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Biebob II – The Evil Invaders Return

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Evil Invaders s’offre un joli ‘sold out’ pour la release party de son premier ‘Long Playing’ “Pulses Of Pleasure”.


28 février, 22h00. Un an, jour pour jour, après avoir réuni les plus photogéniques de ses fans au mythique
Biebob
afin de mettre un boite les images de ce qui aurait dû être son premier DVD (NDR : mais que, dans un obscur et irraisonnable délire old school, il a préféré publier au format obsolète de la K7 VHS), Evil Invaders atomise à nouveau Vosselaar.

Mais n’allons pas trop vite en besogne. 28 février, 19h00. Les dieux du Métal sont avec moi. Le temps est clément et la circulation fluide. Ayant quitté le domicile familial à la dernière minute, je m’étonne d’arriver à destination avant l’ouverture des portes. Une place de parking providentielle semble même m’attendre à quelques mètres du plus fameux de nos clubs Métal nationaux. Un coup d’œil, en passant, à la vitrine du disquaire ‘Metalzone’ (NDR : planté à quelques dizaines de mètres du Biebob, il est généralement ouvert les soirs de concert) me permet d’assister à une scène chaleureuse au cours de laquelle les ‘envahisseurs maléfiques’ se prêtent amicalement au jeu du selfie en compagnie de quelques fans surpris de les découvrir aussi accessibles.

Le Biebob est déjà bien rempli lorsque j’y fais mon entrée. Premier arrêt, obligatoire, au stand merchandising afin d’échanger le vulgaire billet de vingt euros qui se sent à l’étroit dans mon portefeuille contre une superbe version vinyle (gatefold LP) de ce “Pulses Of Pleasure” dont je suis venu fêter la sortie en compagnie de 499 inconnus. Car c’est officiel (NDR : on nous le confirmera plus tard dans la soirée), la seuil maximum des cinq cent personnes est atteint et, à l’entrée, on refuse du monde.


Le temps d’aller mettre ‘mon précieux’ à l’abri (NDR : car je sais, par expérience, que les Invaders vont générer des mouvements de foule destructeurs) et Grumpf entre en scène. Derrière ce patronyme étrange (et pas vraiment approprié pour un groupe Métal, vous en conviendrez) se cache un quatuor anversois plutôt sympathique dont la musique semble inspirée par le Heavy Métal et le Hard Rock des eighties. Si le look (cheveux courts et chemise de bucheron) ne fait pas non plus très ‘Métal authentique’, la musique elle, toute ne riffs prenants, en soli mélodiques et en vocaux hauts-perchés, convainc une bonne partie du public et l’accueil réservé au quatuor est plus que respectable. Excellente ouverture de soirée.

Mes impressions concernant Incarceration sont un peu plus mitigées. Le second groupe de la soirée est originaire de Manaus au Brésil, mais il s’est délocalisé depuis peu à Hambourg en Allemagne. Ces Brésiliens aux cheveux longs ne sont manifestement pas aussi engageants que ceux qui, m’a t’on raconté, accueillent les passants égarés qui èrent dans les allées du Bois de Boulogne. Il s’agit d’un trio teigneux, pratiquant le Death Métal à l’ancienne, de manière on-ne-peut-plus brutale et sans concession aucune. Daniel Silva, le guitariste/hurleur semble au bord de la rupture d’anévrisme. Ses beuglements infernaux, atrocement déformés par un excès de réverbération, écorchent mes délicates feuilles de chou. La musique est agressive, basique et surtout répétitive. Les titres se suivent et se ressemblent et le temps me semble bien long. Malgré la violence du propos, le public reste amorphe, signe que, comme moi, il espérait autre chose.

Je profite du break pour installer mes cartiers sur les hauteurs, à gauche du pit, en prenant la ferme décision de ne plus bouger d’un centimètre avant la fin du show des Evil Invaders. Car de mon poste d’observation, j’ai une vue parfaite sur la scène et sur le public. Un rêve ! Comme je l’ai dit plus haut, les dieux du Métal sont avec moi.

20h55, avant le plat de résistance, le Biebob prend un dernier apéritif en compagnie des furieux Distillator. Ce groupe Thrash Métal hollandais, dont le premier album “Revolutionary Cells” est sorti début février sur le label belge Empire Records, est pour moi une excellente découverte. Le trio est remuant et occupe avec passion tout l’espace qui lui est alloué sur scène. Trois pieds de micro ont été dispersés sur la longueur de celle-ci afin de permettre au chanteur/guitariste Laurens ‘Desecrator’ Houvast de scander ses lyrics révolutionnaires et ce, quel que soit l’endroit où il plante sa gigantesque carcasse. Contrairement aux Brésilo-teutons épileptiques qui les ont précédés, les Bataves ne sont pas réfractaires à la mélodie et leur Thrash Métal, bien que brutal, est rehaussé de nombreux soli de guitares. Le style du groupe semble avoir été influencé par Destruction, Exodus et surtout Slayer, dont il reprend avec brio le classique “Black Magic” de 1983. Le Biebob, comme moi, succombe dès les premiers assauts et les plongeurs se mettent à sillonnent la foule. La prestation est un peu courte à mon goût et ce, même si le groupe s’autorise un petit rappel. À revoir d’urgence ! (NDR : Distillator est annoncé chez nous le 6 juin 2015, dans le cadre du
Summer Rock
d’Erpe-Mere où il se produira, entre autres, avec Ostrogoth, Tygers Of Pan Tang et Vicious Rumors).

22h04. La sono, qui n’a pas craché un seul décibel depuis une demi-heure, se réveille soudain au son du “War Pigs” de Black Sabbath. La foule, qui commençait à s’impatienter, s’époumone comme un seul homme en secondant les mythiques ‘Oh Lord Yeah’ du père Ozzy.

22h10. Les fumigènes entrent en action et l’obscurité envahit la salle. Cinq cent gorgent s’unissent pour scander de chaleureux Evil ! Evil ! Evil’ lorsqu’un un halo de lumière verdâtre dévoile le visage du charismatique Joe. Le chanteur/guitariste déclenche les hostilités d’un hurlement possédé. L’appel aux armes est brutal et sans équivoque. Le pit se transforme instantanément en un amas bouillonnant de corps enchevêtrés. Alors que je me félicite de ne pas avoir abandonné mon perchoir, une mère poule (NDR : la créature d’un âge incertain ne quitte pas des yeux une paire de jolis blondinets qui lui ressemblent comme deux gouttes d’eau) qui semble soudainement avoir pris conscience des dangers générés par une exposition prolongée au rayonnement d’une foule pogoteuse, décide de se mettre à l’abri en envahissant l’espace vital que je protège courageusement depuis plus de deux heures. D’ordinaire, je ne suis pas opposé à l’idée d’un sympathique rapprochement entre personnes de sexe opposé, mais ce soir, je fulmine. Imaginez que la dame, non contente de me surplomber d’une bonne tête, arbore fièrement une excentricité capillaire qui, si elle avait été garnie d’une saucisse de Frankfort et d’une tranche de poitrine fumée, aurait sans doute éveillé chez moi le désir de goûter aux spécialités culinaires teutonnes. C’est donc amputé d’une bonne partie de mon champs de vision que j’assiste au début de cette prestation historique. Celle-ci démarre par le furieux “Fast, Loud & Rude”, un titre du nouvel album que la foule connait déjà par cœur, puisqu’il avait été révélé fin décembre dernier sous la forme d’un clip vidéo (NDR : voir notre ‘News en vrac
volume 42
). Le titre est un parfait exemple du style si particulier des Evil Invaders ; brutal et pourtant chargé de mélodies sublimes. Les soli de guitares jumelles y sont particulièrement envoutants.

Les quelques problèmes techniques dont il souffre en ce début de set ne réussissent pas à effacer le sourire qui barre en permanence le visage de Sam Lemmens. Du haut de son double mètre, le guitariste semble aux anges. C’est d’ailleurs lui qui se charge de remercier l’assistance pour ce ‘sold out’ dont il est visiblement fier. Cette face hilare forme un curieux contraste avec le visage torturé du terrifiant Joe, qui est, à mon humble avis, le vocaliste le plus impressionnant de la scène Métal Belge actuelle.

Les soucis du guitariste sont résolus au moment d’entamer “Venom”, un second extrait de ce “Pulses Of Pleasure” qui, décidément, passe magnifiquement le cap de la scène. Petit retour en arrière ensuite, avec un “Driving Fast” qui génère une telle violence au sein du pit que ‘Mama Zauerkraut’ décide de rappeler auprès d’elle sa blonde progéniture. Les stage divers se succèdent sur les planches au grand dam des roadies qui passent leur temps à redresser les micros renversés. Le ‘préposé’ à la console latérale, visiblement énervé, quitte plusieurs fois son siège pour sermonner les imprudents plongeurs. Ces derniers, cependant, ne prêtent aucune attention à cet empêcheur de slammer en rond. Certains d’entre eux, qui ne prennent même pas la peine de vérifier si quelqu’un se prépare à les réceptionner dans la fosse, se prennent de phénoménales gamelles.

Le titre suivant, toujours aussi décapant, mais beaucoup plus mélodique, nous démontre combien l’écriture des Evil Invaders à évolué depuis la sortie du premier EP éponyme. Il me semble y percevoir de fortes réminiscences de la musique d’Iron Maiden, impression confirmée d’ailleurs, lorsque les guitares de Sam et Joe s’abandonnent à d’envoutantes joutes jumelles. Max Maxheim, le nouveau bassiste du groupe, n’est manifestement pas là pour faire de la figuration. Le jeune allemand (NDR : serait-il difficile de trouver de la main d’œuvre locale qualifiée ?) virevolte d’un côté à l’autre de la scène en malaxant sa basse avec dextérité. Son solo distordu ‘CliffBurtonnien’, plus tard dans la soirée, en impressionnera d’ailleurs plus d’un. Les morceaux du nouvel album sont joués tour à tour. N’ayant pas encore eu l’occasion d’écouter la plaque dans son intégralité, il m’est impossible de citer leurs titres. Seule une reprise ultrasonique du fabuleux “Fabulous Disaster” d’Exodus vient perturber cette avalanche de nouveaux titres. En rappel les désormais classiques “Victim Of Sacrifice” et “Evil Invaders” tirés du premier EP, assènent un coup final à l’assistance. Il est 23h20 et le plafond du Biebob brille à nouveau de mille feux alors que la sono envoie un apaisant “Rainbow In The Dark” signé Ronnie James Dio. Il faut encore se frayer un chemin entre ceux qui commandent un dernier verre au bar et celles qui se ruent sur le merchanding avant de pouvoir respirer l’air pur et frais de Vosselaar.

Ce soir, Evil Invaders a démontré à celles et ceux qui ne l’avaient pas encore compris qu’il était ce qui est arrivé de mieux au Métal Belge depuis de nombreuses années. Si vous en doutez encore, je vous conseille fortement de vous déplacer jusqu’au Kreun de Courtrai ce samedi 7 mars puisque le groupe s’y produit en compagnie d’Ostrogoth et de quelques autres de nos bruyants compatriotes dans le cadre du mini-festival
Up The Belgians! Fest Pt.1
(NDR : Organisé par l’équipe de l’Alcatraz). Personnellement, je ne raterais cela pour rien au monde !

En attendant, je tiens à remercier Wim Op de beeck et Suzan Mclee de
Shutterwall.net
pour les superbes photos qui illustrent ce compte-rendu.

Photos © 2015 Wim Op de beeck & Suzan Mclee

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