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Whitney au Bota sans bodyguard

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Le Bota clôturait sa saison de concerts ce vendredi 17 juin avec la venue d’un groupe qui risque bien de quitter son statut confidentiel très prochainement. Les Américains de Whitney ont en tout cas toutes les cartes en main pour que ce prénom ne soit plus associé à qui vous pensez…

La Rotonde était déjà généreusement garnie pour le début du set d’Aldour RH, le troubadour chargé d’assurer la première partie. Originaire de Manchester, le bonhomme chevelu, artiste dans l’âme et complètement pris dans son univers, se produit en chaussettes blanches. Sa voix nasillarde et plaintive renvoie à celle du regretté Prince alors que sa physionomie nous fait penser à un jeune Bobby Gillepsie.

Oscillant entre blues et jazz avec une petite touche funky, ses compositions groovantes sont illuminées par ses amis musiciens qui en connaissent un bout sur l’art de manier leur instrument. Chacun aura d’ailleurs droit à sa minute de gloire (mention spéciale au percussionniste particulièrement en verve avec son djembé) avant que le chanteur ne termine son set couché à même le sol. Ou comment se donner corps et âme au nom de sa passion.

Max Kakacek et Julien Ehrlich, les deux têtes pensantes de Whitney, se souviendront longtemps de leur passage du 18 août 2011 en Belgique. Ils étaient en train de jouer avec Smith Westerns au Pukkelpop lorsque le chapiteau s’est effondré suite au passage de la fameuse tempête. Depuis, le groupe s’est séparé, le chanteur Cullen Omori a lancé une carrière solo et les deux compères ont décidé d’unir leurs talents de compositeurs et de les mettre au service d’un nouveau projet baptisé Whitney dont le premier album, “Light Upon The Lake”, a été accueilli par des critiques dithyrambiques.

Le groupe montera sur scène au son d’“Early Blue”, le classique country blues de FJ MacMahon, avant d’entamer sans tarder son set avec “Dave’s Song” et d’instantanément captiver l’auditoire. Les six musiciens (parmi lesquels un trompettiste et un claviériste dont le coffrage en bois de l’instrument semble bricolé) vont en effet s’appliquer à rendre justice aux titres ensoleillés qui jalonnent la plaque. Et de quelle manière…

Est-ce la voix modulable et haut perchée de Julien Ehrlich (un des rares chanteurs batteurs en activité), la richesse orchestrale du groupe ou la délicatesse des compositions ? Toujours est-il qu’il est compliqué de ne pas tomber sous le charme de “No Matter Where We Go” ou de “Golden Days”, vecteurs des éclairs de génie du duo. Les grands espaces américains s’invitent naturellement à la Rotonde mais il serait stupide de limiter les natifs de Chicago au charme désuet d’un style dans lequel ils ont plus que vraisemblablement trempés (cfr les deux covers jouées ce soir : “So Sad” des Everly Brothers et “Tonight I’ll Be Staying Here With You” de Bob Dylan ainsi que leur propre “On My Own”).

À l’instar de Bon Iver, ils trempent dans une folk mélancolique qu’ils agrémentent du petit grain de folie que l’on retrouvait chez Avi Buffalo par exemple. Les cuivres sont ainsi légion et l’osmose lors des parties façon big band que l’on dirait improvisées démontrent que l’on est en présence de talents purs (“Follow”). Dommage qu’ils abandonneront “Light Upon The Lake” après quelques mesures seulement pour se concentrer sur un excellent “The Falls”. Attardons-nous également sur un hommage muet mais appuyé aux victimes de la tuerie d’Orlando lorsque Julien embrassera langoureusement son bassiste à la fin d’un titre…

Sans surprise, c’est avec “No Woman”, leur hit single en crescendo qu’ils clôtureront leur set, non sans avoir improvisé le final de manière effrénée. Ces petits gars ont trouvé leur équilibre, c’est une évidence et la voie vers le succès semble toute tracée. Prochaine étape, l’AB Club le 30 octobre prochain.

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