ArticlesConcerts

No Compromise Metal Fest 3 : quintessence underground

0 Shares


C’est trop tard maintenant ! Cela fait des mois que je tente de vous convaincre d’y aller. Et voilà : la date fatidique du 3 octobre est passée et vous l’avez manqué ! Dommage. Enfin, je veux dire, dommage pour vous ! Car celles et ceux qui ont pris la peine de se déplacer jusqu’à La Louvière samedi dernier afin de participer à cette fantastique troisième édition du No Compromise Metal Fest sont loin de regretter leur escapade hennuyère. Jugez plutôt : ‘Belgium, you guys killed it!!! Literally one of the best gigs we’ve played !’ (Toledo Steel) ; ‘Killer weekend at No Compromise Metal fest… We will return next year, as fans !’ (Terminus) ; ‘We had a fantastic stay and hope to return in the future !’ (Trial) ; ‘We had a hell of a weekend !’ (Evoked) ; ‘No Compromise Metal Fest was a Blast’ (Electric Shock) ; ‘No Compromise Metal Fest Kicks Ass !’ (Hellsword) ; ‘The friendliest festival on earth!’ (Laurent, boss du Label Emanes Metal Records), ‘The BEST underground event of the year !’ (Marco, promoteur de la salle de concert Little Devil à Tilburg, Pays-Bas), etc. Impossible de trouver autre chose, sur les réseaux sociaux, qu’un éloge, un compliment ou un remerciement pour David VD et Christine Masse, les organisateurs de ce festival pas comme les autres !

Note préliminaire : pour diverses raisons (que je ne détaillerai pas ici), le No Compromise Metal Fest est le festival que je préfère. Afin de savourer pleinement de son ambiance particulière, je laisse généralement tomber l’encombrante casquette de chroniqueur MiB et je me contente de profiter égoïstement du plaisir d’écouter la musique que j’aime en compagnie d’amateurs de Metal véritable. Je ne prend la plume (virtuelle) aujourd’hui qu’à la demande expresse de mon collègue Olivier Wouters, qui, trop occupé par les affaires courantes pour pouvoir alimenter votre webzine de sa délectable prose, m’a chargé d’une vulgaire mission de remplissage. Plutôt que de vous imposer un nouveau ‘News en Vrac’, j’ai préféré vous raconter ce qui fut, pour moi, une véritable une journée de bonheur métallique. Comme je n’avais pas prévu d’écrire, je n’ai pas pris de notes et le texte qui va suivre ne sera basé que sur les quelques souvenirs que laisse encore filtrer ma mémoire défaillante de cinquantenaire imbibé. J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. Je n’ai pas de photos des premiers groupes de la journée. Les quelques photos qui illustrent la seconde moitié de l’article (qui commence avec la prestation de Terminus) m’ont été généreusement fournies par mon ami Rudy Metalwer.

11h00. Après avoir posé délicatement le disque bleu réglementaire sur la plage avant de mon humble véhicule (NDR : les autorités Louviéroises ne plaisantent pas avec le stationnement intempestif), je me laisse guider par le flot de décibels qui, déjà, s’échappe de la Taverne du Théâtre. Un soleil radieux illumine la place communale où quelques badauds indigènes se mêlent à une horde bigarrée de t-shirts noirs, de vestes à patches et de toisons hirsutes. Après avoir salué quelques camarades, je m’engouffre dans l’antre de la bête où les brutaux d’Evoked bastonnent les lèves-tôt à grands coup de Death Metal Old School. La salle, qui n’est encore qu’à moitié replie en ce début de journée, soutient le gang teuton comme s’il jouait tête d’affiche.

Le délai de 20 minutes qui sépare les prestations (NDR : qui sera respecté tout au long de la journée, bravo à l’organisation !) me laisse un peu de temps pour aller tailler le bout de gras avec Laurent du label Emanes Metal Records. Le fourbe en profite pour me glisser sournoisement ses dernières sorties (NDR : attendez vous donc à lire, d’ici peu, mon avis éclairé (ou pas?) sur les nouveaux opus de The Bottle Doom Lazy Band et Omission).

Blackowl a quitté ses chères montagnes du Sud-est de la France afin de nous balancer sa tornade Thrash/Black Old School à la face. Un déluge de riffs et de voix haineuses, qu’il rehausse de superbes solos de guitares mélodiques. Le trio prodigue une demi heure de sensations fortes aux amateurs du style. À revoir !

Pendant ce temps, La Louvière continue à vivre sans se soucier de nos pratiques occultes. La météo est clémente et toute la ville se ballade. Notre sombre intrusion génère quelques situations cocasses : quelques personnes âgées, par exemple, ont aperçu les étales du ‘Metal Market’ et les stands de merchandising et s’approchent en pensant que c’est jour de marché. Leurs regards d’incompréhension face à l’imagerie démoniaque qu’offrent les jolis CDs et T-shirts de notre étrange corporation musicale : cela n’a vraiment pas de prix ! L’impressionnante série de mariages en grandes pompes qui se déroulent dans l’Hôtel de Ville (NDR: l’usine à bonheur éphémère est plantée à quelques mètres à peine de la Taverne du Théâtre) nous offre également le plaisir quasi-surnaturel de voir des jolies demoiselles, en robes longues colorées et coiffée de chapeaux fleuris, se mêler à notre sombre horde de suppôts de Satan. Surnaturelle aussi, cette dame africaine, qui s’arrêtant au beau milieu de la place, se met à hurler de plaisir : ‘Oui, oui continue’, ‘non, ne t’arrête pas’, ‘vas-y’, ‘vas-y’ avant de se remettre en route comme si de rien n’était. Nous ne sommes manifestement pas les seuls ‘possédés’ de La Louvière !

Mais revenons en plutôt à notre festival et plus précisément à Blizzen. Toujours ‘Old School’ mais beaucoup moins sombres que leurs prédécesseurs, les allemands nous envoient un Heavy Metal traditonnel de qualité. Bien que joyeuse et entrainante, leur prestation ne me laissera pas le souvenir le plus inoubliable de la journée. Excellent groupe cependant.

Retenu à l’extérieur par une bière aguicheuse et un délicieux hamburger, je rate une bonne partie du set des Speed Metalurgistes slovènes d’Hellsword. Dommage. Le peu que j’en ai vu semblait vraiment digne d’intérêt.

Par chance, je ne manque pas une seule seconde de la prestation tourbillonnante des Electric Shock. Le gang grenoblois est un peu l’OVNI du jour puisqu’il est le seul groupe de l’affiche à pratiquer le Hard Rock pur et dur. Outre ses nombreuses qualités, le quintette possède deux atouts majeurs : un double mètre vocal – que David nous présente avec humour comme ‘le géant vert’ – et dont l’organe (plutôt haut perché lui aussi) en impressionne plus d’un et UNE six-cordiste survoltée qui emprunte une bonne dose de son jeu de guitare et de son énergie au cadet de frères Young. Soumise à ces ‘chocs électriques’, la taverne ne met pas longtemps à s’enflammer ; sans doute l’un des tout premiers moments forts de la journée !

Les Lillois de Skelethal remplacent Nocturnal Witch au pied levé. Constitué par d’ancien membres d’Infinite Translation, le groupe propose aujourd’hui un Death Metal Old School du plus bel effet (NDR : même si, à titre personnel j’avoue préférer le Thrash Métal de leur ancienne formation).

La majorité du public semble adhérer à la brutalité morbide du gang nordiste et la salle ne désemplit pas (NDR : même si je suis persuadé que certains ne sont restés que pour admirer le ‘jeu’ de la jolie guitariste).


Terminus est, pour moi, l’une des grosses révélations de la journée. Car s’il n’est pas des plus visuels, le show des Irlandais (du Nord) est musicalement admirable. Ces superbes harmonies de guitares jumelles ! Cette voix chaude et envoutante ! Ces compositions captivantes ! L’émotion métallique à l’état pur pour un show que l’on aurait voulu beaucoup plus long !


Nous renonçons donc à regret à la finesse irlandaise pour plonger la tête la première dans un bain de brutalité teutonne. Obsessör est dans la place.

Le gang Black/Death/Thrash délivre ce qui, dans mon souvenir brumeux, est le show le plus furieux de la journée. Difficile de faire plus haineux que la face maquillée du hurleur Nekroschwanz. La musique brutale, primaire et dévastatrice génère quelques sérieux mouvements de foule. Un set prenant de bout en bout !

Dans un genre diamétralement opposé, Toledo Steel est également une excellente surprise. Le quintette Heavy Metal britannique n’a pas son pareil pour composer des titres immédiats et accrocheurs! Dans la taverne, on headbangue et on s’égosille en reprenant en chœur les refrains de titres que l’on ne connaissait pas encore quelques instants plus tôt. Cerise sur le gâteau d’acier, Toledo Steel nous offre une cover du classique “747 (Strangers In The Night)” de Saxon. Épique !

Si la plupart des groupes à l’affiche sont d’excellentes surprises, Trial, lui, est carrément une révélation. Au risque de me brouiller avec les nombreux fans de Portrait présents au No Compromise Metal Fest, j’affirmerai haut et fort que Trial a donné LE show ultime de la journée. Une prestation originale, puissante, envoutante et hypnotique qui figurera sans conteste dans mon top 5 des concerts de l’année. La musique des suédois n’est pas facile à cerner. Indiscutablement Heavy Metal (NDR : on pense parfois à Iron Maiden, Judas Priest ou Mercyful Fate elle fait de nombreux emprunts au Doom et au Black Metal et est entrecoupée de longs passages atmosphériques. Le look particulier, la prestance hallucinée et la voix envoutante du frontman Linus Johansson constituent, à mon humble avis, l’un des atouts majeur de cette étonnante formation. Dès la fin du show, un arrêt au stand merchandising s’impose ! Il serait inimaginable de rentrer chez moi sans avoir en ma possession l’album “Vessel” (NDR : sorti chez High Roller Records en janvier 2015). Magique !


Difficile, après ce moment de plénitude intense, de rentrer dans le show écrasant des cultsissimes Warhammer. La réincarnation teutonne des apocalyptiques Hellhammer a beau tout dévaster sur son passage, je ne parviens pas à m’intéresser à son set. Après avoir encaissé un bon quart d’heure de ce Black/Thrash brutal et primitif (NDR : dans le bon sens du terme) je me résigne à écouter les plaintes douloureuse de mon estomac qui, depuis une bonne heure déjà, me réclame à corps et à cris sa ration de frites sauce samouraï.
Ragaillardis après l’ingurgitation des succulents tubercules épicés, je suis à nouveau d’attaque pour affronter la dernière ligne droite.

Ce soir à La Louvière, Portrait est attendu comme le messie. Les t-shirts à l’effigie du groupe suédois sont légion et une foule compacte se masse devant la scène bien avant l’arrivée des héros. Que bonheur de voir le sourire béat de David VD. Il faut dire que l’organisateur du No Compromise est en train de vivre son rêve : accueillir son groupe préféré sur les planches de son Fest. Le show des suédois dépasse toutes nos espérances. Le groupe distille un Heavy Metal sombre, envoutant et technique qui n’est pas sans rappeler le meilleur d’un certain Mercyful Fate. Per Lengstedt est un showman d’exception. Sympathique lorsqu’il s’adresse au public, il semble complètement possédé dès qu’il s’empare du micro pour chanter. Sa voix magique, combinée aux guitares virtuoses de Christian Lindell et David Olofsson nous transporte dans un autre monde ; un monde où le temps passe vite, trop vite. Tellement vite que le set semble se terminer peu de temps après avoir commencé. Le bref rappel qui nous est jeté en pâture nous semble bien insuffisant.

Avant de clore le chapitre trois du No Compromise Metal Fest, il me reste à saluer l’organisation sans failles, l’affiche riche en découvertes, les amis retrouvés, l’ambiance chaleureuse et les prix démocratiques : moins de deux euros pour la bière et les softs et trois euros et demi à peine pour les bières spéciales (NDR : ce qui, rappelons le, est encore moins cher que ce que demande le Graspop pour 25 cl de pisse en gobelet). Vivement l’année prochaine !

Photos © 2015 Rudy Metalwer

Laisser un commentaire

Music In Belgium