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Leaves’ Eyes, les vikings à la reconquête de l’Europe

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Quand j’arrive au Biebob en ce vendredi soir, les portes sont déjà ouvertes et la salle n’est qu’à moitié remplie pour accueillir le premier groupe de la soirée musicale qui sera largement placée sous le signe des voix féminines. C’est donc dans des conditions peu optimales que revient à Melted Space la lourde tâche de chauffer le public. Melted Space est un projet créé en 2007 par le pianiste et compositeur Pierre Le Pape (Wormfood, Embryonic Cells). Ses compositions sont influencées par les bandes originales de films, la musique métal et, dans une certaine mesure, l’opéra. Pour chaque album, il fait appel à de nombreux artistes, connus ou moins connus, dont les talents conjugués à l’écriture «lepapienne» génèrent des albums hors norme. La dernière pépite en date du groupe s’appelle «The Great Lie» (voir la
critique
de Thirionet parue sur notre site).


Pour son deuxième passage en Belgique, Melted Space était composé sur scène de Pierre Le Pape (claviers), Florent Charlet (voix homme), Canis Loko Lupus (voix homme), Adrian Martinot (guitare), Lucie Blatrier (voix féminine), Clémentine Delauney (voix féminine), Michael Saccoman (batterie) et Brice Guillon (basse). Autant vous dire qu’avec autant de monde sur la scène du Biebob, les artistes étaient un peu à l’étroit. Mais malgré l’exiguïté et le peu de temps imparti, les Français nous proposent un joli éventail de titres extraits du nouvel opus, avec «Return to the land of the forgotten» (instrumental), «Terrible fight», «Titania», «No need to fear», «Hopeless crime», «Para bellum» (extrait du EP «Between») et «Lost souls from the other side».

Une musique sans concession d’ordre commercial, avec des moments très durs de type death/black metal, des moments très mélodiques, voire lyriques, des compositions qui collent à merveille aux histoires de dieux déchus et aux drames qui les font s’entredéchirer. Le groupe est très à l’aise sur scène et magnifiquement servi par les prestations vocales des différents intervenants. Vu la qualité proposée, je me prends à rêver de les voir sur une grande scène, avec un orchestre symphonique en appui (comme sur le cd) et – allons jusqu’au bout du kif – un enregistrement en live pour immortaliser l’événement…


Après cette excellente entrée en matière, c’est au tour du combo ibérique Diabulus In Musica d’entrer en scène, devant une salle qui, si elle n’est pas pleine à craquer, a quand même su attirer un public nombreux. Les Pampelunois ne sont que 4 sur scène. Apparemment, le guitariste Alexey Kolygin a été retenu par des «soucis bureaucratiques». Pas grave, le bassiste Odei Ochoa délaissera sa basse le temps de cette tournée pour assurer l’intérim à la guitare. Sont aussi présents sur scène: David Carrica (batterie), Gorka Elso (claviers et voix) et Zuberoa Aznárez (voix). Enfin, dire que la formation est réduite à 4 n’est pas entièrement exact. À en juger par la mine resplendissante de Zuberoa et son petit ventre arrondi, il serait plus juste d’écrire que le groupe se composait de 4 artistes et demi puisque la belle attend un heureux événement! En voilà un en tout cas qui aura fait de la scène avant même d’être né !

Le métal symphonique (aux accents gothiques) de la formation espagnole fait merveille sur la scène du Biebob. Le groupe assure toujours la promotion de son album «Argia», sorti le 14 avril 2014. Il revisite l’ensemble de son répertoire pour la plus grande joie des fans présents. Au menu du jour (classement par album): «Requiem-Libera Me», «Inner Force», «Eternal Breeze», «Maitagarri», «Spoilt Vampire» et «Horizons» (extraits d’«Argia», 2014), «Hidden Reality», «Ex Nihilo» et «Sceneries of Hope» (extraits de «The Wanderer», 2012) et «Lies in Your Eyes» (extrait de «Secrets», 2010).

L’essentiel de la matière provient donc de l’excellent dernier opus en date du groupe qui livre ici une prestation solide et convaincante. Le synthé hyperactif de Gorka apporte un réel plus à l’interprétation très classique (parfois presque lyrique) de Zuberoa. Les plus observateurs auront remarqué le clin d’œil de Gorka à ses copains belges de Skeptical Minds dont il portait le T-shirt sur scène. Bilan: une prestation sans faille des Basques qui continuent à monter en puissance. Il y a fort à parier que le congé de maternité sera également l’occasion pour le groupe de s’atteler à l’écriture de leur prochain opus. Une affaire à suivre donc !

Quand j’ai reçu «King of Kings», le nouvel album de Leaves’ Eyes, en préécoute, j’ai été très impressionné par la progression du groupe qui nous avait habitué à des albums sympathiques, mais jamais exceptionnels. Ici en revanche, le groupe a trouvé ce petit je ne sais quoi qui rend cet album cultissime dès sa sortie. Centré sur la vie du roi viking Harald Hårfagre (850-932), plus connu en français sous le nom de Harald Ier de Norvège, surnommé Belle Chevelure, cet album mélange un métal gothique vitaminé à des rythmes et mélodies traditionnels norvégiens. Il bénéficie aussi de la participation de Simone Simons (Epica) et de Lindy-Fay Hella (Wardruna).


Leaves’ Eyes a toujours été un groupe de scène. Depuis sa dernière prestation au MFVF, il a pris l’habitude de s’entourer d’éléments de décor en rapport direct avec le thème du dernier album sorti. Rien d’étonnant donc à voir débarquer sur scène deux guerriers vikings qui prennent place de part et d’autre de la scène, comme pour monter la garde. C’est alors qu’entrent en scène Pete Streit (guitare), Joris Nijenhuis (batterie), Gijs Coolen (basse), Thorsten Bauer (guitar), Alexander Krull (voix et death growls) et Liv Kristine (voix). Et nous voilà partis pour une soirée métal de style «beauty and the beast».

Les chœurs très présents sur l’album (et en concert sur bande) ajoutent une dimension supplémentaire à la musique très mélodique du combo germano-norvégien. Le son ainsi obtenu se rapproche de celui de groupes comme Epica et Xandria . La setlist fait largement honneur au nouvel opus avec des titres comme «Sweven», «Halvdan the Black», «Sacred Vow», «Edge of Steel», «The Waking Eye», «Swords in Rock», «King of Kings» et «Blazing Waters». Dès les premières notes, le public suit comme un seul homme. Les riffs de guitare parfois un peu plus durs et les growls d’Alex sont compensés par la douceur de la voix de Liv. Si l’on ajoute l’ingrédient des chœurs et quelques jolis solos de guitare, on arrive à un plat équilibré qui régale manifestement les spectateurs présents. L’ambiance redouble quand Liv fait un détour par quelques-uns des grands succès du groupe comme le récent Symphony of the Night ou des classiques plus anciens comme «Melusine», «My Destiny» et «Elegy» pendant lesquels les fans les plus acharnés du premier rang balancent la tête au point qu’elle risque presque de se dévisser… Parmi les autres morceaux anciens de la soirée, notons «Farewell Proud Men» (de «Vinland Saga», 2005), «Into Your Light» (de «Lovelorn», 2004), «Galswintha» et «Hell to the Heavens» (de «Symphonies of The Night», 2013) et «Mot Fjerne Land» (d’«Elegy», 2005).

La mécanique est parfaitement huilée. Alexander et Liv forment un couple musical parfait. Les titres métal aux sonorités norvégiennes sont un vrai régal. Par cette prestation, le groupe confirme qu’il est encore en pleine progression et qu’il est prêt à suivre l’exemple de ses illustres ancêtres en partant à la conquête du monde. Reste à espérer que le nouvel album bénéficie d’une diffusion suffisamment large pour permettre d’élargir encore le public de ce groupe qui a clairement l’ambition d’offrir des visuels qui nécessitent une scène plus grande que celle du Biebob. La soirée aura été riche en belles voix, en morceaux de bravoure à la guitare, en riffs mémorables et en ambiances vikings, Alexander n’hésitant pas à revenir sur scène coiffé d’un casque de guerrier et muni d’une grande épée qu’il fait tournoyer dans les airs au rythme de la musique.

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