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Alcatraz Hard Rock & Metal Festival 2014 jour 1 : where are the beautiful people ?

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Après le déménagement de l’année dernière et la reconversion en festival ‘Open Air’, l’Alcatraz Hard Rock & Metal Festival continue son processus de transformation en événement majeur de l’été et se lance dans la grande aventure du format ‘deux jours’. Une septième édition couronnée de succès, et ce, malgré une météo en demi-teinte et une programmation dont la pertinence est sujette à débat. Convaincre Bernie le Keupon de se dépoussiérer le Nikon pour remettre les pieds dans un Festival Métal n’a pas été une mince affaire, mais j’y suis quand même parvenu. Mine de rien, c’est déjà le sixième ‘Alcatraz’ que nous couvrons ensemble pour Music In Belgium (NDR : seule la première édition (2008) manque au palmarès de notre improbable duo). Par chance, l’organisation de l’Alcatraz m’a fourni une carotte pour convaincre cet âne de photographe d’avancer en ajoutant Life Of Agony (l’un des groupes favoris de mon ami décérébré) à la programmation. Je vais donc pouvoir profiter de sa morne compagnie pendant deux journées consécutives.

Vendredi 8 août 2014. Obligations professionnelles (et distance) obligent, nous n’arrivons à Courtrai que vers 16 heures. Nous avons manqué les sets de Diablo BLVD et d’Avatar. Hellyeah, quant à lui, est encore sur les planches lorsque nous pénétrons sur le site. Nous nous plantons devant la scène pour assister à la fin de la prestation des Texans. Si je ne suis pas vraiment réceptif au groove métal (trop calibré ‘US’ à mon goût) du gang de Vinnie Paul (ex-Pantera) et Chad Gray (Mudvayne), je dois quand-même admettre qu’il dégage une certaine énergie et que l’accueil enthousiaste que lui réservent les détenus de l’Alcatraz est amplement mérité.

Malgré une évidente volonté d’expansion, l’organisation semble avoir voulu conserver le côté convivial qui à fait la réputation de son festival. Une seule scène accueille les groupes et l’on peut facilement converser, se balader, se restaurer ou chiner dans les boutiques du Métal Market dans l’intervalle qui sépare les prestations.


Le ciel de Courtrai, qui jusqu’ici se contentait d’être bêtement gris, accueille Lacuna Coil avec une trombe d’eau tandis que dans les boutiques, les ponchos de secours partent comme des petits pains. Il faut dire qu’à seulement deux euros le poncho, l’investissement semble plus que rentable (NDR : nous comprendrons trop tard qu’il ne l’est pas vraiment puisque les italiens seront les seuls à devoir subir la fureur des éléments durant toute la durée du festival). Malgré les conditions atmosphériques défavorables, Lacuna Coil délivre ce qui sera, à notre humble avis, le set le plus convaincant de la journée. Tout le mérite en revient à Cristina Scabbia qui, non contente d’être très en voix, n’hésite pas à affronter la pluie. Alors que son acolyte (Andrea Ferro) se contente de grogner à l’abri du crachin, la jolie milanaise harangue la foule depuis l’avant-scène et s’humidifie des cheveux aux bottes sans se soucier de la grosse couche de rimmel dégoulinante qui lui obscurcit le visage. Une prestation exemplaire !


L’heure tant attendue par Bernie est enfin arrivée. Excité comme une puce à l’idée de revoir ce Life Of Agony qu’il avait cru perdre définitivement en 2011, lorsque Keith Kaputo (chant) avait annoncé son intention de quitter le groupe pour entamer un processus de transformation sexuelle, la bête crêtue fait les cent pas dans le pit aux photographes. Comme c’est souvent le cas dans les concerts de groupes affiliés à la scène Hardcore, une poignée de fans privilégiés squatte la partie gauche de la scène. Mina Kaputo (NDR : c’est ainsi qu’ELLE se nomme désormais) se trouve parmi eux, prête à en découdre. Le concert débute par une tripotée de bombes extraites de l’album “River Runs Red” de 1993. Mina ressemble à Keith comme deux gouttes d’eau, si ce n’est qu’elle arbore désormais une (petite) poitrine flambant neuve et qu’elle se déhanche un peu plus que par le passé. Tout le monde ici, à l’Alcatraz, (votre serviteur compris) respecte les choix de la vocaliste et admire son courage. Je joins donc mes cris enthousiastes à ceux des autres pour saluer son entrée en scène. La transformation physique ne semble pas avoir eu d’influence majeure sur le timbre vocal de la môme Kaputo et les musiciens du groupe, visiblement heureux de remonter sur les planches avec elle, donnent tout ce qu’ils ont en virevoltant d’un côté à l’autre de la scène. Éjecté du pit après les trois premiers titres (comme tous les autres photographes), Bernie se plante à mes côtés. Le fan de la première heure est visiblement dépité. Je sais, par expérience, que le primitif qu’il est ne fait pas vraiment la différence entre les genres et que la transformation de son héros en héroïne ne l’affecte pas plus que cela. Inquiet de le voir aussi amorphe alors qu’il devrait sautiller de joie, je l’interroge sur les raisons de son désarroi. ‘Je suis déçu. Ils se sont vachement ramollis depuis la dernière fois que je les ai vus à l’AB !’, me rétorque t’il. N’étant pas vraiment fan du groupe et ne les ayant pas vu aussi souvent que lui, je me garderai bien de le contredire. C’est pourquoi son avis personnel tient lieu de position officielle dans ce compte rendu : les Life Of Agony sont devenus mollassons et leur prestation était un tantinet décevante. J’ajouterai seulement, à titre personnel, que je me serais bien passé de la minute de silence imposée par Mina afin de nous permettre de penser aux guerres qui se déroulent actuellement dans le monde… ces gonzesses, je vous jure, il faut toujours qu’elles en fassent des tonnes !


Il est 20 heures et il nous faut rouvrir l’épineux dossier Cradle Of Filth. Si j’ai toujours adoré les albums du combo anglais (NDR avec une légère préférence pour “Dusk & Her Ambrace”, “Cruelty And The Beast” et “Midian”), j’avoue n’avoir jamais apprécié de les voir sur scène. Comme toujours (je ne parle évidemment que pour les fois où je les ai vus), le son est brouillon et les ‘subtilités’ vocales de Dani Filth se perdent dans le mix. Ce dernier est d’ailleurs un peu ridicule, engoncé comme il est dans une tenue qui semble avoir été dessinée par l’un des costumiers en charge des déguisements des méchants de la série Power Rangers. A mes côtés, Bernie se bouche les oreilles avec les pattes avant, tel un représentant de la race canine soumis à la torture du sifflet à ultrasons. N’ayant pas envie de le voir souffrir (aujourd’hui, en tout cas), je lui propose de m’accompagner au bar de la presse afin de noyer son chagrin dans un gobelet de Jupiler.


Joie et bonheur. Le ‘Révérend’ revient en Belgique pour plaider à nouveau la cause de la trisomie musicale ! Un gigantesque voile noir dissimule la scène et, sans savoir ce qui se prépare, nous nous attendons déjà à quelque chose de grandiose. Enfin, quand je dis ‘nous’, je parle pour les gens qui m’entourent et qui, déjà, nous régurgitent du ‘Manson, Manson, Manson’ dans les feuilles de chou. En raison de mon âge avancé (et de mes limites intellectuelles, sans doute), je suis tout à fait hermétique à la musique de Marilyn Manson et j’ai embarqué avec moi tous les a priori possibles et imaginables. Bernie (qui végète déjà à mes côtés parce qu’il s’est vu refuser l’accès au pit des photographes) tente de me convaincre de faire preuve d’éclectisme ; rien à faire, j’ai l’esprit aussi fermé que les fesses d’un détenu qui va passer à la douche. La suite des évènements me convaincra que je n’ai pas vraiment tort. Le rideau tombe après quelques notes du “Requiem” de Mozart et ne révèle rien de plus excitant qu’une croix à trois branches et les corps ondulants de Manson et ses sbires. Le Révérend, qui a probablement négligé les derniers carêmes, affiche un bide aussi proéminent que le mien ; cela nous fait au moins un point commun ! Les titres s’enchaînent, et j’en glane quelques uns au passage : “Disposable Teens”, “Personal Jesus”, “Sweet Dreams Are Made Of This”, “mOBSCENE”, etc. La musique, au final, ne me dérange pas plus que cela. Le personnage, par contre, me débecte au plus haut point. L’attitude de diva égocentrique, les changements incessants de tenues, l’absence totale de communication avec le public et, en point d’orgue la vision de ce corps grassouillet se vautrant sur un podium surélevé pendant “Antichrist Superstar” : tout cela me donne presque envie de pleurer. Le gugusse se voudrait obscène, décadent et choquant (peut-être l’a-t-il été par le passé?) mais il arrive à peine à être pathétique. Pathétique, c’est aussi de cette manière que se termine le set. Alors que le groupe finit d’interpréter son hit “The Beautiful People”, Manson s’éclipse sans mot dire. Les musiciens continuent sans lui quelques minutes, puis, ne le voyant pas revenir, quittent la scène à leur tour. Les lumières se rallument, c’est fini. Le concert n’a pas duré une heure. Pas de rappel, ni d’au revoir (NDR : à sa décharge, il n’avait pas dit bonjour non plus). C’est la première fois en six ans que je quitte l’Alcatraz déçu. Heureusement, demain est un autre jour !

Photos © 2014 Bernard Hulet

One thought on “Alcatraz Hard Rock & Metal Festival 2014 jour 1 : where are the beautiful people ?

  • Merci de ce super compte-rendu. J’y étais également, depuis le début, voici donc quelques commentaires:
    – Diablo Blvd est sympa, assez (trop?) middle-of-the-road du point de vue musical. Le chanteur est également un cabaretier connue en Flandre, mais ici il laisse tomber son côté comique pour endosser le costume de leader hard, et c’est crédible. Manque encore un peu de compos marquantes, mais c’est un groupe à suivre.
    – Avatar, en un mot: génial! Un chanteur grimé en clown grimaçant pour le spectacle, et un groupe qui assure béton derrière. Musicalement varié, des accents thrash classiques, une attitude sympa (ils sont suédois). Dommage que le public était encore fort clairsemé et pour tout dire amorphe lors ce cette excellente prestation. La découverte du jour en ce qui me concerne.
    – Hellyeah, pour ma part j’aime beaucoup ce groove ravageur et cette énergie jamais prise en défaut. Un bulldozer efficace. A nouveau, cependant, je trouvais le public fort mou, il faudra attendre Life Of Agony pour que cela se réveille
    – ensuite je suis assez d’accord avec les commentaires de michelserry. A l’époque de sa splendeur (?) j’aimais beaucoup Marilyn Manson, c’est vrai qu’il en est loin et je craignais que ce concert soit pathétique effectivement. En fin de compte, je suis un peu plus mesuré. C’est vrai qu’il fait un peu peine à voir et que les minutes d’attentes entre chaque morceau étaient parfaites pour tuer l’ambiance, mais malgré tout la set list comportait tous les tubes attendus et les morceaux étaient joués avec efficacité, donc pour les (anciens) fans ça restait dans les limites de l’acceptable!

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