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Paul Weller, l’infatigable mod

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Quoi de plus pertinent que de conclure le Record Store Day annuel par un concert ? Ainsi, après avoir fouiné dans les bacs, c’est à l’Ancienne Belgique que l’équipe de Music in Belgium s’est retrouvée ce samedi 18 avril pour la deuxième visite de Paul Weller en moins d’un an dans le complexe du boulevard Anspach. Une journée du disquaire qui a également inspiré The Vals, le groupe choisi pour assurer la première partie. Ceux-ci ont en effet donné un mini concert acoustique dans un magasin de disques indépendant d’Uccle plus tôt dans la journée. Mais les choses sérieuses ont réellement débuté pour eux sur le coup de 19h30 devant une assemblée encore clairsemée dans la grande salle de l’AB. Cela n’a toutefois pas empêché le quatuor originaire de Belfast d’entamer son set sans se poser de question.

Au premier coup d’œil, on pense à Miles Kane (le déhanchement, la barbe et la chemise bariolée du chanteur) mais au premier coup d’oreille également car sa voix évolue dans le même registre. De plus, le clavier omniprésent nous renvoie vers The Last Shadow Puppets, le projet parallèle de Miles avec son pote Alex Turner. Clairement orientées sixties, leurs compositions printanières aux refrains catchy font mouche mais la formule va s’essouffler assez vite et une tentative de rebond se situant quelque part entre les Beatles et les Beach Boys n’aura pas l’effet escompté. Ils récolteront cependant leur petit succès et écouleront quelques exemplaires (en vinyle essentiellement) de “Wildflower Way”, leur deuxième album.

En juin dernier, Paul Weller était venu célébrer la sortie de “More Modern Classics”, une compilation retraçant la deuxième partie de sa carrière en solitaire. Une parenthèse qui ne présageait en rien d’une retraite ou d’un hypothétique break puisqu’il publiera déjà le mois prochain la suite de ses aventures musicales au travers de “Saturns Pattern”, son douzième album solo.

On le sait, le Modfather n’est pas du genre à se retourner sur son passé et il va une nouvelle fois en apporter la preuve en débutant sa prestation avec “White Sky”, le titre offert à ceux qui précommandent la version digitale de la future plaque. Mais il va surtout, et sans aucun complexe, consacrer la première partie du set à de nouvelles compositions qui vont convaincre à la première écoute. On pense ici au poppy “I’m Where I Should Be” qui laisse une place à chaque instrument, au lointain reggae groovant de la plage titulaire et au riff entêtant de “Going My Way”. Quant à “Long Time”, il a déjà la stature d’un classique taillé pour la scène.

Fit et élégant, Paul Weller a l’énergie et l’enthousiasme d’un jeune premier malgré une tignasse généreusement grisonnante qui lui va à ravir. Il faut dire qu’il est bien entouré sur les planches avec deux batteurs (dont un qui joue majoritairement debout) et un claviériste qui sont positionnés sur une estrade derrière lui. Il joue au centre de la scène, entre le bassiste Andy Lewis et le guitariste Steve Cradock qui va se distinguer à de nombreuses occasions.

Avec un “When Your Garden’s Overgrown” réarrangé à la sauce exotique et un “Into Tomorrow” méconnaissable mâtiné de sons inspirés de la période Madchester du début des années 90, on ne peut pas dire qu’il s’incruste dans une quelconque routine. Que du contraire, il va également jouer pour la première fois en live le pseudo acoustique “The Olde Original”, la face B d’un single de 2013. Et on n’était pas encore à la moitié du concert…

“From The Floorboards Up” va ensuite mettre en émoi ses fervents admirateurs au même titre qu’une puissante version de “Peacock Suit” un peu plus tard, prolongée par un presque bordélique “7&3 Is The Strikers Name”. Mais notre préférence ira plutôt vers un “Friday Street” plein ou à un allongé et sinueux “Porcelain Gods” aux ambiances sombres parsemées de claviers à la Doors.

Au rayon curiosités, le piano enfantin de “Brand New Toy” et les atmosphères jazzy d’“Empty Ring” nous rappelleront combien l’ami Weller peut se montrer imprévisible. Avec “Above The Clouds” interprété plus tôt dans la soirée, il s’agit sans doute de la composition la plus imprégné de son aventure au sein de Style Council au milieu des années 80. Le tout se terminera avec un riche “Whirlpool’s End” qui fera trembler les murs de l’AB.

Avec le recul, on en serait resté là, quitte à avoir un goût de trop peu dans les oreilles. Car les rappels n’allaient pas rencontrer l’effet escompté. Ceux-ci débuteront avec “These City Streets”, le dernier nouveau titre joué ce soir. Mais une longueur excessive et une mollesse relative ne nous convaincront pas. C’est alors que le groupe partira dans un délire au son de “Foot Of The Mountain”. Même si la pédale wah wah de Steve Cradock et le solo de guitare de Weller juste après apportent quelque chose à la composition, on finit par assister à une jam (!) session improvisée.

Les choses ne s’arrangeront pas avec le second rappel qui mettra cette fois le batteur à l’honneur avec le bien nommé “Picking Up Sticks”. Mais à part les mélomanes, il n’a pas capté l’attention d’un public qui aurait bien voulu vibrer un peu plus longtemps que pendant “The Changingman”, un titre qui apparaît aussi frais et essentiel que lors de sa sortie voici vingt ans. Quant au sentiment général, il est positif malgré vingt minutes pendant lesquelles les musiciens évoluaient dans leur bulle.

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