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Wild Beasts au Bota, des bêtes de scène domestiquées ?

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C’est seulement quelques minutes avant le début de la soirée que le Botanique annonce que la première partie de la soirée sera assurée par Douglas Dare à l’Orangerie ce soir. Le jeune anglais de 23 ans basé à Londres prépare déjà la sortie de son deuxième album “Aforger” prévue pour dans quelques jours et s’apprête à entamer une tournée Européenne avec les Wild Beasts. Le jeune homme s’est fait connaître pour avoir fait les premières parties d’Ólafur Arnalds et Nils Frahm avec lesquels il partage le label londonien Erased Tapes. Son premier album, “Whelm”, sorti en 2014 fait d’un mélange d’arrangements électroniques et synthés, le tout organisé autour de la voix du chanteur, d’une profondeur certaine, avait déjà suscité l’intérêt des amoureux de James Blake.

Il ouvre son set sur le titre “Double Think”, également premier titre de sa nouvelle plaque à venir, qui nous fait plonger dans l’atmosphère feutrée tout en retenue et sobriété qui caractérise le chanteur. Il semble littéralement nous guider par sa voix, nous prendre par la main et nous emmener dans son univers musical. Sur scène il est accompagné du percussionniste et producteur Fabian Prynn (Dan Croll) et d’une jeune fille à la console et aux chœurs. Le public presque trop sage, écoutera avec attention les autres titres de son nouvel album : “Oh Father” titre sombre où l’artiste explore sa relation avec son père et “Binary”, dont les arrangements dansants commenceront à animer un public jusqu’alors passif. Le groupe finira avec “Swimm” issu du premier album, un show d’un peu moins de trente minutes.

A vingt-et-une heure, les synthés de “Big Cat”vont résonner pendant près d’une minute quasiment religieusement pour lancer l’entrée sur scène de Wild Beasts, le quatuor anglais habitué du Botanique depuis leurs débuts studio en 2008. Ce soir le groupe est là pour présenter sa cinquième plaque sortie le 5 août dernier toujours sur le label domino (Arctic Monkeys, Hot Chip, Real Estate ou encore Villagers). Album enregistré à Dallas aux côtés du producteur John Congleton (Swans, St. Vincent), album dans lequel le groupe annonce se dévoiler vraiment, sans masques. Pourtant l’album semble diviser : certains regrettent la disparition des guitares au profit des synthés là où d’autres acclament un retour aux mélodies, délaissant un côté lyrique plus présent par le passé.

Le groupe enchaîne avec “We Still Got The Taste Dancin’ On Our Tongues”, titre archi dansant suivi de “Ponytail” où la voix si particulière de Tom Fleming, rappelant Antony Hegarty (Anthony & The Johnsons, Anohni), prendra toute la place, pour le plus grand plaisir d’un public légèrement plus réveillé mais toujours timide. Il faut dire que communication et chaleur ne sont pas le fort du groupe, qui échange bien quelques mots avec le public mais sans réel échange. La prestation n’en est pas moins maitrisée et de qualité, mais pour le côté animal, on repassera.

Le groupe ne boude pourtant pas son plaisir de jouer, le déhanchement d’Hayden Thorpe toujours aussi lancinant est là pour en témoigner. Le travail des lumières permet aussi de garder tout le monde dans l’ambiance de la soirée : on pense notamment aux flashs stroboscopiques sur l’intro de “He The Colossus”, où Hayden attendra patiemment que les boîtes à rythmes lancent le titre, parfait pour faire monter la température de l’Orangerie. Le groupe possède aujourd’hui une expérience certaine de la scène, il sait jouer des effets et on sent le set maitrisé. On regrettera tout de même un léger manque d’engagement, qui nous laissera sur notre faim. Même quand le chanteur descendra dans la foule sur “Celestial Creatures” pendant le rappel, ce sera pour faire quelques pas en avant, quelques secondes avant de remonter sagement.

Finir sagement, un poil dommage pour des bêtes sauvages…

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