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Crystal Castles version 2.0

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Depuis le départ unilatéral d’Alice Glass et la guerre par communiqués interposés qui a suivi, on ne donnait plus cher de la peau de Crystal Castles. C’était sans compter sur la détermination d’Ethan Kath qui se produisait en compagnie d’une nouvelle vocaliste sur la scène de l’Ancienne Belgique ce samedi 17 décembre afin d’y défendre “Amnesty (I)”, un quatrième album plus que jamais assimilé à un nouveau départ. Un nouveau départ né par le plus grand des hasards lors d’un concert de Negative Approach dans un club de Los Angeles au beau milieu d’un pogo, lorsqu’une jeune punk rebelle et fluette originaire de l’Iowa répondant au nom d’Edith Frances a involontairement percuté la tête pensante du groupe Canadien. Dans la foulée, celui-ci lui a proposé de poser sa voix sur quelques démos. Le tour était joué et la remplaçante d’Alice Glass toute trouvée, apportant une sensibilité vocale toute relative à un environnement electro flirtant autant avec le punk qu’avec les ténèbres.

Malgré une quinzaine de minutes de retard sur l’horaire, il ne faudra pas plus de quelques secondes pour faire passer le bolide canadien de 0 à 120 bpm / décibels / flashes stroboscopiques (pas de mentions inutiles à biffer) via “Concrete”, un assourdissant premier extrait d’“Amnesty (I)”. La nouvelle chanteuse, cheveux teints en rose et rouge à lèvres dark proéminent, saute dans tous les sens et ne gardera sa veste en cuir que l’espace d’un titre, avant de se renverser le contenu d’une bouteille d’eau sur le crâne. Elle en consommera d’ailleurs des litres tout au long du set, davantage pour asperger les premiers rangs que pour se déshydrater.

“Baptism”, dans la foulée, sera le premier titre à déchaîner les passions alors que le côté mélodieux de “Suffocation” amènera un semblant de répit malgré une voix trafiquée. À droite de la scène, Ethan Kath s’active derrière ses claviers. Vêtu de son inamovible hoodie, il joue le rôle du bad boy des beats, déclenchés du bout de ses mitaines. Il ne tient pas en place non plus, emporté par les rythmes tribaux qu’il balance en direction d’une foule en délire qui ne demande qu’à se déhancher et sauter à l’unisson. À l’arrière de la scène, un batteur s’active sur son kit mais, mis à part un solo sur “Intimate”, on se demande bien la plus-value qu’il apporte au duo.

Ceux qui ont vu Crystal Castles lors de leurs précédentes tournées (notamment au Bota en 2010) vont immanquablement comparer Edith à Alice. Une tâche inutile vu la fougue et le brin de folie qui les anime toutes les deux. La seconde nommée passait peut-être davantage de temps dans le public mais, dans le même temps, la vocaliste actuelle utilise abondamment les flight cases comme des plateformes pour s’exhiber (c’est ainsi que l’on remarquera ses grosses bottines et sa combinaison trouée).

Quoi qu’il en soit, cette dernière donne une nouvelle vision aux hits du groupe (“Kerosene”, “Crimewave”) même si on pourrait lui reprocher d’exagérément hurler par moments dans le micro (“Fleece”, “Enth”) à l’instar de sa prédécesseure. N’ont-ils jamais songé à inverser la tendance en vue de laisser davantage de place à la voix tout en diminuant le volume sonore pour le moins agressif ou en atténuant les éclairs stroboscopiques à deux doigts de nous filer une crise d’épilepsie ? Car, parmi les nouveaux titres, “Char” et certaines parties de “Frail” laissent entrevoir des possibilités délicates (à la sauce Crystal Castles s’entend) inexplorées à notre sens. On ne leur demande pas nécessairement de ralentir le tempo mais peut-être de l’équilibrer. Encore que, “Celestica”, en guise de final du set principal, sera tout juste parfait.

Entamés avec “Femen”, les rappels verront la chanteuse revenir sur scène dans un accoutrement se situant quelque part entre une sortie de bain et une djellaba, un énorme bouquet de roses à la main. Mais plutôt que de gentiment les distribuer au public, elle va littéralement les décapiter et en jeter furieusement les restes sur le sol avant de faire de même avec un spot alors que, de son côté, le batteur démolissait son kit au terme de leur hit “Not In Love”. Ils ont beau avoir changé de chanteuse, leur réputation extrême tient toujours la route…

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