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LNZNDRF, un curieux projet parallèle

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Le Botanique accueillait ce week-end LNZNDRF, un groupe pour le moins particulier. De par son nom impossible à prononcer tout d’abord mais surtout par son line-up d’exception. Et quand on sait que Bruxelles était l’une des trois villes européennes visitées lors de cette tournée, la Rotonde était clairement the place to be ce dimanche 21 février.

La première partie choisie pour introduire la soirée sera toute aussi atypique puisque l’inclassable artiste Marcus Hamblett va étaler sa dextérité durant quarante minutes au travers de sa guitare en y injectant des paquets d’effets au moyen de loops, d’une multitude de pédales mais aussi d’un… walkman vintage (dont il changera la cassette au milieu du set).

S’il s’agit à n’en point douter d’un excellent guitariste à la technicité parfaite (il devrait exceller en tant que prof de guitare), ses compositions expérimentales avant-gardistes, complexes et (avouons-le) un chouia interminables vont laisser les spectateurs perplexes. Ceux-ci vont toutefois respecter un silence religieux pendant la prestation du bonhomme qui joue assis (le public le restera aussi, d’ailleurs) et applaudir poliment à défaut de le faire avec enthousiasme.

Les initiales LNZNDRF (à prononcer LANZENDORF) ne doivent sans doute pas vous dire grand-chose. Pourtant, derrière ce nom brut se cachent des musiciens vénérés au sein de leurs groupes habituels. Jugez plutôt : Bryan Devendorf et son frère Scott, respectivement batteur et bassiste de The National ainsi que Benjamin Lanz, multi-instrumentiste de Beirut et collaborateur régulier de Sufjan Stevens. Leur premier album éponyme, enregistré en moins de trois jours dans une église de Cincinnati, vient tout juste de sortir sur le très respectable label 4AD.

C’est avec “Future You”, l’instrumentale plage d’intro de cet album, qu’ils vont lancer la machine. Sapés de salopettes de mécano déteintes à l’eau de javel, le trio est accompagné sur scène d’un quatrième gaillard dont le rôle sera essentiellement d’injecter des bidouillages à des compositions alambiquées qui n’en manquent pas. Les jeux de lumière discrets et tamisés vont ensuite donner une atmosphère langoureuse à “Kind Things”, même si son traitement extensible va finir par devenir lassant (il s’agira d’une constatation récurrente).

La voix de Benjamin Lanz passe clairement au second plan, à de très rares exceptions près. C’est d’ailleurs lorsqu’ils laissent parler les instruments qu’ils se montrent les plus convaincants. Prenez “Hypno-Skate” aux riffs percutants ou encore le lancinant “Samarra”, le final krautrock du concert pendant lequel la guitare du chanteur va morfler et l’intensité atteindre son paroxysme, avant que les musiciens ne se congratulent en rejoignant les coulisses.

Ceci dit, le meilleur titre sera sans doute “Beneath The Black Sea”, composition franchement rock en crescendo à la Springsteen agrémentée d’une basse ronflante qui renvoie à New Order. Le reste du set laissera le groupe s’inspirer d’un Kraftwerk indie (“Monument”) sur fond de guitares glaciales noyées dans un déluge sonore (“Mt. Storm”) pas nécessairement heureux.

Cette prestation en dents de scie peut s’expliquer en partie par le fait que le groupe ne jouait là que son deuxième concert après celui donné à Londres l’avant-veille. Un peu de pratique devrait leur donner confiance et leur permettre d’équilibrer leur set.

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