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The Slow but powerful Show

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PAYNE est le projet de la pianiste Bruxelloise touche-à-tout Joanna Lorho, associée au violoncelliste Corentin Dellicour. Passée par le conservatoire en piano, l’artiste est également illustratrice et s’est fait connaître pour un court métrage d’animation évoquant la rupture entre civilisation et nature. Le duo devrait sortir un EP au printemps 2017 sur le label bruxellois Matamore, renforcé de Stéphane Daubersy (guitare, batterie et trompette). Il est 20h, le piano et la voix de Joanna s’élève et notre attention est happée. Les doigts de Corentin glissent sur le violoncelle, le font grincer. L’effet est apaisant, le son qui en sort rappelle la pluie qui nous accompagne non-stop depuis des jours à Bruxelles (“Mountains”). Le concert gagne en intensité avec les morceaux qui s’enchaînent : les gens marchent sur la pointe des pieds, les éternuements sont étouffés dans les manches. L’utilisation des loops de voix et violoncelle donne de la densité au duo, qui semble occuper l’espace sans pourtant bouger (merci également à l’acoustique de la Rotonde).

La voix de Joanna ne tremble pas, puissante et complexe, elle rappelle Daughter ou les bons côtés de Florence & The Machine, elle parvient à captiver l’attention du public docile et s’en étonnera elle-même, lançant un timide “vous êtes très sages” aux spectateurs d’une salle déjà bien remplie.

Le set de ce soir est le troisième concert de la courte tournée européenne des mancuniens de The Slow Show et un véritable grand écart dans les performances (la Rotonde et ses 300 places faisant suite à Utrecht et ses 2000 spectateurs). Leur second album “Dream Darling” est sorti le 30 septembre dernier toujours chez Haldern Pop Recordings (Loney Dear, William Fitzsimmons), s’inscrivant dans la continuité de leur très bon premier opus, toujours construit autour de la voix du chanteur.

C’est avec calme et lenteur (et sans chaussures pour Rob Goodwin) que le groupe monte sur la scène de la rotonde ce soir, et prend place. L’ouverture du concert se fait sur le magnifique “Strangers Now”, et on reçoit de plein fouet la puissance de la voix de Rob. Tant de résonnance, de chaleur et de profondeur dans son timbre donne l’impression qu’elle vient d’ailleurs. C’est à peine croyable qu’un si petit corps puisse dégager tant de force. Et quand la batterie le rejoint, c’est toute la salle qui s’élève avec elle. On se sent planer, appelés, on les suivrait n’importe où.

Le groupe joue tout en retenue et humilité, laissant le public s’exprimer (et parfois danser), goutant le plaisir de l’instant. Le chanteur s’accroupissant entre les chansons, laissant la part belle à ses musiciens, mis en valeur par les lumières de la salle.

Quand s’élève les voix chorales de “Dresden”, l’ambiance dans la salle est quasi religieuse. L’utilisation des trompettes rappelant des live de Baden Baden, donnant une intensité aérienne aux compositions du groupe. Les titres s’enchaînent : “Brawling Tonight”, “Hopeless Town”… et nous sentons bien que nous vivons un instant spécial. Les applaudissements se faisant chaque fois plus forts, chaque fois plus longs, les cris s’échappant de la foule qui ne peut faire autrement qu’exprimer le plaisir qu’elle a à vivre ce beau moment de musique. Le plaisir est d’ailleurs partagé, les sourires s’étirant sur les visages du groupe, qui ira jusqu’à faire une pause pour nous faire chanter “This is the last time, the last time I’ll call” et encore sur “Only God Knows”, dernier morceau du set.

Le concert se termine sur un salut général du groupe, le regard des musiciens transmettant toute leur gratitude, promettant de revenir, vite. Nous l’espérons.

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