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Interpol à Forest : back to basics

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Parmi les excellentes surprises de l’année écoulée figure en bonne place le retour en force d’Interpol. Une prestation endiablée en tête d’affiche du Klub C au festival de Werchter suivi d’un cinquième album d’excellente facture ont en effet remis les New Yorkais sur les rails. Ils étaient à Forest National ce samedi 24 janvier. La dernière fois qu’ils avaient joué dans cette salle, c’était en 2007 et on avait, à raison, pesté sur le son particulièrement hasardeux qui avait accompagné la prestation de Blonde Redhead en première partie. Malheureusement, pareil supplice sera imposé à Health ce soir. En conséquence, le groupe californien qui s’était fait connaître grâce à une collaboration explosive sur le premier album de Crystal Castles nous a paru bien pâlot.

Nettement moins noisy qu’escompté, la seule attraction visuelle permanente sera le bassiste qui passera le plus clair du concert à faire virevolter sa longue tignasse de manière circulaire tel un headbanger professionnel. Mais lorsqu’il prend la peine de se concentrer sur son instrument, les compositions prennent une tournure groovante à défaut de mettre en avant des guitares cinglantes à la A Place To Bury Strangers que l’on s’attendait à ramasser dans la figure. En revanche, les stroboscopes ont bien chauffé.

Depuis la désolante prestation d’Interpol au Lotto Arena d’Anvers en mars 2011, on ne donnait plus cher de la peau d’un groupe qui avait vu partir Carlos Dengler, son charismatique bassiste et membre fondateur, juste après les enregistrements d’un faible album éponyme quelques mois plus tôt. D’autant que l’année suivante, Paul Banks sortait et tournait son deuxième album solo (“Banks”) avant de se mettre à la peinture. Pendant ce temps, le guitariste Daniel Kessler ouvrait un restaurant et le batteur à lunettes Sam Fogarino se concentrait sur divers projets parallèles.

Et puis, comme par magie, ils se sont retrouvés et ont remis l’ouvrage sur le métier dans une ambiance plus propice à leur épanouissement. La sortie d’“El Pintor” en septembre dernier a confirmé ce regain de confiance et un retour aux sources bénéfique. Exit en effet les considérations mégalo de leur ancien collègue qui avaient fini par conduire le groupe à un point de non retour.

Même si c’est avec un ancien titre (“Say Hello To The Angels”) que les choses vont se mettre en place, ils ne vont pas tarder à se plonger dans cette nouvelle plaque via “My Blue Supreme” et “Anywhere”, deux titres qui se révèlent au fil des écoutes. Le trio, augmenté du claviériste Brandon Curtis et du bassiste Brad Truax, les deux fidèles musiciens de tournée, se produit en costume devant une relique de la pochette de l’album sur un écran qui diffusera aussi de temps à autre des séquences captées en live. Tout est parfait… ou presque.

Il y a d’abord les lumières sombres et tamisées mais il s’agit là d’un moindre mal. En revanche, et cela devient malheureusement une (mauvaise) habitude, le son sourd qui se dégage des enceintes va leur être préjudiciable, au point de mettre par moments en avant la fragilité relative de la voix du leader. Cela n’a sans doute rien à voir, mais celui-ci a du mal à conserver en permanence le timbre grave qui constitue pourtant une des marques de fabrique du groupe.

Heureusement, il peut compter sur un public prêt à exploser au moindre riff (“Evil”, “Narc”) alors que l’intensité insolente de “Hands Away” et du récent “My Desire” va aller jusqu’à nous donner des frissons. Parmi les nouvelles compositions, on retiendra encore “Everything Is Wrong” et surtout “Breaker 1” dont la version enlevée va laisser des traces.

Si lors de leur set à Werchter, ils avaient tout à fait ignoré leurs troisième et quatrième plaques, ils se contenteront ce soir du minimum syndical en en jouant respectivement “Rest My Chemistry” (dont l’intro est toujours autant pompée au “Where Is My Mind?” des Pixies) et “Lights” pour un résultat finalement peu convaincant.

Surtout que la fin de leur prestation allait atteindre des sommets avec un triplé issu d’“Antics”, l’album de la consécration qui a fêté l’an dernier son dixième anniversaire. Il faut dire que “C’Mere”, “Not Even Jail” et “Slow Hands” n’ont pas pris la moindre ride. Le public de Forest National manifestera d’ailleurs bruyamment son approbation pendant que le groupe quittait déjà la scène une première fois.

Il était donc déjà l’heure des rappels qu’ils entameront avec “All The Rage Back Home”, le single avec lequel ils sont redevenus crédibles l’été dernier. Un titre imparable qui tiendra la comparaison avec les deux perles que sont “NYC” (bien que l’on aurait préféré “Stella Was A Diver And She Was Always Down”) et “PDA” qui clôtureront un concert que l’on pourrait peut-être reprocher d’avoir été un rien trop court. Et s’ils se décidaient à enfin engager un ingénieur du son digne de ce nom ?

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