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Détroit, un Horizon désormais bien dégagé

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Si les circonstances ont tenu Bertrand Cantat éloigné des scènes pendant une éternité, il faut bien admettre qu’il rattrape le temps perdu avec son projet Détroit. En moins de six mois, ils se seront produits pas moins de cinq fois en Belgique… Ils étaient ce mardi 7 octobre dans une AB bien évidemment sold out pour l’occasion.

C’est à un de leurs protégés, Colin Chloé, qu’ils avaient confié le soin d’entamer la soirée. En effet, Pascal Humbert, l’autre tête pensante de Détroit, a participé aux arrangements du deuxième album du bonhomme (“Au ciel”). Sur scène, il est accompagné d’un bassiste et d’un batteur. Armé d’une guitare, il va faire l’étalage de ses compositions (pseudo) contestataires au travers de textes bien souvent inaudibles car noyés dans l’environnement sonore ambiant. Si l’on excepte un dernier titre patiemment construit en crescendo, il lui manque encore un petit quelque chose pour rivaliser avec son maître.

Lors du premier passage de Détroit à l’Ancienne Belgique en mai dernier, le public était essentiellement constitué de nostalgiques de Noir Désir qui, à peu de choses près, ont passé leur temps à snober les compositions issues d’“Horizons”, le premier album du groupe avec lequel Bertrand Cantat est revenu sur le devant de la scène. La perception de l’événement nous avait alors semblée plus que mitigée puisque de notre côté, nous n’étions pas venus avec l’intention de voir le meilleur cover band de Noir Désir en action.

Heureusement, ce soir, il va en être tout autrement. Et ce n’était pas seulement une question d’audience, même si l’acclamation qui a salué l’entrée sur scène du leader et les applaudissements nourris qui ont ponctué chacune de ses interventions relevaient toujours autant du fanatisme. En effet, dès “Ma muse” et “Horizon”, les deux morceaux d’intro dans des versions enlevées, on a ressenti une onde positive, une sérénité retrouvée et une confiance accrue dans des titres qui tiennent clairement la distance. Un peu comme si depuis, ils s’étaient libérés d’un encombrant fardeau.

Mis à part un plus obscur “Ernestine” en lieu et place de “Des visages, des figures” pendant lequel la voix de Bertrand va se révéler tout à fait intacte et “Un jour en France” toujours d’actualité un peu plus tard, la set-list sera en tout point identique à leur prestation d’il y a quelques mois. “Le creux de ta main”, sans doute le titre le plus identifiable à la précédente carrière du leader, ne sera même pas le plus impressionnant de la série, détrôné par un expressif “Ange de désolation” (qui succèdera habilement à celui qui passe de “Lolita nie en bloc”) et un puissant “Null And Void” en fin de première partie.

Entre-temps, ils vont puiser ça et là dans le back catalogue de Noir Désir, mais en prenant garde, du moins à ce moment du concert, d’y greffer la patte de Détroit. D’un délicat “À ton étoile” à un inquiétant “Le fleuve” bardé d’un harmonica glacial et d’une contrebasse sinistre à un énervé “Lazy”, le public aura l’occasion de constater combien le charisme de l’ami Cantat n’a pas pris une ride. Un Bertrand qui videra un thermos (de café ?) pendant le concert et qui n’hésitera pas à emmener ses compères (mis à part le batteur) dans un semblant de bain de foule tout devant la scène à plusieurs occasions.

Comme au mois de mai, la prestation sera scindée en deux. Mais cette fois, les trois titres de Détroit qui vont ouvrir la seconde partie ne seront pas loin de constituer le sommet de la soirée. “Droit dans le soleil” (qu’ils avaient complètement loupé au Dour Festival) interprété par les deux protagonistes plus que complices dans une version acoustique de toute beauté rivalisera avec un “Glimmer In Your Eyes” du même acabit mais en full band. Et que dire du menaçant “Sa Majesté” et de son clip presque hot.

Il était alors un peu plus de 22h et la fin du set se limitera à un condensé de hits (le précité “Un jour en France”, “Fin de siècle”) qui, s’ils vont ravir bon nombre de spectateurs, ne vont pas systématiquement mener à un pogo généralisé parmi les premiers rangs. Lorsque l’on vous disait que le public était bien plus respectueux aujourd’hui. Enfin, sauf la spectatrice à nos côtés qui a attendu toute la soirée après “Tostaky” pour devenir hystériquement énervante lorsque les riffs de guitare du célèbre morceau se sont fait entendre. Un morceau allongé à outrance qui en deviendra presque barbant au final.

Mais la fête n’était pas encore terminée pour autant. Malgré le pourtant strict couvre-feu de l’AB, deux titres seront encore interprétés dans une ambiance de feu : “Le vent nous portera” dans une version plus légère suivie d’un speedé “Comme elle vient”. À l’instar de Metallica, ils resteront encore de longues minutes à faire les paons et communier avec les spectateurs, preuve supplémentaire de l’ambiance positive qui régnait sur scène. Quant à nous, on assimile désormais pour de bon Détroit à autre chose que la ville natale de Jack White

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