Pendragon 2016, une cuvée mélodique
Comment ne pas se rendre à Verviers, lorsqu’une pierre angulaire du néo-progressif anglais débarque sur nos terres ! Passage bien obligé pour la formation Pendragon, qui vient fêter dignement les 20 ans de son petit prodige “The Masquerade Overture”. Le bon vieux 66 fait à nouveau office de chaudron magique, pour tous les fans de progressif qui se respectent. Mais avant de pouvoir voir et écouter ce cher Nick Barrett, il fallait apprivoiser une première partie auquel votre serviteur ne s’attendait pas ! Démarrant tôt de Liège et arrivant sur les lieux de l’orgie vers 19h30, je m’introduit donc dans un Spirit of 66 déjà bien rempli par les fans. L’ambiance y est déjà électrique, et l’on sent le soufre progressif monter tout doucement jusqu’à l’arrivée sur le coup de 20h15, de deux belles dames accompagnés d’un guitariste ! En voilà une surprise qui me laisse pantois, le temps de réaliser qui est sur scène. En fait Christina Booth accompagnée d’une choriste, s’est installée avec Mark Westwood (Shadowland, Neo…), un vieux comparse de Clive Nolan.
Suivant un petit set d’une heure où la chanteuse de Magenta nous fait rêver au son de sa voix, le public se laisse bercer par ce trio original, offrant une prestation souvent chargée d’émotions. On retiendra d’ailleurs le grand sourire et la spontanéité de Mark, un habitué des lieux puisqu’il accompagne régulièrement les formations progressives anglaises. Concernant les voix féminines, velours et sensibilités sont au rendez-vous.
Très chouette première partie, qui présage du meilleur je l’espère, démarrant finalement sur le coup de 21h30 par l’intro de “The Masquerade Overture” puis l’arrivée de nos lascars de Pendragon. Directement dans le bain la formation aligne les compositions de cet album mythique avec d’abord “As Good As God” ou l’incontournable “Paintbox”. Première constation et si le jeu de guitare de Nick est impeccable et jouissif, la voix montre manifestement quelques petits ratés ! Faisant preuve de sincérité et d’humilité, Nick Barrett nous confie avoir mal à la gugugu…gorge ! Voilà donc une occasion pour démarrer notre leçon de français, que le guitariste apprécie de partager avec le public de Verviers. D’ailleurs comme il s’améliore d’année en année, nous pourrions espérer avoir bientôt un parfait bilingue anglais-français !
Sur ce le set continue avec dans la foulée “Guardian Of My Soul”, “The Shadow”, “Masters Of Illusion” et le bonus “King Of The Castle” sur lequel les deux choristes ont su reproduire la version enchanteresse du “Not Of This World” et son finale lyrique. On termine la première partie par “Schizo”, pour se rendre compte que le nouveau batteur Jan Vincent Velazcos nous a déjà distillé quelques beaux passages hautement techniques. N’oublions pas Peter Gee le réservé et Clive Nolan le magnifique (sa chevelure…), qui assurent eux-aussi.
Ne manquant jamais d’humour et continuant sa leçon de français, Nick nous annonce la fin du concert, puisqu’ils ont joué l’intégrale de l’album point d’orgue de la tournée. Bon il plaisante bien sûr, et on continue avec “Beautiful Soul” (Men Who Climb Mountains, 2014) morceau plus endiablé où la guitare tire quelque peu sur le blues et le rock’n’roll. S’ensuit “Nostradamus” (The Window Of Life, 1993), puis on retourne à du plus récent avec un émotionnel “Come Back Jack” toujours tiré du dernier album studio.
On continue le voyage à travers la discographie du groupe avec “This Green And Plaisant Land” long épique tiré de “Passion” (2011), retour dans le passé avec “Breaking The Spell” datant de 1993 et enfin “Indigo” du fabuleux “Pure” sorti en 2008. Voilà donc le final après 2h15 de show où, Nick a su comme toujours plaisanter, converser (en français) et nous tétaniser par ses guitares. Le public chaud comme une baraque à frites en redemande bien évidemment, et le groupe revient pour un rappel clôturant cette belle soirée.
Comme toujours je passe en revue les troupes, avec tout d’abord un Peter Gee pointu et précis, qui reste toujours humble et souriant. Clive Nolan comme on l’a souvent dit est un des plus grands claviéristes actuelles, et il l’a encore prouvé avec d’ailleurs de somptueux passages au piano. Tout le monde a été impressionné par le jeu du batteur londonien Jan Vincent Velazcos, qui a su produire un jeu précis, véloce et puissant, nous offrant plusieurs soli techniquement haut-dessus de la moyenne (et de loin). S’il na pas su pousser sa voix comme il le souhaitait (mais il a fait le maximum), Nick Barrett nous a offert un jeu guitaristique comme toujours hors du commun. Appuyant pour l’occasion le côté plus mélodique grâce à la set-list, Nick nous a enchanté et fait voyager sur ses cordes de guitare.
Si les précédentes prestations avaient plutôt montré un côté plus heavy et plus tranchant, cette cuvée 2016 a fait la part belle à la mélodie grâce à des compositions faisant parties du panthéon du néo-progressif. Un concert de Pendragon reste un moment inoubliable, qu’il m’est impossible de rater ! Revenez-nous vite, s’il vous plait.