Crystal Fighters à l’AB : pop, pop, pop !
Absents des scènes depuis un moment, les Hispanico-Londoniens de Crystal Fighters effectuaient leur grand retour dans une Ancienne Belgique pleine à craquer ce mardi 25 octobre en support d’“Everything Is My Family”, leur troisième album. Pourtant, cet album aurait bien pu ne jamais voir le jour. En cause, une année 2014 qui les ont vus affronter le décès inopiné de leur batteur Andrea Marongiu, un des membres fondateurs du groupe. Abattus mais pas résignés, ils ont décidé de surmonter ce coup du sort en poursuivant l’aventure tout en prenant un virage nettement plus pop, comme le démontrera d’emblée le titre d’intro, “Good Girls” dont le refrain nous fera penser à… hum… David Guetta ou Bob Sinclar.
Cela n’aura toutefois pas l’air de perturber un public jeune et majoritairement néerlandophone qui hurlera les paroles à tue-tête (rappelons qu’“Everything Is My Family” est sorti à peine quatre jours plus tôt) tout en dansant frénétiquement sur “LA Calling” et “Love Natural”, deux extraits de “Cave Rave”, leur album de 2013 sur lequel ils avaient développé un versant mélodieux lorgnant vers du Vampire Weekend radiophonique. Paradoxalement, les titres plus anciens les laisseront, à peu de choses près, de marbre (“I Love London” et “I Do This Everyday” notamment, bourrés de percussions).
Sur scène, feuillages, branchages et fleurs sont légion. Un décor coloré qui se prolongera via la perruque extravagante et la tunique inca du leader Sebastian Pringle ou la toque du guitariste Graham Dickson (hyperactif et torse nu) à sa gauche. À l’arrière et aux claviers, le sosie de Kevin Parker, le chanteur de Tame Impala, alors que deux choristes (dont une nouvelle venue au sein de la formation) complémentent les vocaux.
Si celles-ci sont agréables à regarder, leurs voix criardes vont bien vite devenir le cauchemar de nos tympans, d’autant que la batterie réglée dans le rouge ne fera qu’aggraver les choses, nous contraignant à battre en retraite au terme d’un “Ways I Can’t Tell” particulièrement brouillon et exagérément commercial. Avant cela, le leader aura pris le soin de concocter une séquence émotion pendant laquelle il rendra hommage au batteur disparu et introduira les nouvelles recrues avant de se lancer dans le hit single “Plage” agrémenté de ballons gonflables customisés à l’effigie du groupe.
Outre le son pourri (rare à l’AB), c’est la portée des nouvelles compositions qui vont nous rester le plus en travers de la gorge. Les onomatopées d’“All Night” et l’environnement poppy d’“In Your Arms” ne jouent clairement pas dans la même cour que “Solar System” et “Swallow”, perles électro pop non jouées ce soir.
Même les rappels ne vont pas nous réconcilier avec eux. Les pourtant excellents “You & I” et “Xtatic Truth” seront eux aussi gâchés par une balance désastreuse. Voici quelques semaines, lors de l’after party du Sziget Festival à Budapest, ils avaient fait excellente figure entre Slaves et Foals. Mais ce soir, force est de constater qu’il manquait un truc. À moins que ce ne soit leur évolution artistique qui ne concorde plus avec nos attentes…