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Black Mountain et les dix ans de ”Black Mountain” au Bota

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Si les fans de foot avaient les yeux rivés sur Cardiff, ceux de rock alternatif se sont rendus en nombre au Botanique ce vendredi 12 juin. Il est vrai que les Canadiens de Black Mountain ne sont pas des visiteurs réguliers des salles de concerts européennes…

Après un petit détour par le Musée à l’occasion du vernissage de l’expo photo des étudiants de la Cambre, direction l’Orangerie pour la première partie assurée par VHS From Space, un quatuor bruxellois à l’accoutrement déjanté. Ils exhibent ainsi une coloration capillaire identique et sont couverts de peinture fluo (jusqu’au bout des ongles pour certains), à l’instar de Punish Yourself. Ceci dit, musicalement, on se trouve dans une mouvance nettement moins industrielle que ces derniers.

Ils voguent en effet plutôt dans un registre psyché intersidéral aux riffs de guitares tantôt grunge tantôt metal, même si des incursions dans le post rock ou une sorte d’électro sans synthé viennent brouiller les pistes. Et encore, on ne vous parle pas des mélodies médiévales ou des effets spatiaux disséminés ça et là. Essentiellement instrumentales, leurs compositions sont exécutées de main de maître par des musiciens aguerris mais sont ternies par les (heureusement) rares interventions chantées qui finissent par faire retomber l’intensité. Après les cassettes audio, assisterons-nous bientôt à un revival des cassettes vidéo ?

Les membres de Black Mountain ne sont pas d’une redoutable productivité ces derniers temps. Si l’on excepte la BO du film “Year Zero” qu’ils ont composée en 2012, leur dernier album (“Wilderness Heart”) date d’il y a cinq ans déjà. À leur décharge, trois d’entre eux font également vivre leurs projets parallèles (Pink Mountaintops pour Stephen McBean et Lightning Dust pour Amber Webber et Josh Wells). Ce soir, ils célèbrent le dixième anniversaire de la sortie de leur première plaque éponyme, rééditée récemment dans une version Deluxe rehaussée d’inédits.

C’est donc sans grande surprise qu’ils entameront leur set avec les deux premières plages de “Black Mountain”. Et de quelle manière… “Modern Music” donnera d’emblée une idée de la direction musclée de la soirée alors que “Don’t Run Our Hearts Around”, parfait condensé de Pink Floyd et Deep Purple étalera leurs influences vintage (un synthé Moog se trouve en bonne place sur scène alors que le look chevelu qu’ils arborent à l’exception du batteur renvoie aux groupes dinosaures des seventies).

Bien en place, les natifs de Vancouver emmenés par Amber (imaginez la voix d’une PJ Harvey symphonique avec le physique de Kim Deal) et Stephen (un guitariste hors pair) vont en effet nous donner une leçon de Classic Rock dont ils ont le secret (“Set Us Free”, “Druganaut”). Mais pas seulement. Le surprenant et intense “No Hits”, autant inspiré par Kraftwerk que par Cerrone, va renvoyer au tout aussi atypique “Sea Within A Sea” de The Horrors, par exemple. Mais s’il fallait citer un groupe qu’ils ont solidement influencé, c’est plutôt vers Band Of Skulls qu’il faut se tourner.

Bien que leur premier album soit à l’honneur ce soir, les titres les plus convaincants seront extraits d’“In The Future”, leur classique deuxième plaque. Prenez par exemple les breaks planants assortis des voix complémentaires de Stephen et d’Amber sur les excellents “Tyrants” et “Wucan” ou l’entêtant “Queens Will Play”, divinement porté par la seconde nommée. Quant au tribal “Stormy High”, il clôturera le set principal d’une époustouflante manière.

Entamé avec un “Mothers” tout en crescendo sur lequel le leader étalera toute sa dextérité, les rappels allaient se clôturer au son de “No Satisfaction”, leur hit en guise de clin d’œil aux Rolling Stones, avec toujours la même efficacité. Après un set pareil et au vu du résultat du match de foot, c’est au Bota que la soirée a été la plus réussie. D’autant que ces Canadiens n’ont pas peur de se mêler à leurs fans lors de l’after…

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