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Festival d’Art de Huy, Cumali Bulduk Trio

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En ce dimanche 23 août et dernier jour du festival, il me restait une dernière chance de passer du temps dans cette si chaleureuse église Saint-Mengold, avec ce trio formé autour de Cumali Bulduk porteur des traditions turques. Loin d’être un inconnu dans le milieu des musiques du Monde avec déjà derrière lui de nombreux projets et participations à diverses formations, il nous revient aujourd’hui sous la forme d’un trio avec pour compagnon de route Manuel Hermia (flûtes turcs et clarinette) et Stephan Pougin (percussions turcs), qui a déjà joué avec Aurélie Dorzée lors de ce même festival. Preuve s’il en est qu’il existe bien des échanges et des liens qui se tissent entre tous les musiciens présents lors de cet évènement ! Dans l’église Saint-Melgold, la scène se présente cette fois sur un seul plan avec le percussionniste sur notre droite, le flûtiste sur notre gauche et Cumali en partie centrale. Etant largement à l’avance sur l’horaire, j’ aperçois attablé à une table le concepteur du projet accompagné de Manuel, peaufinant les derniers détails et la set-list de ce soir. Me permettant de me présenter, j’apprends que le groupe devait avoir un quatrième larron (un contrebassiste), qui a dû s’absenter pour raison de santé. Ceci étant, il fallait remodeler les chansons pour trois musiciens, tout en sachant que la sortie de l’album fût reportée. L’artiste principal m’explique aussi qu’il est turc né en Belgique, ce qui sous-entend qu’il intègre à la musique traditionnelle turc, des relents de musique indienne, mongole, classique et même rock et belge ! De ce fait, le trio est censé nous offrir un jeu assez ouvert et fort mélodique, “une soupe” au bon sens du terme née de nombreuses rencontres humaines et musicales (on a dit cela à la conférence de presse, et oui).

Finalement trois sur scène, le groupe joue donc ici des compositions qui n’ont jamais été jouées en concert, l’album étant toujours en chantier. Sans partitions, nos artistes s’engagent tels des funambules avec une flûte chatoyante, des percussions orientales, le luth à 7 cordes et le chant en turc bien sûr. La musique chatoyante également qui transpire sur des accents indiens ou indous, nous emballe grâce aussi à des relents arabisants et grecques surtout vis à vis du luth. Passant d’une chanson dédiée à une région proche de l’Azerbaïdjan à une ballade en l’honneur de la fille du flûtiste, les tempos sont habilement rythmés par les tambours turcs que Stephan frappe à la main ou au doigt.

Un solo de percussions vient confirmer la dextérité du musicien, dextérité propre à chaque membre du trio, à l’image d’un magnifique passage de Cumali dans une chanson hommage à un important poète du 15e siècle. Fin du premier set avec l’entrée en matière de la clarinette, qui offre au public un côté plus rythmé et plus jazzy. Notons au passage que la set-list fait la part belle aux chansons d’amour, comme celle qui nous raconte le fait qu’au 20e siècle en Turquie, les filles étaient destinées au mariage dès l’âge de 15-16 ans ! Souvent avec un vieux bonhomme !

L’entracte me permettant de féliciter Manuel pour son travail, je constate que Cumbali se sent mieux suite à cette première partie, jouée quasi sans filet. Pour la suite, la clarinette est toujours de mise quant au luth, il prend parfois des accents rock qui pourrait surprendre. Entre deux chansons, le maître de cérémonie nous rappelle les tristes évènements liés aux manifestations de 2014 en Turquie, moment où il nous explique aussi que sa musique y a été censurée !

On continue notre voyage avec une chanson sur les Dardanelles (bataille des Dardanelles ou bataille de Gallipoli se déroulant d’avril 1915 à janvier 1916) où l’Empire Ottoman défendit cette région contre l’invasion des Anglais et des Français, une chanson sur “le rêve de dromadaire” écrite par Manuel Hermia, de la musique irlandaise où Stephan y va de son jeux de cuillères sur ces genoux et pour finir, place à une chanson mongole qui clôture ce beau concert. Pas de rappel mais on peut le comprendre, car préparer un set au pied levé est loin d’être évident !

A travers de nombreux soli et exercices techniques de percussions, de luth, de flûte ou de clarinette, le Cumali Bulduk Trio nous a fait voyager à travers l’Orient et le Monde Arabe, sur des chansons souvent mélodiques et interprétées avec beaucoup de finesse. Au-delà de toutes ces considérations musicales, ce fût aussi pour moi une belle rencontre avec des musiciens, qui ont conservé leur humilité et cette passion pour ce qu’ils composent. Une belle rencontre humaine…

Lien à compulser :

Cumali Bulduk Trio Site officiel

Comme toujours pour les photos, et il y en a beaucoup !

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