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Mud Flow, un Bota puis retour en stand-by

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Pendant que dEUS remplissaient leur troisième Cirque Royal du week-end, l’Orangerie du Botanique était le théâtre d’un comeback ce dimanche 21 décembre. Un solstice d’hiver qui remettait Mud Flow sur les rails. Mais pour l’espace d’un soir seulement… Un véritable cadeau de Noël anticipé pour les fans d’un groupe qui avait rangé ses amplis après quatre albums afin de permettre à son leader, Vincent Liben, de se lancer dans une carrière solo. L’annonce d’une date qui devait rester unique en juillet dernier lors de l’événement Louvain-la-Plage a tout de même fini par déboucher sur le concert plus conventionnel de ce soir.

Contrairement aux apparences, Joe BeL, la première partie, est une citoyenne française (elle vient de Lyon). Imaginez Axelle Red qui serait dotée de la voix de Selah Sue à la différence près qu’elle n’en abuserait pas systématiquement pour en sortir des sons gutturaux plaintifs qui finissent par taper sur le système. Parallèlement, la timidité affichée lors de ses interventions fait place à une réelle aisance lorsqu’il s’agit d’interpréter ses compositions aux rythmes colorés.


Si le début de la prestation lui a permis de mettre sa voix en valeur, simplement posée sur des accords somme toute basiques, la suite allait revêtir un tout autre visage. Le guitariste qui l’accompagne allait en effet montrer l’étendue de son habilité à dompter son instrument, picking en tête, pour un résultat convaincant à la clé. Il est évident qu’elle a gagné des fans ce soir.

Afin de réactiver Mud Flow, Vincent Liben a rappelé de vieilles connaissances. Derrière les fûts, on retrouve ainsi Charlie deCroix qui avait complètement quitté le monde de la musique ainsi que le prodige guitariste gaucher Marc De Backer (Dog Eat Dog, 10.000 Women Man, Mongolito,…) qui avait déjà accompagné le groupe sur la tournée de l’album “A Life On Standby”. La basse est tenue par Laurent Stelleman et le clavier par David Poltrock (Arid, Hooverphonic, De Mens,…).


Tout ce beau monde est donc monté sur scène à 21h tapantes mais n’a entamé “Oh Yeah!” qu’au terme d’une longue intro très spatiale, un peu comme s’ils avaient besoin de quelques instants de concentration supplémentaires avant de se lancer dans le bain. Un public familial (on a même vu des enfants se faufiler devant nous) allait en tout cas réserver un accueil on ne peut plus chaleureux à l’ami Vincent qui ne prendra la parole qu’au terme du troisième morceau, le furieux “10 PM In A Bar”. Entre-temps, Marc De Backer aura déjà fait parler sa science en boostant comme il se doit l’excellent et sinueux “My Fair Lady Audrey”.

Un assuré “Tiny Tale”, à mille lieues de la candeur de leurs débuts (le titre date du premier album en 2000) nous fera comprendre à la fois que le set de ce soir va ratisser large et célébrer l’ensemble de la discographie du groupe. Il est vrai que les derniers concerts négligeaient trop souvent les deux premiers albums. Pourtant, à l’écoute de “Panic” et de “My Little Psychiatrism”, on se dit qu’ils tiennent toujours la route, même si l’accent anglais approximatif (délibéré ?) du leader ne s’est pas amélioré, particulièrement sur le second nommé.


Un Vincent Liben plus ému que stressé qui affiche toujours autant de maladresse lorsqu’il s’agit de communiquer avec le public (il l’avouera d’ailleurs lui-même). Mais lorsque la musique prend le relais, des titres intenses comme “The Sense Of ‘Me’ / Chemicals” et “Unfinished Relief” (au bottleneck soigné et prenant) effacent d’un revers de la main cette lacune toute relative. Quant à “Today”, il sera sans surprise le hit de la soirée.

Les musiciens affichent une cohésion insolente pour un concert amené à rester isolé. À aucun moment, on ne percevra l’ombre d’une hésitation, pas même lorsque le chanteur fera mine d’oublier les paroles de “Panic” que les spectateurs du premier rang auront vite fait de lui rappeler. Le progressif (dans la construction en tout cas) “Five Against Six” introduira de parfaite manière un “In Time” aux multiples directions qui lorgneront même vers l’électro toutes guitares en avant avec quelques mesures du “Pop Corn” de Gershon Kingsley, presqu’à la sauce Vive La Fête, en guise de final du set principal.

Le groupe remontera sur scène pour deux morceaux supplémentaires qui seront, sans surprise, les deux dernières plages d’“A Life On Standby”. Le troublant “Song 1” tout d’abord, dans l’intimité la plus totale avec un piano envoûtant. À l’inverse de “New Eve” qui, pendant une bonne dizaine de minutes, va donner le tournis et exploser les tympans d’un public aux anges. On a tout de même du mal à croire qu’il s’agit d’un one shot. Et pourtant… Ils nous confirmeront après le concert qu’il n’y a rien dans le pipe-line. Sauf pour Vincent Liben dont le troisième album solo en français sortira au printemps prochain avec un passage à la Rotonde d’ores et déjà prévu le 26 mars.

Photos © 2014 Denoual Coatleven

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