Saybia fait son come back à l’Orangerie
Parmi les retours les plus inattendus de l’année figure sans aucun doute celui des Danois de Saybia qui avaient complètement disparu de la circulation après leur décevant troisième album. Huit ans plus tard, les voici de retour avec de nouvelles intentions qu’ils sont venus défendre à l’Orangerie du Botanique ce jeudi 17 décembre. On avait découvert le groupe emmené par le chanteur Søren Huss un soir de mai 2002 à la Rotonde en première partie de The Electric Soft Parade et on était instantanément tombés sous le charme. Il faut dire que le premier album, “The Second You Sleep”, est une petite merveille du genre alors que son successeur sorti deux ans plus tard, “These Are The Days”, ajoutait une couche de guitares à des compositions émotionnellement chargées.
La suite, on la connaît. “Eyes On The Highway” déçoit quelque peu, le groupe fait un break et revient de nulle part cette année avec “No Sound From The Outside”, une nouvelle plaque qui, après quelques écoutes, devient tout bonnement essentielle. Ceci dit, il régnait un silence sinistre lors de notre entrée dans la salle quelques minutes avant 20h. Et ce n’est pas la longue intro ténébreuse (sept minutes tout de même) dans l’obscurité en attendant l’arrivée des musiciens qui allait réchauffer l’atmosphère. Mais l’excellent “Down”, le titre d’intro et premier nouveau morceau de la soirée exécuté dans la foulée, allait instantanément nous rasséréner.
Si la voix magique de Søren Huss reste reconnaissable entre mille, il en est autrement de son physique. Désormais barbu, portant des lunettes et présentant un léger embonpoint, on le classerait volontiers entre John Grant et Guy Garvey. Mais en fermant les yeux, on continue à se laisser emporter tout au long de titres comme les toujours aussi rêveurs et écorchés “In Spite Of” et “The Second You Sleep”.
Le poids des années s’est également fait sentir sur le batteur Palle Sørensen qui arbore une barbe grisonnante et le remuant claviériste Jess Jensen dont la calvitie prononcée se cache sous un couvre-chef. Seul le bassiste Jeppe Knudsen adopte toujours un look rock ‘n’ roll. Mais il y a surtout le nouveau guitariste, Kasper Rasmussen qui, en plus d’être fit and well, apporte réellement un plus au son du groupe. Il suffit d’écouter le prenant “Miracle In July” ou les riffs dévastateurs lors du final parfait d’une kilométrique version d’“Untitled” (avec laquelle ils clôturaient leur set à l’époque) pour s’en convaincre. Sans compter qu’il s’occupe également parfaitement des chœurs et qu’il maîtrise une douze cordes par-dessus le marché (“I Surrender”).
Ceci dit, musicalement, le groupe est en pleine forme et les nouveaux titres (trop rares à notre goût) joués ce soir ne dépareillent pas à côté des classiques. Ils prennent même une dimension supplémentaire notamment grâce à l’ami Rasmussen (encore !) qui habille littéralement “Black Hole” et surtout “Ominous Mystery”. Mais le meilleur sera en partie interprété au piano lors des rappels via “No Sound From The Outside” dont le pouvoir émotionnel en fera craquer plus d’un.
Curieusement, les extraits du tant décrié “Eyes On The Highway” vont particulièrement bien se comporter ce soir. Qu’il s’agisse du planant “A Way Out”, d’un “A Walk In The Park” à la basse proéminente ou d’un délicat “Angel” en toute fin de set. Celui-ci se terminera sans grande surprise avec le hit single “Brilliant Sky” interprété toutes guitares en avant…
Outre la précitée plage titulaire du nouvel album précédée d’une bien jolie métaphore entre le thème du titre (l’amour, bien entendu…) et la fidélité du public, les rappels se concentreront sur le premier album. Et autant “Fools Corner” que “The Day After Tomorrow” sont aussi essentiels en 2015 qu’à l’époque. Saybia est de retour et il ne s’agit vraisemblablement pas d’un one shot…