Albert Hammond Jr rouvre le Bota
Après une bonne semaine de disette suite à la menace terroriste “sérieuse et imminente” qui planait sur la capitale, le Botanique ouvrait de nouveau ses portes ce lundi 30 novembre. En tout cas, avec des militaires, des policiers et des vigiles dispersés dans les couloirs du complexe, l’endroit était placé sous haute surveillance. Une situation peu commune pour la venue d’Albert Hammond Jr à l’Orangerie. Historiquement parlant, le guitariste des Strokes a été le premier membre du groupe New Yorkais à se lancer dans une carrière solo parallèle en sortant “Yours To Keep”, un album chaleureusement accueilli par la critique en 2006. Mais à l’instar de ses camarades, ses visites sur le vieux continent sont excessivement rares. On l’a notamment vu en première partie de… Coldplay au Sportpaleis d’Anvers en 2008. Il a publié pendant l’été “Momentary Masters”, un excellent troisième album qu’il va généreusement présenter ce soir.
C’est toutefois avec “Strange Tidings” et “Rude Customer”, deux extraits de son EP “AHJ” (sorti à l’époque sur Cult Records, le label de son collègue Julian Casablancas) que la soirée prendra son envol. Tout de blanc vêtu, il arbore une coiffure ébouriffée, depuis toujours son signe de reconnaissance, en plus d’une cool attitude à toute épreuve.
Sa voix légèrement rauque et crasseuse porte des compositions interprétées toutes guitares en avant. Il y a la sienne, bien entendu, mais il laisse étonnement beaucoup d’espace à ses deux camarades à six cordes. Ceux-ci ne vont d’ailleurs pas se gêner pour montrer ce dont ils sont capables, y compris pousser la chansonnette sur le très Tom Petty hit “101”). Un bassiste et un batteur particulièrement en verve complètent le line-up.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les extraits de “Momentary Masters”, déjà efficaces sur disque, prennent une dimension supérieure sur scène. Pop juste ce qu’il faut (les catchy “Power Hungry” et “Razors Edge”) tout en conservant une rugosité essentielle (“Caught By The Shadow” que ne renieraient pas les Arctic Monkeys) et une intensité prenante (“Losing Touch” aux breaks succulents et à la basse omniprésente).
Bien entendu, il peut difficilement dissimuler son appartenance aux Strokes (“Everyone Gets A Star”, “Touché”) mais sa simplicité et son sourire le démarquent aisément de Julian Casablancas. Ceci dit, des titres comme “Carnal Cruise” et “GfC” n’ont absolument rien à envier à son groupe d’origine. Malgré quelques longueurs (“In Transit”, “St Justice”), il assurera une prestation ne comportant que peu de temps morts. D’autant que “Born Slippy (un hit en puissance) et “Side Boob” au décoiffant déballage vont souffler l’Orangerie en guise de final du set principal.
Il reviendra sur scène pour un rappel entamé avec un “Drunched In Crumbs” enlevé avant de calmer ses ardeurs via l’intro acoustique de “Blue Skies” qu’enrichiront ses musiciens au grand complet. Le tout se terminera par un “Holiday” à la construction nerveuse juste ce qu’il faut. Un final parfait pour une prestation nettement plus accrocheuse (et deux fois plus longue) que celle que les Strokes avaient donné à l’AB lors de leur seule visite belge en février 2002.