Live report HELLFEST 2016 Clisson (France) Jour 1 – Vendredi 17 juin 2016
Tel le ‘Petit Vingtième’, qui, jadis, avait envoyé le courageux Tintin dans la tourmente communiste du Pays des Soviets, nous n’avons pas hésité à dépêcher Alain Boucly, notre grand reporter à nous, dans l’antre satanique de Clisson et de son terrifiant Hellfest. C’est en plein cœur des vignes du Muscadet que se déroule le pèlerinage Métallique le plus incontournable de France, et, pourquoi pas, d’Europe. Cette onzième édition du Hellfest s’annonce déjà comme l’un des évènements majeurs de 2016 puisqu’elle a une nouvelle fois battu tous les records. Sold -out depuis de nombreux mois, ce sont 160 000 fans de Hard Rock et de Heavy Metal qui fouleront les terres clissonnaises sur l’ensemble des 3 jours que dure le festival. Du jamais vu !
Dès l’entrée sur le site, la découverte des nouveaux aménagements en met plein la vue. A commencer par la Warzone, qui était l’un des points noirs de l’an dernier et qui est totalement métamorphosée. Le décor sur plusieurs niveaux est de toute beauté. Au centre, une immense statue rendant hommage à Lemmy domine le site. Celle-ci à d’ailleurs été inaugurée par le guitariste de Motörhead, Phil Campbell, lors d’un moment rempli d’émotion.
Une grande importance a été donnée aux détails, comme pour les nouveaux stands de nourriture, (toujours de qualité) ou pour le décor retravaillé autour de l’Extrem Market.
Mais il est temps de laisser la musique s’exprimer, avec un programme aussi chargé que diversifié pour cette première journée.
Direction l’Altar pour prendre une première dose de décibels avec les français de Witches, emmenés par Sybille au chant et à la guitare. Le quatuor officie dans un registre death metal qui achève de réveiller le public présent à cette heure matinale. Les titres s’enchainent sans temps mort dans ce show mené tambour battant par une Sybille qui communique aisément et remercie les fans de leur présence avant de poursuivre avec l’efficace “No Matter if the Wind” (tiré du dernier EP “The Hunt”). Des applaudissements nourris lors du final sont la preuve que Witches s’est donné à fond pendant ces 30 minutes très intenses qui resteront gravées dans les mémoires.
Delain aura l’honneur et le privilège d’inaugurer la Mainstage 1, avec son metal symphonique flamboyant. À l’immense backdrop qui occupe toute la largeur de la scène, s’ajoutent, de chaque côté, deux panneaux affichant le nom du groupe. Le parterre est encore clairsemé, car une foule de plus en plus importante se retrouve bloquée lors du filtrage à l’entrée de la cathédrale. Mais cela n’empêche pas Charlotte Wessels de démontrer ses capacités vocales, tout en arborant un sourire communicatif. La nouvelle guitariste Merel Bechtold fait étalage d’une belle maitrise technique de la sept-cordes, et démontre qu’elle est maintenant parfaitement intégrée. Même si quelques soucis de micro ont perturbé le début du set, Delain délivre aujourd’hui une prestation nettement plus aboutie qu’en 2010. Le show se termine par le classique “Pristine” extrait de l’album “Lucidity” sorti il y a déjà 10 ans.
Audrey Horne est désormais habitué aux Mainstages du Hellfest. Le groupe Norvégien s’y produit pour la troisième fois ! Mais de plus en plus tôt, au grand désarroi du chanteur Toschie qui déclare: “plus nous jouons ici et plus nous sommes placés de bonne heure sur l’affiche” !
Il n’en reste pas moins que c’est un réel bonheur de voir l’énergie déployée dans l’interprétation de “Pretty Little Sunshine” ou lors d’“Out Of The City”, marqué par l’influence indéniable de Thin Lizzy. Les guitaristes IceDale et Thomas Tofthagen enchainent les poses de guitar-heroes des années 80, complètement en phase avec leur musique et les riffs assassins qui sortent de leurs Gibson. L’énergie est de mise, tout comme la participation d’un public qui répond présent aux sollicitations du frontman lors du refrain de “Waiting for THe Night”, en conclusion d’un bon moment de Hard n’ Roll.
C’est sur cette même scène que Nashville Pussy envoie les titres les plus percutants de son répertoire. Un seul mot d’ordre pour le groupe mixte américain : ne pas faire dans la dentelle et se donner à 100% à chaque seconde ! Et c’est réussi ! Blaine, Ruyter, Bonnie et Rob balancent le best of de leurs 5 albums à la face du public, avec les tueries que sont “I’m So High” ou encore “Go To Hell” pour finir par un “Heart Attack” durant lequel Blaine remplit son chapeau de bière avant de se désaltérer. Ruyter, fidèle à ses habitudes, arrache les cordes de sa “Les Paul”, sous les ovations d’une audience qui surprend un peu par son calme olympien devant une telle débauche d’énergie.
Voilà une formation qui sort des sentiers battus avec pas moins de 18 artistes, venus de tous les horizons de la planète métal française. On y retrouve les membres de Lofofora, Tagada Jones, Parabellum, Punish Yourself, Black Bomb A, Aqme, rassemblés au sein du Bal des Enragés. La troupe nous régale avec des hymnes rock et métal sans se prendre au sérieux ! Entre un “Smells Like Teen Spirit” de Nirvana et un “Ace Of Spaces” de Motörhead, les gaillards mettent le feu dans une fosse devenue très compacte. C’est de la folie sur scène comme dans la foule, ou les slams se succèdent au rythme des reprises imparables. Quelque soit la formation présente, la folie est toujours aussi intense et les musiciens partagent avec succès leur bonne humeur communicative.
Pour sa première apparition au Hellfest, Halestorm rassemble la grande foule devant la Mainstage 1. Emmenés par Lzzy Hale au chant et à la guitare, le groupe américain jouit d’une belle notoriété suite à ses nombreuses tournées européennes. La frontwoman centralise l’attention, grâce à son timbre de voix bien en place, même si par elle donne l’impression de forcer pour gagner en puissance (notamment sur “Love Bites” en début de set). Le titre ciblé hard rock “I Miss The Mistery” aura le don de faire réagir le public lors du refrain, comme pendant le final succédant à un solo de guitare bien senti. Mais pourquoi inclure un solo de batterie dans une prestation aussi courte? Inévitablement, l’ambiance retombe, et malgré les efforts de Lzzy pour communiquer, le show a bien du mal à redécoller. Malgré des compositions réellement abouties et travaillées, Halestorm peine pour convaincre un public plus large, et ce, même si les fans ont répondu présents.
L’audace est de mise sous la Valley avec les Sud Coréens de Jambinai. Composé d’un mix d’instruments traditionnels avec le triptyque guitare, basse, batterie, les fluctuations harmoniques oscillent entre le calme et la violence d’un déluge expérimental.
Le groupe asiatique va enchanter une audience très réceptive à ce mélange de rythmiques métal et de sonorités traditionnelles du piri et de cordes cristallines du kayageum. Les atmosphères ainsi crées sont envoutantes, et prennent une dimension surréaliste lors de la clôture du set avec le superbe “Connection”. C’est aussi la force du Hellfest, de pouvoir proposer un groupe aussi fascinant que Jambinai, en décalage total par rapport aux “standards” du métal, mais qui nous donne l’occasion de faire une bien belle découverte !
Il est temps de revenir sur scène principale 2 pour prendre une bonne dose de hard punk rock n’ roll avec Turbonegro. D’entrée de jeu, c’est le hit “The Age Of Pamparius” qui donne le ton, pour une succession de titres à l’efficacité maximale. Ce morceau d’ouverture a d’ailleurs été joué à nombreuses reprises par Nashville Pussy. Ces derniers sont présents sur le côté de la scène afin de ne pas rater une miette du spectacle proposé par les norvégiens. Les musiciens ont sorti leurs tenues les plus délirantes : le short en jeans et les grandes chaussettes pour Tony Sylvester et les bretelles rouges vif du guitariste, sans oublier le maquillage outrancier : il faut oser. Le look est aussi à la fête du côté du public, avec les ‘Turbojugend’, ces membres du fan club de Turbonegro, reconnaissables à leurs uniformes de matelots. Les musiciens ne tiennent pas en place, envoyant les brûlots tels que “Get It On” ou encore “I Got Erection” à la face d’un public complice de toutes les excentricités lors d’un final mémorable.
Volbeat monte en puissance au fil des années. Le groupe dispose de tous les ingrédients permettant de rassembler un public très large autour de son metal rock de très haut niveau. Les danois sont en grande forme et envoient d’entrée de jeu “The Devil’s Bleeding”, extrait du nouvel album. La bande à Michael Poulsen fait preuve d’assurance et aligne sans répit des pépites telles que “Goodbye Forever” ou le sur-vitaminé “Seal The Deal” qui prend toute sa dimension en live. Servis par un énorme son, excellent de bout en bout, Volbeat fait mieux que confirmer qu’il a tout d’un futur grand groupe , s’il ne l’est pas déjà.
Magma au Hellfest, il fallait oser ! Le pari est dores et déjà gagné au vu de l’affluence dyu public, venu en nombre remplir la Valley afin d’accueillir ce groupe de légende, davantage reconnu à l’international qu’en France.
Christian Vander batteur et fondateur du projet Magma en 1969, est également le créateur du langage kobaien, mis en valeur par le talent vocal d’Hervé Haknin. Les magnifiques chœurs de Stella Vander et Isabelle Feuillebois renforcent les mélodies envoutantes, servies par un son parfait. Mais le maitre de cérémonie est bien Christian Vander. Littéralement en transe derrière ses fûts, il coordonne l’ensemble avec maestria. Sa frappe est puissante, d’une précision remarquable, tout comme son exceptionnel jeu de cymbale. L’œuvre “Mëkanïk Dëstruktïw Kömmandöh” en version accélérée est proposée pour terminer un set aussi intense qu’abouti, à l’ambiance musicale unique. La longue et émouvante ovation des 8000 personnes présentes prouve que le pari est gagné !
10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0 !!!! Les gerbes de feu qui accompagnent l’arrivée de Rammstein donnent le ton d’un show annoncé comme ce qu’il se fait de mieux actuellement dans la sphère métal. Le site est littéralement saturé, impossible de circuler pendant la prestation de la tête d’affiche qui rassemble un public record lors de cette première journée.
Effectivement, les allemands ont sorti la grosse artillerie, que ce soit au niveau des lights comme de la pyrotechnie, régalant la foule par un visuel millimétré. La rigueur est également de mise côté musique, à condition d’apprécier la froideur de ces compositions, distillées quasi mécaniquement. Difficile de ressentir, dans ces conditions la moindre émotion, d’autant que le vocaliste Till Lindenmann est avare de communication. L’impression industrielle prend le dessus, la caisse claire à consonance métallique n’y est pas étrangère ! Cependant, l’essentiel reste la satisfaction d’une audience conquise par cette prestation tellement attendue à Clisson.
Le show se termine par les ailes d’un ange de métal en feu. Till se lâche quant même un peu avant de partir : “Merci Hellfest, vous étiez incroyable!”
Ce premier jour a tenu toutes ses promesses, avec de nombreuses découvertes et des groupes au top de leur forme. Même si le soleil a joué à cache cache avec les averses, la beauté du site et l’ambiance exceptionnelle qui y règne donnent envie de remettre ça demain !
Photos © 2016 Alain Boucly