Soak en “full band” à la Rotonde
Elle avait été l’une des révélations des dernières Nuits, il était donc logique que le Bota invite de nouveau Soak à se produire dans l’une de ses salles. C’est dans une Rotonde généreusement garnie que la Nord-Irlandaise a présenté son premier album ce mercredi 30 septembre. Invités de (presque) dernière minute, les locaux de Marty & The Magic Minds ont ainsi eu le privilège d’ouvrir les festivités. Est-ce pour cette raison que le quatuor a officié ce soir en trio, laissant la présence féminine du groupe sur le banc ? La question restera posée… En revanche, les voix douces et complémentaires des trois jeunes gens bien propres sur eux ont balisé leurs compositions feutrées méticuleusement construites qui nous ont par moments fait penser à Major Deluxe.
Celles-ci prennent parfois une direction exotique et jazzy dictée par une basse groovante (même si elle a annihilé le premier morceau suite à des faux contacts) et une batterie réduite à sa plus simple expression. Tellement simple que le batteur se passe volontiers de baguettes et tapote sur la caisse en bois sur laquelle il est assis. Tout cela est parfaitement joué mais il manque un petit quelque chose pour maintenir l’attention du public tout le set durant.
La jeune (18 ans) Bridie Monds-Watson, mieux connue sous son nom de scène Soak, avait enchanté le Musée en mai dernier lors des Nuits du Bota, simplement avec sa voix et sa guitare. “Before We Forgot How To Dream”, son premier album, est sorti quelques jours plus tard et a atteint le top 40 britannique. Cependant, ce soir, deux musiciens vont l’accompagner durant la majeure partie de son set.
C’est pourtant toute seule qu’elle montera sur scène pour les deux premiers titres en version acoustique dans la pénombre. On distingue une frange qui recouvre partiellement son visage androgyne alors que ses bras tatoués accentuent son look de garçon manqué que l’on imagine gagner des concours de bras de fer dans les pubs de Belfast. Derrière elle, les quatre lettres de son nom illuminent la scène, cadenassées dans une boîte en plexiglas.
Paradoxalement, sa douce voix va totalement à l’encontre de la description ci-dessus. Sur “Shuvels”, le titre d’intro, elle lorgne du côté de Selah Sue et est parfaitement mise en valeur alors qu’une nouvelle composition sans titre de travail nous emmène dans un trip soft envoûtant.
C’est alors qu’un batteur et un bassiste (qui cumulera également les fonctions de claviériste et de guitariste) vont se joindre à elle pour la suite du concert. Malheureusement, le pourtant excellent “Blud” va se voir massacré par la mise au point d’une balance hasardeuse. Le volume des instruments couvrait en effet la voix de l’artiste avec un résultat plus que mitigé au final.
La suite allait s’avérer d’un meilleur acabit, même si l’on va rapidement se rendre compte de l’absence de complémentarité entre les musiciens sur scène. On a ainsi l’impression qu’ils sont au début de leur collaboration mais qu’une fois la présente tournée terminée, ils continueront leur petit bonhomme de chemin chacun de leur côté. Cela ne va toutefois pas les empêcher de faire du bon boulot sur un “B A NoBody” confiné et prenant ou sur un “Wait” qui nous donnera quelques frissons.
Sa voix sucrée et enfantine va encore faire des ravages sur des titres comme “Reckless Behaviour” et “Sea Creatures” dans un environnement plus poppy. Mais s’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait “Oh Brother”, l’atypique final d’une dizaine de minutes, composé en vagues planantes et nerveuses avec un guitariste qui va se lâcher complètement sur son instrument pour en sortir des effets de distorsion du plus bel effet.
Après cette tornade, le calme reviendra pour un ultime morceau en solo lors du rappel via sa traditionnelle cover du “I Can’t Make You Love Me” de Bonnie Rait qui ne sera pas loin de sublimer l’originale. Finalement, seule à la guitare est peut-être la configuration qui lui convient le mieux pour le moment. Avant peut-être de trouver des collaborateurs réellement impliqués…