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La face indie de Jamie T à l’Orangerie

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Deuxième séance de rattrapage en autant de soirs au Botanique puisqu’après Fat White Family, c’était au tour de Jamie T de donner un concert initialement prévu l’an dernier. Le natif de Wimbledon aura finalement réussi à remplir l’Orangerie ce samedi 14 février. Et “Carry On The Grudge”, son excellent troisième album, n’est certainement pas étranger à cette performance. En tout cas, il n’a qu’une parole car le groupe choisi à l’époque pour assurer sa première partie était déjà Palace, un quatuor londonien qui l’accompagne ces jours-ci sur les routes européennes. Très jeunes, ils ont pourtant déjà le petit quelque chose qui devrait les extirper du relatif anonymat dans lequel ils baignent pour le moment. Il est vrai qu’ils n’ont pour l’instant qu’un seul EP à leur actif (“Lost In The Night”) publié à l’automne dernier.

La première chose qui frappe à l’écoute de leur prestation est à chercher du côté de la voix du chanteur guitariste Leo Wyndham. Elle couvre en effet un large répertoire tout en traduisant déjà une aisance insolente. Si l’on décèle ça et là de lointaines influences issues du Radiohead des débuts, des virages bluesy et une basse groovante les rapprochent plutôt des prometteurs Money, qui avaient volé la vedette à Wild Beasts dans cette même salle voici presqu’un an. Un groupe à suivre, assurément.

Le retour de Jamie T l’an dernier était tout sauf prévisible. Il avait en effet tout à fait disparu de la circulation depuis la fin de la tournée promotionnelle de “Kings & Queens”, son deuxième album sorti en 2009. Depuis, les rumeurs allaient bon train mais il allait judicieusement les tacler au travers de “Carry On The Grudge”, un album impeccable qui allait par la même occasion le voir révolutionner son style et embrasser un son indie rock qui, contre toute attente, lui sied à merveille.

Sans surprise, l’Orangerie regorge d’Anglais et de fans de la première heure. Mais ces derniers ne vont pas nécessairement reconnaître l’ex-geezer devenu presque troubadour. Lors de son entrée sur scène tout d’abord (veste en cuir et cheveux gominés à la Alex Turner), pendant les deux premiers titres ensuite. Car “Limites Lie” et “Don’t You Find” illustrent parfaitement le nouveau style de Jamie Treays : plus rock, plus mature, plus profond. Mais déstabilisant également.

Ce qui revient à dire que deux écoles vont cohabiter ce soir, et chacune va s’identifier, à peu de choses près, à une partie de la prestation dont le tournant sera la version acoustique d’“Emily’s Heart” (même si, à notre sens, le très Dylanesque “Love Is Only A Heartbeat Away” aurait été plus pertinent). Toujours est-il que le répertoire qui suivra perdra en intensité mais certainement pas en énergie, et les secondes voix du guitariste et du bassiste seront essentielles à la bonne exécution de “Man’s Machine”, “368” ou autre “If You Got The Money”, quelque part entre les Beastie Boys et The Streets.

Mais si l’on se concentre sur la première partie de la prestation, on arrive presqu’à un sans faute. Il y a les nouveaux titres, bien entendu, dont “Peter” (le seul à réellement faire le lien avec son passé) et “Turn On The Light”. Mais c’est surtout “Rabbit Hole”, à n’en point douter le sommet de la soirée, qui allait faire l’unanimité, au point de même générer des pogos devant la scène.

Mais il y a également la nonchalance du bonhomme (que l’on pourrait parfois comparer à Mac DeMarco) qui affichera son indifférence par rapport à la St Valentin (“Did anyone come in couple tonight? Fuck you guys!”). Et on s’en voudrait de ne pas mentionner les bombes que sont “Operation” et “British Intelligence”, exécutées avec une énergie décuplée.

Un peu à l’instar de “Zombie”, l’imparable titre au clip décalé qui l’a remis sur les rails et qui lancera les rappels d’une manière efficace avant qu’un speedé “Sticks ‘n’ Stones” n’achève le travail et un concert qui aura surtout vu la confirmation que la chance sourit aux audacieux. Qui aurait parié un schilling sur le retour d’un personnage attachant, certes, mais associé à la décennie dernière. On est désormais curieux de découvrir la suite de ses aventures.

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