Up The Belgians! Fest – If it’s (still) loud… we are (still) proud !
Samedi 7 mars 2015. Le visage encore tuméfié suite à la terrible claque reçue la semaine dernière lors de la ‘Release Party’ des Evil Invaders, je gagne courageusement Courtrai, décidé, s’il le faut, à tendre l’autre joue ! Ce soir les ‘envahisseurs maléfiques’ et trois autres pourvoyeurs nationaux de décibels métalliques chauffent hardiment les planches du Kreun pour nous préparer au retour de la tribu Ostrogoth. C’est en effet aujourd’hui que le plus vénérable des vétérans de la scène belge présente officiellement son nouvel album au public. Ostrogoth à confié l’organisation de l’événement aux mains expertes de l’équipe de l’Alcatraz Metal Festival qui, en lieu et place d’une banale ‘release party’, a carrément organisé un mini festival de groupes nationaux auquel il a donné le nom fédérateur d’Up The Belgians! Fest Pt1.
Le premier groupe de la soirée est Eternal Breath, un quintette originaire d’Oostrozebeke, petite ville célèbre dans le monde du Métal authentique pour avoir abrité durant quelques années le très regretté Ages Of Metal Festival. D’après son
site officiel, Eternal Breath existe depuis 1996. Dix-neuf années d’existence, donc, au cours desquelles il a mis en boite trois démos (NDR : la plus récente il y a déjà presque dix ans), fait de nombreux breaks et changé maintes fois de personnel. La prestation est un peu à l’image de cette carrière : flemmarde et décousue. Car si le mélange de Heavy et de Thrash est plutôt correct, l’interprétation est mollassonne et statique au possible. L’ouverture d’une soirée telle que celle-ci aurait sans doute mérité un peu plus de conviction !
De conviction, Kevin Nolis, le frontman de Trouble Agency, n’en manque assurément pas. C’est d’ailleurs entièrement sur celle-ci que semble reposer le show des
thrashers bruxellois. Car si le blond vocaliste assure comme une bête derrière le micro, ses compagnons de route se contentent souvent d’être là et de tronçonner d’intenses riffs Slayeriens sans jamais remuer autre chose que leurs doigts agiles.
En dépit de ce nom relativement imprononçable Rik Priem’s Prime est une excellente surprise. Peu connu du côté francophone du pays,
Rik ‘Mr Cool’ Priem est l’un des rares belges à pouvoir prétendre au titre de ‘guitar hero’. Le gaillard se fend même d’une réputation internationale grâce à son implication dans les projets A.O.R. Frozen Rain et Sapphire Eyes. Rik Priem’s Prime est le nom de son projet solo et le titre de son album sorti en mai 2014 sur le label allemand Avenue Of Allies. Comme sur celui-ci, le guitariste a fait appel à quelques musiciens de classe internationale (NDR : tel que le vocaliste allemand Carsten ‘Lizard’ Schulz (Evidence One, Book Of Reflections, ex-Domain) et le batteur jordanien Ramy Ali (Freedom Call, Iron Mask, etc), pour enflammer les planches du Kreun. La salle comprend, dès l’entrée en scène, que la soirée vient de passer à la vitesse supérieure. Il ne s’agit plus ici d’un éternel espoir local ou d’un second couteau talentueux, mais bien d’un groupe d’envergure internationale. Tout sourires, Rik Priem distille de délicieux solos sur un fond entrainant de compositions Heavy Rock très inspirées, semble t’il, par le MSG du plus blond des Schenkers et par le Rainbow de qui vous savez. Ce style musical se fait plutôt rare sur des planches belges et, comme les autres courtraisiens d’un jour, je reste muet devant ces envoutantes joutes guitare/claviers tout en buvant les puissantes vocalise de ce Carsten ‘Lizard’ Schulz teuton qui, en professionnel qu’il est, s’est approprié le Kreun en quelques secondes. C’est donc avec une légère déception que je vois l’ami Priem et son gang s’éclipser de la scène après n’avoir interprété qu’une demi-douzaines de pépites mélodiques. À revoir d’urgence !
Si, après tout le bien que je vous en ai déjà dit, vous n’avez pas encore compris qu’Evil Invaders est LE groupe belge à voir sur scène, c’est que, décidément, l’écriture n’est pas faite pour moi et qu”il faut sérieusement que je songe à changer de hobby. Ce soir, c’est la neuvième fois que j’affronte le tsunami Speed Métal limbourgeois et, comme c’était le cas les huit fois précédentes, je me prends une superbe raclée. La prestation de ce soir, dans les grandes lignes, ne diffère pas vraiment de celle donnée au
Biebob la semaine dernière. Elle démarre sur l’apparition angoissante de Joe, hurlant comme un possédé dans un halo de lumière verte et se termine dans un cataclysme de corps enchevêtrés. La setlist du jour me paraît identique à celle de la ‘Release Party’. De “Fast, Loud’n’Rude” à “Siren” en passant par “Venom”, “Stairway to Insanity”, “Pulses Of Pleasure”, “Shot To Paradise”, “Blinded” et “Master Of Illusion”, ce sont (presque) toutes les pépites du nouvel album qui sont interprétées avec autant de rage que de dextérité. Nous avons également droit à la cover du “Fabulous Disaster” d’Exodus ainsi qu’à l’hyper véloce “Driving Fast” et, en rappel, les hymnes “Victims Of Sacrifice” et “Evil Invaders” (NDR : extraits du premier EP éponyme). Bien que la mise en scène et la setlist soient identiques, le show de ce soir me semble bien différent du précédent. Il faut sans doute imputer cet état de chose au public de Courtrai qui, bien que très excité et très réceptif, est beaucoup plus discipliné que celui de Vosselaar. Bien sur, nous sommes à un concert des Evil Invaders et, forcément, les plongeurs et les slameurs sillonnent la salle de part en part. Cependant, rares sont ceux qui se hasardent à envahir la scène pour perturber le bouillonnant quatuor. Ne devant pas se préoccuper d’éviter les (sympathiques) gêneurs, Joe, Sam, Senne et Max sont beaucoup plus sereins que la semaine dernière et s’appliquent à nous offrir un show d’enfer. Gus, le frère d’armes avec qui je partage une bonne quarantaine d’années de passion métallique, m’accompagne ce soir. Lassé de m’entendre déblatérer à longueur de journée sur les mérites scéniques des Evil Invaders, il est venu mesurer de ses propres yeux la taille du doigt que, selon lui, je suis en train de me fourrer dans l’œil. Je constate cependant, au mouvement circulaire de sa (jadis) flamboyante crinière, qu’il est désormais aussi possédé que moi par les envahisseurs maléfiques.
Nouvel album et nouveau guitariste ! C’est le soir des présentations pour Ostrogoth. La plupart des inconditionnels qui sont présents ce soir connaissent déjà “
Last Tribe Standing“ depuis un peu plus d’un mois mais Geert Annys, qui s’est vu confier l’impossible de tâche de remplacer White Shark, reste l’inconnue de l’équation. Je vous rassure tout de suite, le costaud aux cheveux blonds s’en sort bien et le tandem de fins bretteurs qu’il forme désormais avec Dario Frodo tient franchement bien la route.
Les hostilités démarrent sur une intro symphonique suivie du classique “Scream Out” (NDR : extrait de l’album “Ecstacy & Danger” de 1984). En ce début de prestation, le groupe semble encore chercher ses marques. Des marques qu’il trouve dès l’entame de “Clouds”. L’interprétation de ce premier titre composé en commun et l’accueil chaleureux que lui réserve le public du Kreun semblent effacer tous les doutes et le groupe affronte désormais sereinement la suite. La setlist mélange agréablement les nouveaux titres aux classiques des eighties. Chaque album est visité à plusieurs reprises. À l’intégralité de “Last Tribe Standing” (NDR : les quatre classiques de “Full Moon’s Eyes” compris) viennent s’ajouter deux autres extraits d’“Ecstasy & Danger”, deux de “Too Hot” (1985) et deux autres de “Feelings Of Fury” (1987). Josey Hindrix tient de mieux en mieux son rôle de frontman. Pour peu, nous ferait même oublier l’antique étoile rouge qui tenait sa place il y a de nombreuses années. Dario Frodo (NDR : qui est désormais le plus ancien membre du groupe après Mario ‘Grizzly’ Pauwels), Stripe et Geert Annys nous offrent un véritable festival ‘à l’ancienne’ de riffs et de headbanging tandis que derrière ses futs, ‘Super’ Mario Pauwels semble plus à l’aise et plus souriant encore qu’un plombier digital sur un kart de jeu vidéo.
À la joie primaire que nous éprouvons à retrouver nos héros sur scène, il faut ajouter deux moments d’émotion intense. Le premier, avec la ballade “Do It Right”, dédiée à Lars, ce garçon de 13 ans originaire d’Ypres, qui s’est donné la mort à la fin des vacances de carnaval pour ne pas devoir subir à nouveau le harcèlement dont il était victime à l’école. Le second, lorsqu’au moment de l’intro de l’hymnique “Queen Of Desire”, Dario et Geert laissent humblement la place à la guitare (enregistrée) de White Shark.
Les vieux de la vielle se souviendront qu’en 1983, Ostrogoth, Killer et Crossfire avaient exalté notre orgueil métallique national en se partageant les plages d’un split-EP ‘belgo belge’ intitulé “If It’s Loud, We Are Proud”. La réussite de cette soirée 100% ‘Plat Pays Qui Est Le Nôtre’ ravive chez moi cet élan de fierté ! Vive la Belgique, Leve België !