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Dour Festival 2014 (Jour 2) : de la fraîcheur signée Klaxons, Band Of Skulls et The Notwist

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Deuxième étape de notre pèlerinage annuel dans la bourgade Douroise, véritable village temporaire à part entière l’espace de quelques jours. Un village où la température caniculaire allait atteindre des sommets ce vendredi et où le défi sera celui de trouver le moindre recoin d’ombre en n’oubliant pas de s’hydrater tout en profitant des concerts. Heureusement, les pompiers locaux allaient venir à la rescousse des festivaliers en les aspergeant généreusement à la grande lance. Un régal pour les photographes qui ont ainsi réalisé quelques clichés de choix. Pendant ce temps, Diablo Blvd faisaient exploser les enceintes de la Cannibal Stage avec leur rock couillu alors que Slow Magic, dans un registre radicalement différent, assommait le Dance Hall de ses percussions tribales, à l’instar de son masque clignotant.

Les choses sérieuses allaient toutefois débuter sur la Last Arena en plein cagnard avec Psycho 44, ce groupe anversois qui avait fait forte impression en première partie de Queens Of The Stone Age au Cirque Royal voici un peu plus d’un an. Depuis, ils ont sorti leur premier album, “Suburban Guide To Springtide” et leur rock garage énergique (quelque part entre les Pixies et Nirvana) auquel ils ajoutent de légères nappes électro, a de quoi séduire.


Mais on avait plutôt besoin de fraîcheur et c’est dans la voix presqu’enfantine de la ravissante Lara Chedraoui et de ses Intergalactic Lovers que l’on va trouver ce réconfort. Pour la petite histoire, on était déjà tombé sous leur charme la semaine dernière au Cactus Festival à Bruges sans avoir l’opportunité de réellement s’intéresser au phénomène. Les natifs d’Alost ont sorti récemment leur deuxième album, “Little Heavy Burdens” et comptent bien profiter de l’occasion pour tenter de franchir allègrement la frontière linguistique (ils seront notamment à l’affiche du Ronquières Festival début août). Leur indie pop entraînante agrémentée des pas de danse de leur chanteuse et d’une basse envoûtante devraient y faire fureur, à l’instar de leur hit “Delay”, repris en chœur par les nombreux néerlandophones présents sous La Petite Maison dans la Prairie.

Si les Français de Skip The Use ne rentrent pas trop dans le scope de votre webzine préféré, il convient tout de même de signaler que l’énergie débordante du chanteur va faire remuer la foule pendant un set bourré de dynamite, malgré les quarante degrés en plein soleil. Le chanteur, lui, a bien transpiré. Vu du bar, c’était parfait…

La suite immédiate de notre journée allait exclusivement se dérouler sous La Petite Maison dans la Prairie, où la programmation frôlait la perfection. Ce sont en effet les teutons de The Notwist qui ont entamé leur set sur un mode mineur avant que celui-ci ne gagne en intensité, au point de devenir une des prestations les plus intéressantes de la journée. Après avoir touché le gros lot avec leur album “Neon Golden” en 2002 (soit plus de dix ans après s’être formés), ils ont brouillé les pistes en fondant un projet parallèle, 13 & God, ne revenant à leur turbin habituel que sporadiquement. Ils n’ont ainsi sorti que deux disques depuis, dont le dernier en date (“Close To The Glass”) en début d’année.

Les bidouillages électroniques font bien évidemment partie de leur marque de fabrique mais, outre la voix désintéressée caractéristique du chanteur Markus Acher, ce sont les atmosphères tantôt lugubres, tantôt mondaines (on pense à du Venus sur “Into Another Tune” avec des cordes préenregistrées) qui font la différence. Ceci dit, ils peuvent aussi s’énerver de temps à autre mais en gardant toujours en ligne de mire cette touche expérimentale dont ils se sont fait une spécialité. Sans compter que “Pick Up The Phone” et surtout “Pilots” sont de fichus bons singles qui n’ont pas pris une ride. Dommage que le chapiteau soit resté à moitié vide…


C’était ensuite au tour de Band Of Skulls de venir présenter leur nouvelle plaque, “Himalayan”. Le trio originaire de Southampton s’est retrouvé un peu par hasard sur la BO d’un des volets du film “Twilight” avant de conquérir leur pays d’origine grâce à un blues rock qui prend tout son sens sur scène. On avait d’ailleurs été très déçus de devoir choisir le 2 avril dernier entre leur concert du Bota et celui de Metronomy à l’AB. Il était donc indispensable de se rattraper, surtout que l’album en question apporte une certaine diversité aux compositions du groupe chevelu, les rendant moins crasseuses.

Ce soir, ils vont débuter en force avec les deux premiers titres d’“Himalayan” (“Asleep At The Wheel” et la plage titulaire) et ne lâcher la pression qu’à de très rares moments, la voix rauque et la basse dictatoriale d’Emma Richardson menaçant de représailles ceux qui se risqueraient à quitter la tente. Ses deux compères barbus, musiciens hors pairs au cœur tendre (on aime beaucoup la rose déposée sur la batterie de Matt Hayward) vont rendre le set tout simplement prenant, exécuté toutes guitares en avant (le troisième larron, Russell Marsden sait y faire également). Extraits choisis : “You’re Not Pretty But You Got It Goin’ On”, “Hollywood Bowl” et l’excellent final, “Death By Diamonds And Pearls”. Mais la liste est longue. En d’autres termes, leur passage au Trix à Anvers le 24 octobre sera indispensable.

Sur la Last Arena, les petits plats avaient été mis dans les grands pour le décor qui allait servir de repaire à Within Temptation. On se rappelle qu’ici même, en 2006, c’est dans un château virtuel qu’ils s’étaient produits. Ce soir, on aura droit à deux têtes de dragon et à une volée d’escaliers, alors que la chanteuse Sharon den Adel n’enfilera pas un costume affriolant (en plus, les mauvaises langues diront qu’elle chantait en playback). À peu de choses près, ils vont proposer une version réduite de leur
prestation du 29 avril
au Lotto Arena d’Anvers auquel notre collègue Hugues Timmermans avait assisté.

Une petite collation au bar bières spéciales plus tard et nous voici de retour à La Petite Maison dans la Prairie pour les Klaxons. Rappelez-vous, ils étaient déjà prévus à l’affiche l’année dernière mais ils avaient été contraints d’annuler à la dernière minute et remplacés par Balthazar. Cette fois, ils sont bien là, avec un nouvel album sous le bras puisque “Love Frequency” est sorti le mois dernier. Ceux qui avaient révolutionné le monde musical et inventé la nu-rave en 2007 ont eu un peu de mal à sortir de la niche dans laquelle ils s’étaient engouffrés bien malgré eux. Ainsi, un deuxième album maintes fois reporté et produit finalement par le furieux Ross Robinson n’a pas eu le succès escompté.


Autant dire que la pression était bien présente au moment d’effectuer les choix qui allaient conduire à cette troisième plaque. Si sur disque, cela fonctionne assez bien, la retranscription scénique ne se fera pas sans mal. Était-ce un public qui n’attendait clairement que les hit singles (imparables, il est vrai, à l’instar de “Golden Skans” et “Gravity’s Rainbow”), la relative limite de la voix des bonhommes, continuellement haut perchée ou l’énergumène qui a grimpé tout en haut du pylône du chapiteau avant de se faire sortir manu militari par le service de sécurité ? Toujours est-il que leur set manquait de consistance. Ou plutôt de diversité. Reconnaissons toutefois la bonne tenue des petits nouveaux que sont notamment “There Is No Other Time” et “Invisible Forces”. Gageons que le 15 novembre prochain au Botanique, ces titres auront fait leur maladie de jeunesse.

Notre soirée allait se terminer dans les décibels avec le set extrême d’Atari Teenage Riot. Alec Empire et ses compères avaient déjà joué ici d’une manière musclée en 2010 mais c’était en plein air et la rare violence qui s’est dégagée de la Cannibal stage ce soir va surpasser de plusieurs niveaux la prestation d’alors. À un point qu’il était impossible de tenir sous le chapiteau sans bouchons tandis que les beats répétés et les hurlements ne faisaient que retourner les organismes des festivaliers. Un set à ne pas mettre entre toutes les oreilles.

C’est donc à moitié groggy que l’on s’est frayés tant bien que mal un chemin entre la masse de spectateurs venus se déhancher au son des DJs qui règnent en maître à Dour une fois les douze coups de minuit sonnés…

Photos © 2014 Olivier Bourgi

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