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Kula Shaker à l’AB : Hare Crispian

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Véritable OVNI psyché au plus fort de la vague Britpop dans les années 90, Kula Shaker n’a pas disparu de la circulation malgré un split après deux albums parfaits. Les Londoniens se sont reformés entre-temps et jouissent toujours d’une popularité intacte, au vu de la vitesse à laquelle ils ont rempli l’AB Club. Le groupe emmené par l’éternel gourou Crispian Mills venait y présenter ce jeudi 18 février son cinquième album (“K 2.0”), dans des effluves d’encens. Ceci dit, le bonhomme s’offusquait presque de jouer dans la petite salle du complexe alors qu’ils venaient de se produire dans des endroits bien plus vastes les jours précédents dans leur pays natal. L’enthousiasme du public aura tôt fait de compenser cette pseudo déception, même si, une fois n’est pas coutume à l’AB, le concert débutera avec une vingtaine de minutes de retard. Pendant ce temps, des animations colorées défilaient sur le grand écran à l’arrière de la scène, parsemées de photos de personnalités diverses (JFK, Faris Badwan de The Horrors, Kanye West,…).

Curieusement, c’est lorsque le DJ était en train de balancer des titres de plus en plus soul que le groupe a fait son entrée et entamé les débats avec “Sound Of Drums”. Crispian Mills et ses faux airs de Tom Petty n’ont pas changé, pas plus que sa voix. Sous sa veste en jeans, il a enfilé un t-shirt de la tournée actuelle du groupe, emprunté au stand merchandising. À sa gauche se trouve le bassiste Alonza Bevan et son inamovible chapeau alors que derrière lui, le batteur Paul Winterhart va littéralement prendre son pied. Le seul membre non original se trouve derrière les claviers (trois rangées aux sonorités drastiquement différentes), Harry Broadbent, qui a rejoint le groupe il y a dix ans tout de même.

Autant dire qu’il s’agit d’une machine bien huilée qui va tourner à plein régime juste après “Hurry On Sundown”, la reprise de Hawkwind agrémentée d’un harmonica et d’une voix nasillarde à la Bob Dylan. “Grateful When You’re Dead” va en effet bousculer le Club une première fois avec ses riffs de guitare incendiaires tandis que son prolongement naturel (“Jerry Was There”) va voir apparaître sur l’écran des photos de son inspirateur, Jerry Garcia. Un peu plus tard, un époustouflant “303” va succéder à un “Shower Your Love” toujours aussi rassérénant.

Au rayon des nouveaux titres, le sitar préenregistré de l’indianisant “Infinite Sun” va quasi transformer le leader en shaman mais c’est surtout l’excellent “Mountain Lifter” qui va nous démontrer que le groupe semble loin d’avoir épuisé ses ressources. Elaboré autour de riffs saccadés, il prend tout son sens à la vision des impressionnantes projections montagneuses qui l’accompagnent.

On a tendance à l’oublier, mais ils ne se contentent pas uniquement de trifouiller dans la marmite du rock psychédélique sur fond de substances hallucinogènes. Prenez le magnifique “Peter Pan R.I.P” qui est peut-être le meilleur titre que The Verve n’a jamais enregistré ou le tout aussi délicat “Ophelia” (les Beatles ne sont pas loin) que Crispian affirme avoir composé en Wallonie… Et dire que ces deux compositions sont extraites d’un album pratiquement passé inaperçu, “Pilgrims Progress” en 2010.

À partir de ce moment, le set va devenir tout à fait épique et ne laissera plus le moindre temps mort à un public chaud comme un bâtonnet d’encens incandescent. “Mystical Machine Gun” et son final expérimental à la Doors vont introduire le très rock ‘n’ roll sixties presque labellisé Syd Barrett “108 Battles (Of The Mind)”. Le hit “Tattva” adressera un petit clin d’œil à une autre divinité au travers de quelques mesures du “Hallelujah” des Happy Mondays avant que leur explosive version du “Hush” de Joe South ne boucle la cérémonie pour quelques instants.

Le groupe reviendra achever le boulot au travers trois titres incontournables. Les effets wah-wah du rageur “Hey Dude” et la spiritualité de “Govinda” encadreront un “Great Hosannah” de derrière les fagots. Kula Shaker, groupe intemporel ? Assurément…

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