Hooverphonic In Wonderland à l’AB
Le mercredi 6 avril dernier, Hooverphonic était de passage à l’AB pour un concert spécial dans le cadre de la tournée «In Wonderland Tour», célébrant à la fois la sortie du neuvième album et le 20e anniversaire du groupe. Le public a répondu présent à l’appel, offrant ainsi aux rois de la pop made in Belgium un concert sold-out. Alors que Bruxelles est toujours en état d’alerte (le métro ne roule que jusque 19h), je m’aventure témérairement dans le piétonnier pour me rendre à l’AB qui accueille ce soir un concert très attendu du groupe Hooverphonic. À mon arrivée sur place, la salle est en train de se remplir lentement mais sûrement. Certains ont peut-être renoncé à faire le déplacement ce soir vu les circonstances liées aux attaques terroristes, mais ils ne sont qu’une petite minorité.
À peine ai-je eu le temps de me rendre compte de l’absence de «photo pit» (ce qui signifie que je vais devoir faire mes photos depuis le public), que voilà déjà le premier groupe de la soirée qui entre en scène.
Madame Monsieur est un groupe pop rock & électro composé d’Emilie Satt et Jean-Karl Lucas. Leur présence scénique est d’une rare sobriété: deux micros, un petit synthé et une guitare sèche. Une voix pure, presque enfantine par moments. Le groupe s’est fait remarquer par le label Polydor qui lui a proposé un contrat. Le talent est là, incontestablement. Sur scène, le duo est une délicate alchimie, parfaite symbiose entre la douceur féminine de Madame aux textes emplis de poésies et de la touche masculine de Monsieur qui vient faire vibrer l’ensemble avec sa pop teintée de riffs urbains. Le groupe présente plusieurs de ses titres dont «Smile» et le morceau «Défends-moi» écrit à la suite des attentats de Paris et très apprécié par le public bruxellois qui se reconnaît manifestement dans les paroles… Les compositions sont très léchées et leur production est particulièrement bien soignée. Un choix logique donc pour assurer la première partie du programme. D’autant plus logique que d’autres liens unissent ce groupe à la tête d’affiche de la soirée. Mais j’y reviendrai un peu plus tard.
Me voilà donc au milieu du public de l’AB en train d’essayer de prendre quelques clichés pour illustrer cet article. La salle est à présent bien remplie. Cela tombe bien car les caméras installées sur scène et aux balcons vont immortaliser cette soirée, sans doute en vue de la sortie d’un DVD. C’est la seconde fois que j’ai l’occasion de voir Hooverphonic jouer en public. Fondé en 1995 par Alex Callier (basse, programmations et production) et Raymond Geerts (guitares), le groupe originaire de Sint-Niklaas confiait traditionnellement les parties vocales à une chanteuse. Pendant 10 ans, ce rôle fut assuré avec succès par Geike Arnaert. À son départ en 2008, c’est l’excellente Noémie Wolfs qui a tenu le micro jusqu’en 2015. Quand celle-ci a jeté l’éponge, le groupe a décidé de ne pas se mettre en quête d’une sixième chanteuse (en vingt ans !), mais de plutôt s’entourer d’un collectif.
Pour l’album «In Wonderland», le groupe a misé sur un casting international composé d’artistes français, belges, néerlandais et anglais: Emilie Satt (Madame Monsieur, Oxmo Puccino, Benjamin Siksou), Christa Jérôme (Marc Moulin, Starflam), Tjeerd Bomhof (aka Dazzled Kid), Janie Price (aka BIRD), Neil Thomas et Felix Howard. Pour le concert de ce soir, le groupe a fait appel au chanteur-guitariste Pieter Peirsman (Slow Pilot) ainsi qu’à Nina Sampermans et Kimberlee D’hondt, la sœur de Sean D’hondt (The Voice Kids et Manoeuvres), qui possède un joli grain de voix. L’on notera aussi l’apparition sur scène de guests supplémentaires comme Emilie Satt (que l’on avait pu voir en première partie et qui interprète le déjà célèbre «Badaboum») et la Bruxelloise Christa Jérôme (l’ex-chanteuse du groupe de Marc Moulin qui s’appelle dorénavant La Jérôme).
Hooverphonic s’est aussi entouré d’un orchestre classique, le Belgium Session Orchestra, qui a donné une dimension supplémentaires aux nombreux tubes du groupe. Tout était donc réuni pour passer une excellente soirée, ce qui fut d’ailleurs le cas à en juger par les réactions d’un public conquis qui se délecte en dansant de tubes comme «Gravity», «Hiding in a Song», «Jackie Cane», «The Night Before», «Mad About You» ou encore «Amalfi». Parmi les autres morceaux interprétés, citons entres autres «In Wonderland», «I Like the Way I Dance», «God’s Gift» , «Happiness», «Anger Never Dies», «Thin Line», «Stranger», «You Love Me to Death».
Bilan de la soirée: un concert réussi s’appuyant sur les nombreux tubes du groupe (ce qui semble accréditer l’hypothèse d’un enregistrement live, un orchestre pour doter les morceaux de la setlist d’accompagnements classiques de grande classe, cinq voix différentes pour le prix d’une, un groove à nul autre pareil, un sens aigu de la musicalité, une ouverture aux nouvelles tendances musicales et un Hooverphonic au meilleur de sa forme. Bref un anniversaire réussi. Pour tous les amateurs: Hooverphonic sera présent au Brussels Summer Festival le 5 août prochain au Mont des Arts.
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Photos © 2016 Hugues Timmermans