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Retour gagnant pour Van Canto

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C’est sur la tournée «Out Of The Dark» (réunissant sur une même affiche Amberian Dawn, Xandria, Serenity, Tristania et Van Canto) que j’ai découvert, déjà en tête d’affiche à l’époque, ce groupe étrange composé de 5 chanteurs et d’un batteur. Quand j’ai appris que Van Canto était en tournée en 2016, j’ai réussi à faire deux dates, histoire de bien mieux faire le point sur l’évolution de ce groupe. Après la soirée du vendredi à Tilburg, c’est donc au Biebob que je vais passer ma soirée de ce samedi 26 mars.

Alors que la salle n’est encore qu’à moitié remplie, le groupe néerlandais End Of The Dream fait son entrée en scène. Originaire de ‘s-Hertogenbosch aux Pays-Bas, ce groupe assez jeune créé en 2013 compte déjà à son actif un premier album intitulé «All I Am» (sorti en avril 2015). Au micro, la très séduisante et talentueuse Micky Huijsmans défend avec conviction les compositions du groupe qui ne sont pas sans rappeler Evanescence et le Within Temptation des débuts. Elle est assistée d’Armen Shamelian (guitare/claviers), de Robin van Ekeren (guitare), de Pieter Driesen (batterie) et de Tim van den Hooven (basse). Alors que le combo néerlandais avait déjà livré une excellente prestation à Tilburg la veille, il me paraît encore plus libéré ce soir au Biebob et joue un set décomplexé qui soulève l’enthousiasme du public présent dans la salle. En tant que premier de cordée pour l’ascension de ce soir, End Of The Dream ne joue que 6 morceaux : «Colder», «Follow The Angels», «Away», «Shadow’s Embrace», «Collide», «All I Am». Le groupe est en pleine maturation et ne cesse de gagner en confiance. Les lumières et le son sont parfaits. La lead guitare est excellente et Micky vit littéralement les textes qu’elle interprète. C’est très fort et très beau à la fois. Vous aurez compris que c’est là une des valeurs montantes à suivre de la scène métal à voix féminine.


Après la traditionnelle courte pause qui nous permet de nous réhydrater, c’est au tour du groupe allemand de death métal symphonique Grailknights de prendre possession de la scène avec son humour décalé et son univers très «heroic fantasy» où se croisent des chevaliers déguisés en super-héros, un méchant sorcier à la tête de mort, le Sacré Graal et une espèce de vache qui accouche d’un tonnelet de bière. Le résultat est un peu désarmant. Vous voyez débouler sur scène cinq musiciens en tenue de chevalier vêtus de costumes un tantinet ridicules et de plastrons exaltant le culte du corps style bodybuilder. Le groupe n’aura d’ailleurs de cesse d’exhorter le public à montrer ses biceps. Au-delà de cet aspect outrancier, Grailknights propose une musique festive qui n’est pas sans rappeler des groupes comme Gloryhammer ou Alestorm. Les joyeux drilles qui composent ce groupe sont Sir Optimus Prime (chant), Count Cranium (basse), Earl Quake (guitare), Sovereign Storm (guitare et backing vocals) et Lord Drumcules (batterie). Leur musique, ils la qualifient de «superherometal». Leur mission: vaincre Dr. Skull et récupérer la coupe du Saint Graal pour mériter la récompense qui est de connaître le plaisir éternel et de se saouler pour le restant de leur vie…


Derrière ce folklore très BD se cache aussi un travail beaucoup plus sérieux puisque le groupe a déjà sorti 4 albums, 2 EP et 1 DVD en 10 ans. Au menu de la setlist: «Dead or Alive», «Morning Dew», «Nameless Grave», «Crimson Shades of Glory», «Rise of the Black Knight», «Superhero Medley», «Grailquest Gladiators». Face à cet univers décalé, le public belge joue le jeu à fond et la soirée se passe dans une ambiance joyeuse et bon enfant. Force est de reconnaître que la première fois qu’on les voit, on est sous le charme, tant la bonne humeur ambiante est communicative. Je crains cependant que le procédé ne puisse se répéter à l’envi sans tomber dans la redondance. Mais ne boudons pas notre plaisir, car après avoir eu droit à un méchant digne du dessin animé «Les Maîtres de l’Univers», nous avons vu arriver sur scène une créature à mi-chemin entre une vache et un cheval qui, pour la plus grande joie de l’assistance, accouche d’un tonnelet de bière qui sera généreusement distribué au public. Derrière la prestation humoristique des chevaliers teutons ce cache un talent certain de la part de musiciens qui livrent une prestation impeccable. Les morceaux sont entraînants et on se laisse facilement emporter par ce joyeux délire métallique.


Après cet épisode un peu loufoque arrive le moment tant attendu de retrouver sur scène le groupe allemand Van Canto que j’avais eu l’occasion de voir à trois ou quatre reprises en 2011. À l’époque, je m’étais émerveillé de la prestation de ce groupe qui a en tout et pour tout un batteur comme seul musicien, tous les autres sons étant produits par des voix humaines, y compris les guitares que l’on entend sans jamais les voir puisqu’il s’agit d’une prestation vocale étonnante des chanteurs “instrumentistes” présents sur scène. Van Canto a donc pour principale particularité d’être un groupe de métal a capella et de proposer une musique que le groupe qualifie de power métal épique a capella. Deux chanteurs assurent la partie chant, tandis que les autres produisent des sons aussi proches que possibles de ceux d’instruments de musique. Le résultat est bluffant.


Si le groupe est actuellement en tournée, c’est pour assurer la promotion de son nouveau CD «Voices of Fire» inspiré du roman «Feuerstimmen» de Christoph Hardebusch. C’est donc tout naturellement que la setlist fait la part belle aux extraits du nouvel opus. Mais comme le groupe fête aussi son 10e anniversaire, il a décidé d’offrir en plus à ses fans un cadeau en reprenant les grands succès qui ont jalonné la carrière du groupe ainsi que quelques morceaux plus rares. Jugez plutôt: «Interlude + Clashings on Armour Plates» (extrait de l’album «Voices Of Fire», 2016), «Dragonwake» (2016), «Time and Time Again» (2016), «All My Life» (2016), «Battleday’s Dawn» (2016), «Firevows (Join the Journey)» (2016), «Wishmaster» (extrait de l’album «Hero», 2008), «Kings of Metal» (2008), «To the Mountains» (extrait de l’album «Dawn Of The Brave», 2014), «Rebellion» (The Clans Are Marching) (extrait de l’album «Tribe Of Force», 2010), «To Sing a Metal Song» (2010), «Speed of Light» (2008), «Black Wings of Hate» (extrait de l’album «Break The Silence», 2011), «The Bard’s Song – In the Forest» (2011), «The Bardcall» (2016), «The Mission / Battery» (extrait de l’album «A Storm To Come», 2006) et «Fear of the Dark» (2008).

Comme vous pouvez le voir, Van Canto fait aussi plusieurs covers en guise d’hommage aux grands noms du métal avec le «Wishmaster» de Nightwish, «Kings of Metal» de Manowar, «Rebellion» de Grave Digger, «The Bard’s Song» de Blind Guardian, «Battery» de Metallica et le cultissime «Fear of the Dark» d’Iron Maiden.


Van Canto est un véritable OVNI musical. Sur scène comme sur disque, le groupe est emmené par ses deux chanteurs, l’excellent Philip Dennis Schunke dit « Sly » et la belle et talentueuse Inga Scharf. Les parties instrumentales sont réalisées par Bastian Emig à la batterie et par Ross Thompson (vocaliste instrumental aigu), Stefan Schmidt (vocaliste instrumental grave et solos «de guitare» vocaux) et Jan Moritz (vocaliste instrumental grave). L’ambiance est très chaude. À plusieurs reprises, les fans enthousiastes scandent le nom d’Inga ou poussent le célèbre cri de ralliement “Rakkatakka Motherf*cker”. Sly communique beaucoup avec le public, preuve de l’excellente relation entre le groupe et ses fans.

Le nouvel album a fait gagner à Van Canto une intensité nouvelle. Alors qu’en 2011, j’avais trouvé que leur concert avait un côté répétitif et un peu longuet, les deux concerts auxquels j’ai assisté cette année ont passé à une vitesse incroyable. Le nouvel album a un côté épique très prenant. Quant aux covers proposés par le groupe, ils sont tellement bien faits qu’on se prendrait à la préférer aux originaux. Sur scène, le groupe fait preuve d’un grand professionnalisme ainsi que d’une grande gentillesse envers son public qui le lui rend bien. Bref, un groupe qui a gagné en maturité et qui signe ici un retour gagnant à tous points de vue!

Photos © 2016 Hugues Timmermans

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