Girls In Hawaii et Intergalactic Lovers : AB Birthday !
C’est l’histoire d’une salle de concert incontournable au cœur de la capitale. Une salle de concerts qui a vu défiler les artistes les plus prestigieux mais qui n’avait jusqu’ici jamais reçu une visite royale officielle. C’est désormais chose faite puisque les Girls In Hawaii et Intergalactic Lovers ont fêté le 35e anniversaire de l’Ancienne Belgique ce lundi 11 mai sous les yeux de Philippe et Mathilde, ni plus ni moins.
Un couple royal qui est arrivé juste en même temps que nous et qui a eu droit à un accueil personnalisé avant de se diriger vers la tribune en face de la scène qui leur avait été réservée, ainsi qu’à l’imposante délégation accompagnatrice. Sur scène, Mauro Pawlowski lançait les festivités en interprétant une version de la Brabançonne à la guitare électrique, à la manière de Jimi Hendrix avec le “Star Spangled Banner”.
Introduits par la présentatrice Francesca Vanthielen (VTM, Studio Brussel, VRT,…), les six gars de Girls In Hawaii ont ensuite pris les commandes de la soirée et la seule inconnue résidait dans la formule qu’ils comptaient privilégier. Allaient-ils prolonger le concept pseudo acoustique qu’ils avaient notamment présenté au Bozar l’an dernier et objet de l’album “Hello Strange” ou se fendre d’un set traditionnel. Si “Wars” et “The Creek”, les deux titres d’intro penchaient plutôt vers la première option, “Sun Of The Suns” et surtout “Not Dead” (au final particulièrement enlevé) allaient bien vite nous faire comprendre qu’ils avaient envie de triturer généreusement leurs instruments.
Ceci dit, après un exemplaire “Time To Forgive The Winter” suivi d’un speech d’Antoine Wielemans souhaitant la bienvenue aux souverains et revenant sur les précédentes prestations du groupe dans la salle (son meilleur souvenir date de la sortie d’“Everest” en novembre 2013), les choses allaient prendre une tournure plus mélancolique. Cette direction allait avoir pour effet de faire retomber l’ambiance qu’ils avaient patiemment construite jusque-là. Entendons-nous bien, on ne reproche rien à “Casper” ou “Here I Belong” mais “Bee & Butterflies” ou “Birthday Call” auraient été davantage en adéquation avec l’atmosphère de la soirée.
Peut-être était-elle dictée par le proche cinquième anniversaire de la disparition du batteur Denis Wielemans. À ce propos, le toujours aussi troublant “Misses” nous donnera une fois encore des frissons. La fin du set redeviendra nettement plus positive et culminera avec un prenant “Switzerland” et un énergique “Grasshopper” pendant lequel le groupe tout entier deviendra comme fou. Le rappel prolongera cet état d’esprit avec le traditionnel “Flavor” aux stroboscopes aveuglants, à la distorsion téléphonique et au final aussi net qu’inattendu.
Les Intergalactic Lovers se préparent à partir en tournée européenne mais ont accepté l’invitation de l’AB pour souffler avec elle ses 35 bougies. La sortie de leur deuxième album, “Little Heavy Burdens”, les a propulsés sur le devant de la scène belge aux côtés d’un groupe au potentiel réel comme Balthazar. Leur concert du 14 février dernier ici même avait d’ailleurs affiché complet (on avait une excuse, on était à celui de Jamie T au Bota).
Entamé en force avec “Northern Rd.”, leur set allait directement prendre une vitesse de croisière devant des spectateurs enthousiastes qui attendaient visiblement le groupe alostois avec impatience. Ceux-ci ne vont avoir d’yeux que pour Lara Chedraoui, petit bout de femme expressive à la bonne humeur communicative mais à la poigne de fer. On n’aurait pas voulu être à la place de l’ingénieur du son lorsqu’après plusieurs signes de mécontentement par rapport aux retours sur scène, elle est allée lui dire sa façon de penser.
Heureusement, ce sont ses pas de danse et son sourire que l’on retiendra, tout autant que sa voix d’ange. Elle apparaît en tout cas dans son élément sur une scène et sa manière de communiquer avec le public ne fait qu’accentuer son capital sympathie. Ceci dit, ne perdons pas de vue que la section rythmique participe grandement à la cohésion d’un son pop juste ce qu’il faut. La présence de deux guitares électriques sur certains titres (dont un nouveau présenté en primeur ce soir sous la lette “F” sur la set-list) rend l’ensemble plus nerveux sans dénaturer les compositions. Que du contraire…
Parmi les meilleurs moments, retenons “Great Evader” (le dernier single en date), un “Islands” de circonstance (petit clin d’œil aux paroles : “You’ll never be king if you haven’t crawled” et “I’ll never be queen if I can’t crawl”) ainsi qu’un “Bruises” à la construction captivante. Le set principal se terminera au son d’un “Obstinate Heart” à la basse omniprésente.
Deux rappels distincts seront prévus, dépassant allègrement le couvre-feu habituel de 22h30 à l’AB. Il est vrai que les circonstances étaient particulières ce soir. L’impeccable “Shewolf” dans un premier temps, au terme duquel les souverains prendront congé de l’assemblée sous une ovation digne des plus grandes stars. Le groupe reviendra encore pour un excellent “The Fall”, sans aucun doute un des sommets de leur dernière plaque. Une bien belle manière de ponctuer une soirée vraiment pas comme les autres.