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Nuits du Bota 2016 : Mogwai en mode (dé)mineur

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Quelques jours après la diffusion du film de Bouli Lanners (Les premiers, les derniers) avec une BO jouée en direct, le Cirque Royal s’est replongé dans le même concept ciné-concert ce vendredi 20 mai avec les Ecossais de Mogwai qui venaient mettre en musique “Atomic”, un documentaire ayant pour thème le nucléaire. Un sujet nettement moins léger, certes, mais lorsque l’on connaît le talent du groupe à composer des musiques de film aussi essentielles que leurs albums (Les Revenants, Zidane: A 21st Century Portrait), la visite de ce soir s’avérait impérative, d’autant qu’ils ne vont certainement pas le tourner indéfiniment.


“Atomic” est donc le titre du dernier album en date de Mogwai. Un album surprenant car anormalement calme (dans leur chef), limite relaxant mais au son toujours caractéristique. Il accompagne en tout cas parfaitement le documentaire de Mark Cousins, Atomic: Living In Dread And Promise, qui traite du nucléaire sous tous ses aspects. Un sujet d’actualité en Belgique (Doel, Tihange, les capsules d’iode) comme ailleurs.

S’appuyant exclusivement sur des images d’archives, le réalisateur va donc raconter l’histoire de cette énergie controversée dont l’épisode le plus tragique sera le bombardement d’Hiroshima le 6 août 1945 et de Nagasaki trois jours plus tard. “Ether”, le titre d’intro joué ce soir, va ainsi accompagner la relative insouciance (on était en pleine seconde guerre mondiale, rappelons-le) qui régnait dans les deux villes avant les attaques en question. L’anticipation allait déjà atteindre son paroxysme lorsque Little Boy (le nom de la première bombe atomique) sera larguée par le Boeing B-29 baptisé Enola Gay et des horreurs qui en ont découlé (l’une des déclinaisons de “Fat Man” jouées ce soir, par ailleurs le petit nom du second explosif).


Si l’immense écran à l’arrière de la scène attire toute l’attention, le groupe, désormais réduit à un quatuor depuis le départ du guitariste John Cummings, s’applique à retranscrire les émotions. La particularité est qu’ils jouent tous assis, y compris le leader Stuart Braithwaite dont la calvitie est recouverte par un bonnet rouge à pompon ce soir… Le bassiste Dominic Aitchison, lui, a l’air de s’ennuyer ferme et va jouer la moitié du concert dos au public (face au batteur) en se concentrant sur une slide guitar. À leur droite, le multi-instrumentiste Barry Burns fait équipe avec un musicien de tournée. Aucun ne va piper mot durant la totalité de la prestation.

Une prestation qui va d’ailleurs quelque peu nous laisser sur notre faim. Peu ou pas de conviction et, mis à part le son au volume poussé dans le rouge, on n’a pas retrouvé l’intensité qui caractérise les concerts de Mogwai. Même quand une deuxième guitare entre en action et que l’on s’attend à ce que le set s’envole enfin, l’extase se retrouve coupée nette. Frustrant.


Sur l’écran, les catastrophes défilent (Tchernobyl, Fukushima), la peur s’installe, les manifestations s’organisent et la guerre froide porte admirablement bien son nom. Mais Mark Cousins ne voit pas que les choses en noir. Il laisse une grande place aux progrès réalisés grâce au nucléaire, qu’ils soient médicaux, scientifiques ou technologiques, ainsi qu’à ceux qui les ont initiés (Einstein, Marie Curie, Ernest Rutherford,…). Le tout au son des compositions du groupe, tout à tour menaçantes (“Bitterness Centrifuge”), remplies d’espoir (“Weak Force”) ou de zenitude (“Are You A Dancer?”), même si le summum sera atteint par les excellents “U-235 et “Pripyat”.

Une fois le générique de fin terminé, les musiciens ont quitté la scène et les lumières se sont rallumées. On pensait à un simple entracte avant une seconde partie de set incendiaire. Que nenni, la séance était définitivement levée, une grosse heure dix après avoir débuté. Disons que l’on ne s’attendait pas au minimum syndical de leur part, même si le ticket indiquait bien Mogwai “Atomic”

Photos © 2016 Denoual Coatleven

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