas, même si le nouveau matériel proposé ce soir a des arguments à faire valoir (on y revient). Car en attendant, “Ooh La” et “Always Where I Need To Be” vont nous rappeler à leur bon souvenir. Luke Pritchard, qui va garder sa veste en cuir pendant une bonne partie de la soirée, ne tient pas en place, pour le plus grand bonheur des spectatrices qui vont manifester bruyamment leur, euh, disons… satisfaction (certaines vont également lorgner vers le bassiste Peter Denton).
Si les membres du groupe approchent désormais la trentaine, la moyenne d’âge de leur public, en revanche, à tendance à stagner et à se cantonner majoritairement aux adolescentes dont les cris stridents peuvent causer des dommages irréversibles aux tympans de leurs voisins. En même temps, c’est une situation qu’ils cultivent… Ils jouent devant une immense bannière noire sur fond rouge à l’effigie du groupe alors que des blocs de télévisions vintages derrière eux diffusent soit des images en direct soit des effets lumineux.
Les nouvelles compositions vont dans un premier temps montrer un groupe en pleine forme. En effet, “Bad Habit” et sa basse hyper présente prennent aux tripes, “It Was London” et son groove faussement disco donnent un effet dansant rafraîchissant au même titre que les percussions omniprésentes d’“Around Town”. Mais c’est surtout l’excellent “Westside” qui va instantanément sortir du lot, grâce à des nappes de synthé sombres et envoûtantes du plus bel effet. En revanche, “Forgive And Forget” va revenir vers une construction classique à la Kooks qui a tendance à mettre un peu trop de rondeurs pop au milieu de tout le reste.
“Listen” ne devrait donc pas fondamentalement révolutionner le son mis en place par le groupe depuis 2006. Au contraire, il devrait poursuivre la brochette de hit singles qui émaillent sa carrière, dont un large aperçu sera joué ce soir, à l’instar de “She Moves In Her Own Way”, “Eddies’s Gun” ou “Sway” qui n’ont rien perdu de leur charme. Sauf qu’on les préfère exempts de cris hystériques et cette perception va peser sur notre ressenti. Retenons tout de même un toujours aussi doux “Seaside” et un “Runaway” retravaillé. Plus tard, “Do You Wanna” et “Sofa Song”, un peu trop en roue libre à notre goût, vont clôturer le set principal alors qu’un Luke Pritchard hyperactif finira par nous fatiguer.
Est-ce pour cette raison qu’il remontera sur scène lors des rappels vêtu d’une sorte de combinaison rayée entre pyjama et déguisement de pantin qui irait comme un gant à Miles Kane ? Nul ne le sait mais son interprétation de “Junk Of The Heart (Happy)” n’en a pas été bonifiée pour autant. Sans surprise, “Naïve” va clôturer un concert certes bien ficelé, mais auquel il aura manqué un petit quelque chose pour passer au stade supérieur. Ils seront au Pukkelpop le 14 août pour la suite de leurs aventures.