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La fiesta latina de Calexico à l’AB

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Calexico, c’est le genre de groupe que l’on encense à la sortie d’un nouvel album et que l’on ne se lasse pas de voir en concert. Puis que l’on perd de vue et que l’on retrouve avec autant de plaisir lors du cycle suivant. Chance, les natifs de Tucson en Arizona viennent de sortir “Edge Of The Sun”, une huitième plaque qu’ils sont fièrement venus présenter ce lundi 27 avril dans une grande salle de l’AB sold out. Et comme ils sont d’un naturel généreux, c’est sur le coup de 19h30 que la première partie a débuté. À peine le temps de prendre un rafraîchissement que The Barr Brothers débutaient leur set de manière tellement discrète que même le préposé aux lumières avait oublié de les éteindre. Sur scène, cinq musiciens dont une harpiste et un batteur qui a eu l’idée de remplacer une cymbale par une roue de vélo, pour un résultat surprenant lorgnant vers des sonorités orientales.

Ce sont pourtant des influences essentiellement americana qui se dégagent de l’ensemble, emmené par un chanteur à la voix digne d’un cow-boy mélancolique. Son harmonica accentue le caractère country des compositions alors que son jeu de guitare inspiré par Mark Knopfler version bluegrass vient égayer les parties trop méticuleusement travaillées. On pense par moments à du Midlake sans le côté émotionnel mais la virtuosité des musiciens et la richesse orchestrale auront plu aux mélomanes.

Avec “Edge Of The Sun”, leur nouvel album, Joey Burns et ses compères de Calexico poursuivent leur route vers une plénitude rassérénante inspirée par leurs compositions ensoleillées. D’autant qu’ils ont notamment invité Samuel Bean (Iron & Wine), Ben Bridwell (Band Of Horses) et Neko Case (The New Pornographers) à pousser la chansonnette en studio avec eux. Un album consistant qui réchauffe les nuits de ce printemps frisquet, à commencer par “Falling From The Sky”, l’impeccable plage d’intro qui sera également celle du concert de ce soir.

Devant un décor rappelant le design de la pochette qui allait s’illuminer au gré des atmosphères, le leader, déjà bien concentré sur son sujet, s’applique avec sa douze cordes alors que les cuivres se dévoilent timidement. Ceci dit, il ne faudra pas attendre longtemps avant de voir nos bières prendre un goût de téquila car voici qu’arrive sur scène Amparo Sanchez, la diva espagnole dont le dernier album a été enregistré avec l’aide de Calexico. Ce soir, elle va leur rendre la pareille en venant rehausser la soirée de sa voix rauque et de ses pas de danse (“Cumbia De Donde”, “Roka”).

Hormis un “Splitter” aux breaks rock ‘n’ roll, la première heure de leur set sera consacrée à “Edge Of The Sun” dont les extraits vont ainsi se dévoiler dans un environnement scénique particulièrement propice. On pense par exemple à la délicatesse de “Miles From The Sea”, aux insoupçonnés sommets d’intensité atteints par la seconde partie de “World Undone” ou encore aux saveurs exotiques de “Moon Never Rises” et de “Beneath The City Of Dreams”.

Mais Calexico, c’est avant tout un ensemble de musiciens dont la dextérité n’est plus à démontrer. Outre le batteur tranquille John Convertino qui, pour beaucoup, cimente la formation (une pancarte indiquait notamment “Convertino = my hero” dans le public), le guitariste Jairo Zavala, bien qu’assez démonstratif, apporte un son caractéristique, entre autres via sa steel guitar (comme sur le très réussi “Black Heart”). Un instrument qu’il avait déjà manié un peu plus tôt dans la soirée puisqu’il était venu prêter main forte le temps d’un titre à The Barr Brothers.

Mentionnons également les deux trompettistes, artisans du son du groupe. Ceux-ci varient également les plaisirs en attrapant un accordéon (bardé d’une guirlande lumineuse) ou en se plaçant derrière un xylophone géant. L’un deux prendra même le micro lors du plaintif “Esperanza” avant que Joey Burns ne se retrouve seul en compagnie du bassiste pour un dépouillé “Let It Slip Away”. Preuve que le groupe a foi en ses nouveaux titres puisqu’il s’agit de deux extraits figurant sur l’édition Deluxe d’“Edge Of The Sun”.

La fin du set principal allait se révéler dantesque avec un “Maybe On Monday” de circonstance durant lequel Jairo Zavala se lâchera complètement. Ce dernier allait aussi partager les vocaux avec Joey Burns sur “Puerto” à la contrebasse d’enfer et dernier titre du set principal. Entre les deux, leur désormais classique cover de Love (“Alone Again Or”) sera sans surprise un des moments forts de leur prestation.

La première salve de rappels débutera avec un très indie “Bullets & Rocks” avant qu’Amparo Sanchez ne remonte sur scène accompagnée des membres de The Barr Brothers pour une version pleine d’émotion de “Con Toda Palabra”, la reprise de Lhasa de Sela, à laquelle il sera difficile de rester insensible. Mais que dire du triomphe qui lui sera réservé au terme d’un torride “Güero Canelo”. Juste avant, un nerveux “Not Even Stevie Nicks” incorporant des passages du “Love Will Tear Us Apart” de Joy Division comblera les amateurs de guitares.

Ceux-ci allaient encore vibrer lors du second rappel entamé avec une autre cover de derrière les fagots. Leur interprétation du “The One I Love” de R.E.M. allait en effet quasiment sublimer l’originale. On n’aurait pas crié au scandale si les choses en étaient restées là mais ils se sont encore fendus d’un ultime nouveau titre, le gracieux “Follow The River”, qui clôture également “Edge Of The Sun”. Deux heures de concert qui ont filé à la vitesse de l’éclair. Pas sûr que le prochain cycle arrive suffisamment rapidement…

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