Pendragon : le prog dans toute sa splendeur

Vendredi 10 octobre. Au terme d’une semaine de boulot bien remplie, je n’ai qu’une hâte : arriver à l’heure à mon concert du soir à Verviers. Quitter Bruxelles à l’heure de pointe n’a rien d’une sinécure, mais pour une fois, les dieux du rock sont avec moi et le trajet se déroule de manière plus fluide que prévue. J’arrive donc sur la place du Martyr à Verviers vers 19h00. Il y règne une activité inhabituelle. Beaucoup de monde dans un café à la mode, juste à côté du temple local du rock prog (entre autres styles musicaux) : le Spirit of 66. Devant l’établissement, le tour bus de Pendragon. Je suis donc à la bonne adresse ! Dès l’ouverture des portes, je m’installe tout près de la scène, histoire de pas manquer la moindre note de ce groupe phare que je viens voir pour la 5e fois (4 fois dans cette même salle et, en 2013, au Raismes Fest). Il est vrai qu’au fil des ans, la bande à Nick Barrett a pris la bonne habitude de faire escale le temps d’un soir sur la scène du Spirit où l’attend toujours un public nombreux de fans inconditionnels. Cette année, Pendragon commence même sa tournée par la Belgique.

En ouverture, nous avons droit à un set de Gary Chandler qui nous propose, seul en scène, quelques morceaux extraits du répertoire de Jadis, son groupe de rock néo-prog. Des compositions légères pour lesquelles il s’accompagne à la guitare et, pour un ou deux morceaux, de synthés et de batterie préenregistrés. Parmi les morceaux de la setlist, on a pu reconnaître «Racing Sideways», «Distant Sun» ou encore «Standing Still». La voix de Gary Chandler est très mélodieuse, avec un timbre très agréable. Les mélodies sont « catchy » comme on dit parfois. Souvent quand j’écoute Jadis, je me dis que ce groupe est au néo-prog ce que Christopher Cross est à la variété rock… C’est léger et bien fait. Très agréable à écouter. Mais certains trouvent cette musique trop fade à leur goût. Le public a en tout cas eu l’air d’apprécier, comme moi, cette première prestation de la soirée et a réservé un très bel accueil à l’artiste.

Quand Pendragon monte sur scène un peu plus tard, un constat saute aux yeux. Pour ceux qui ne le savaient pas encore, Scott Higham, le batteur attitré du groupe a annoncé son départ le 18 avril 2014. Quelques jours plus tard, le groupe annonçait avoir recruté Craig Blundell qui n’est pas un inconnu puisque l’on a déjà pu le voir avec David Cross (King Crimson) et le groupe Frost. Autre surprise, plus inattendue, le line-up s’est étoffé. Outre Craig Blundell, Peter Gee (basse, claviers), Clive Nolan (claviers) et Nick Barrett (guitare, chant), ces messieurs sont désormais accompagnés sur scène par deux charmantes choristes: Emma Kemp et Tiggy York. Cette dernière a d’ailleurs participé aux chœurs sur le nouveau cd intitulé «Men Who Climb Mountains» (MWCM).

Ce nouvel opus est le 10e enregistrement studio du groupe (en 30 années de carrière). Musicalement, Pendragon remet la guitare au centre de son processus de création. Alors que les deux albums précédents («Pure» et «Passion») avaient un côté clairement plus avant-gardiste, presque expérimental, MWCM renoue avec le goût de la mélodie et des thèmes exploités à fond au fil de morceaux parfois assez longs. Parfaitement à l’aise, Nick communique beaucoup avec le public. Comme à chaque fois, l’ambiance est bon enfant. Les musiciens présents sur scène passent un bon moment. Ils n’ont rien perdu de leur virtuosité et Clive Nolan adopte même par moment un look excentrique en portant un chapeau et des lunettes qui le font ressembler à Elton John du temps de sa splendeur. Les choristes permettent au groupe d’ajouter une dimension jusqu’ici inédite à leur musique. Quant au batteur Craign Blundell, il assure avec maestria la succession de Scott. J’ai même l’impression qu’il est encore plus fort que son prédécesseur sur le plan de la technique pure. En tout cas, le public enthousiaste apprécie.

Pour ce concert, la setlist fait bien sûr la part belle au nouvel opus, sans oublier les grands classiques du groupe. Le public verviétois a donc eu droit aux morceaux suivants :

1. If I Were the Wind (and You Were the Rain)
2. Eraserhead
3. Empathy
4. Paintbox
5. This Green and Pleasant Land
6. The Freak Show
7. Dance Of The Seven Veils
8. Nomad
9. King of the Castle
10. Beautiful Soul
11. Faces of Light
12. Breaking the Spell
13. Explorer of The Infinite
14. Nostradamus (Stargazing)
15. It’s Only Me
    Rappel :

16. Indigo
17. Masters of Illusion

Un concert de Pendragon est toujours un événement. Parmi les temps forts de la soirée, soulignons la très belle version acoustique de «King of The Castle», le trop rarement joué «Dance Of The Seven Veils» et le sublime «Breaking The Spell». Avec une prestation de 2h30 bien tassées, le groupe n’aura, cette fois encore, pas failli à sa réputation. Un concert aux vertus thérapeutiques tant il fait du bien par où ça passe !

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Photos © 2014 Hugues Timmermans