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Dans l’univers mystique de Wovenhand

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Tel un métronome, l’infatigable David Eugene Edwards alias Wovenhand publie un nouvel album tous les deux ans depuis 2002. Il est venu présenter le dernier en date, “Star Treatment”, lors d’une mini tournée belge qui l’a vu s’arrêter à Louvain (Het Depot), Gand (Handelsbeurs) et Charleroi (Eden). Retour sur les étapes louvaniste et carolorégienne.

Il a accueilli dans son cercle fermé Emma Ruth Rundle, une demoiselle au charme certain et à la voix magique, qui a assuré la première partie d’impeccable manière. Seule sur scène avec sa guitare et quelques effets de reverb comme artifice, elle va enchanter l’assemblée de ses compositions certes très americana mais jamais monotones malgré une diction particulière. Il est en effet quasiment impossible de comprendre les paroles.

Ceci dit, sa voix nasillarde et plaintive juste ce qu’il faut, à ranger quelque part entre Belinda Carlisle (The Go-Go’s) et Susanna Hoffs (The Bangles), les emmène dans un univers personnel et imagé qu’il est difficile d’abandonner. On aurait même dû atteindre le nirvana lorsque son roadie violoniste viendra l’accompagner l’espace de deux titres mais le résultat ne sera pas à la hauteur de nos attentes. On préfère finalement lorsqu’elle est l’unique centre d’attention.

Avec “Star Treatment”, le huitième album de Wovenhand, David Eugene Edwards a encore réussi à dérouter ses fans. Sombre, puissant et direct, l’ancien leader de 16 Horsepower puisse largement son inspiration dans la cold wave des années 80. Mais surtout, il est taillé pour la scène comme on le remarquera d’emblée avec “The Hired Hand”, un des meilleurs extraits dudit album en guise d’intro.

Chapeau arborant une plume vissé sur un crâne abondamment chevelu, guitare à la main et posté devant un pied de micro duquel pend un morceau de tissu (différent à Louvain et à Charleroi), il semble déjà à fond dans son personnage. “Hiss”, juste après, va poursuivre dans la même veine, déformant son faciès caractéristique à chaque hurlement rageur.

À sa gauche, l’excellent guitariste et latin lover Chuck French dont la voix va également apporter de la profondeur à certains titres (dont un envoûtant “King O King” lors des rappels). Derrière eux, on retrouve un bassiste hipster, un batteur appliqué et un claviériste pour le moins discret. Quant à la scène, elle est parsemée de gri-gris qui collent parfaitement à l’univers mystique du chanteur : dream catcher sur la grosse caisse de la batterie, drapeau américain sur un ampli, médaillon sur un autre,… Même la musique accompagnant les soundchecks sera méticuleusement sélectionnée.

Comme c’est souvent le cas lors des concerts de Wovenhand, il est indispensable de bien maîtriser le dernier album du groupe car c’est dans celui-ci qu’est puisée l’essentiel de la set-list. Plus de la moitié des titres en seront extraits parmi lesquels on retiendra tout particulièrement “Crystal Palace” (les guitares glaciales), “All Your Waves” (le synthé flippant) et “The Quiver” au final démentiel. Le tout avec une voix grave et une vibe rappelant les débuts de Simple Minds auxquels se grefferaient des guitares à la The Cure. Et que dire de “Five By Five” qui renvoie à du Sisters Of Mercy sous amphétamines. En revanche, les inégaux “Swaying Reed” et “Crook And Flail” feront quelque peu retomber l’intensité.

Et c’est ce que l’on pourrait reprocher à l’ami David. Quand il décide de faire parler sa guitare, il est inarrêtable. Mais lorsqu’il commence à implorer les esprits, il est grand temps de filer au bar chercher une bière. Ceci dit, il ne faut pas trop traîner car des pépites se cachent dans son back catalogue récent (le morceau le plus ancien joué ce soir date de 2012). L’excellent “The Refractory”, le théâtral “Obdurate Obscura” à l’intense break central ou le très sombre “Salome” n’étant que quelques exemples parmi d’autres.

“El-bow” clôturera le set principal sur la bénédiction du leader qui réapparaîtra quelques instants plus tard pour un rappel dont le point d’orgue sera l’époustouflant “Come Brave”, d’ores et déjà à ranger parmi les classiques du groupe. À set-list identique, on ne remarquera que très peu de différences entre les prestations de Louvain et de Charleroi. Un petit brin de folie supplémentaire du côté louvaniste mais un son nettement mieux réglé dans la salle carolo. Ceci dit, pour l’after, avantage Eden !

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